Validation et démonstration de modèles prévisionnels de développement de la fusariose de l’épi chez le blé dans les conditions de culture du Québec

Code de projet : PRR11-010

Chef de projet

Salah Zoghlami - Fédération des producteurs de cultures commerciales du Québec

Objectif

Mettre à l’essai et valider la performance des divers modèles prévisionnels du risque de développement de la fusariose de l’épi dans la culture du blé et recommander le meilleur modèle adapté pour le Québec

Sommaire de résultats

La fusariose de l’épi, causée principalement par Fusarium graminearum, est la maladie du blé la plus dévastatrice au Canada. Elle réduit le rendement des cultures et la qualité des grains. Le champignon pathogène cause la contamination des grains par des mycotoxines, dont le désoxynivalénol (DON), les rendant impropres à la consommation humaine et animale. Comme il n’y avait pas de variétés commerciales de blé complètement résistantes à la fusariose de l’épi, la lutte contre la maladie reposait principalement sur l’utilisation de fongicides et la régie culturale, dont la rotation des cultures et l’utilisation de cultivars moins sensibles à la maladie.

Toutefois, les producteurs du Québec, n’ont pas accès à un système fiable pour déterminer le moment opportun pour l’application efficace des fongicides. Ce projet visait à identifier le système le plus précis de prévisions des risques et d’avertissement des interventions contre la fusariose de l’épi sous les conditions du Québec.

Approche

Plusieurs essais expérimentaux et des démonstrations ont été conduits en 2011 et 2012 dans quatre stations de recherche participantes (L’Acadie, Saint-Mathieu-de-Beloeil, Saint-Augustin-de-Desmaures et Normandin) et dans des champs commerciaux de producteurs de blé (31 en 2011 et 15 en 2012) répartis dans les trois zones agroclimatiques du Québec. La répartition géographique des sites a permis de visualiser les différences entre les régions.

La performance de neuf modèles prévisionnels (incluant des variantes de modèles) a été testée avec les données météorologiques des stations expérimentales : DONcast (Canada), Hooker et al. (Canada), De Wolf (A, B & I) (États-Unis), Molineros (États-Unis), Moschini (Argentine), Rossi ‘Infection’ et Rossi ‘Toxines’ (Italie). Les modèles prévisionnels ont été sélectionnés selon leur disponibilité dans la littérature et le climat des différentes régions. Les différents modèles ont été intégrés dans le logiciel CIPRA (Centre Informatique de Prévisions des Ravageurs en Agriculture), développé par Agriculture et Agroalimentaire Canada, pour pouvoir être utilisés efficacement dans les essais.

Deux cultivars de blé de printemps (un tolérant AC Barrie et un modérément sensible Torka) et un cultivar de blé d’automne (Warthog) ont été testés dans ces essais. Une seule application de fongicide Prosaro a été effectuée pour la plupart des sites.

Dans les sites expérimentaux, les interactions entre plusieurs paramètres (météo, date de semis, cultivar, stade phénologique, application de fongicides, et cetera) ont été évaluées pour déterminer leur influence sur l’intensité et l’incidence de la fusariose de l’épi du blé. L’efficacité des programmes de pulvérisation établis à l’aide des systèmes prévisionnels a été comparée avec celles des programmes de pulvérisation conventionnels, quant à la réduction de la maladie, de grains fusariés (FDK), au rendement grainier et au taux de DON dans les grains à la récolte. Dans les champs commerciaux, des essais ont permis de comparer des champs sans traitement fongicide et ceux avec un traitement fongicide.

Le projet est le résultat d’un partenariat entre de nombreux collaborateurs, incluant des spécialistes provinciaux des céréales et des maladies de ces cultures, des chercheurs du Centre de recherche sur les grains inc. (CÉROM), de l’Université Laval, d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, des producteurs de blé, ainsi que des conseillers spécialisés en vulgarisation. Des activités de suivi visant le transfert de la technologie et à faire connaître ces outils aux producteurs de blé ont était organisées au cours du projet.

Résultats

La pression de la fusariose était plus élevée en 2011 (jusqu’à 10,4 % d’épillets fusariés, 20,0 % FDK et 2,51 partie par million (ppm) DON) qu’en 2012 (jusqu’à 6,7 % d’épillets fusariés, 1,8 % FDK et 1,34 ppm DON). Dans la plupart des sites en 2011, une application de fongicide a permis de réduire le pourcentage des épillets fusariés (moins que 46 %), le pourcentage de grains fusariés (moins que 22 %) et la teneur en DON (moins que 49 %) dans les grains, et a entraîné des augmentations de rendement.

Parmi les neuf modèles prévisionnels de développement de la fusariose de l’épi du blé évalués, le modèle De Wolf B a fourni les meilleures prédictions et a été retenu pour une utilisation sous les conditions climatiques québécoises. Ce modèle a démontré un niveau supérieur d’efficacité offrant le meilleur seuil de décision (nombre supérieur ou égal à 90 % de prédictions adéquates). En 2015, le modèle De Wolf B sera évalué en mode opérationnel, à l’aide du logiciel CIPRA, dans plusieurs régions du Québec, par l’équipe des avertisseurs du Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP). Au cours de l’automne 2015, le modèle sera intégré dans le système d’Agrométéo Québec (www.agrometeo.org), afin d’assurer une couverture plus globale de la province du Québec par les avertisseurs du RAP. En utilisant les informations générées par un tel outil, les producteurs de blé pourront déterminer efficacement la nécessité d’une intervention phytosanitaire et la meilleure période pour effectuer celle-ci.

En conclusion, la sévérité de la fusariose de l’épi est variable d’une année à l’autre, et étant donné que le blé est sensible à cette maladie pendant une courte période de son développement, cette étude a démontré l’importance des observations phénologiques au champ. L’utilisation de modèles bioclimatiques permettant de prédire la date d’atteinte de stades phénologiques spécifiques à partir de la date de semis, dans leur état actuel, doit être aussi considérée en plus des visites au champ.

Pour plus amples renseignements sur ce projet contactez Salah Zoghlami.