Démonstration au champ de l'utilisation des biofongicides dans une approche de lutte intégrée contre les maladies liées à Sclerotinia dans les cultures de haricots secs et de canola

Code de projet BPI08-030

Chef de projet

Ty Faechner - Agricultural Research and Extension Council of Alberta

Objectif

Ce projet vise à démontrer, dans un environnement de production commerciale, que des biofongicides récemment homologués peuvent être inclus efficacement dans les systèmes intégrés de lutte antiparasitaire, qu'ils sont économiquement viables et qu'il est possible de les faire connaître des producteurs

Sommaire de résultats

Contexte

Les maladies liées au champignon du sol Sclerotinia sclerotiorum constituent une menace économique pour de nombreuses cultures dans le monde, y compris le canola et les haricots secs. La lutte contre les maladies liées à Sclerotinia chez le canola et les haricots secs (appelée aussi pourriture à sclérotes ou moisissure blanche) dans l’Ouest du Canada se révèle un défi parce que le champignon peut survivre dans le sol pendant de nombreuses années sous la forme de sclérotes dures. Si la maladie n’est pas maîtrisée adéquatement, la population de sclérotes augmente chaque fois qu’une culture hôte sensible à cette maladie est plantée dans un champ. L’application de fongicides foliaires a constitué la principale méthode de lutte contre cette maladie, mais des options de traitement du sol étaient nécessaires pour améliorer la lutte.

Deux nouveaux biopesticides, Contans WG (homologué par le biais du programme de soutien réglementaire en matière de biopesticides de la Réduction des risques liés aux pesticides) et Serenade Max ont été homologués pour utilisation au Canada dans la lutte contre les maladies liées à la moisissure blanche chez plusieurs cultures légumières et grandes cultures, y compris le canola et les haricots secs. Le Contans, à base de spores du champignon Coniothyrium minitans, naturellement présent dans l’environnement, peut attaquer et détruire les sclérotes dans le sol avant qu’elles germent et libèrent des ascospores, qui infectent les végétaux réceptifs. Ce biopesticide peut être utilisé soit en traitement incorporé dans le sol avant le semis d’une culture sensible à S. sclerotiorum ou en traitement des résidus après la récolte d’une culture sensible. Le champignon Conithyrium prend du temps à s’établir dans le sol, après quoi il l’assainira en supprimant l’accumulation de sclérotes au fil du temps. Serenade Max, à base de Bacillus subtilis (souche QST 713), peut être appliqué par pulvérisation pour lutter contre des maladies foliaires. Ces deux produits peuvent faire partie de systèmes de lutte antiparasitaire intégrée (LAI) de concert avec les outils existants, et pourraient être complémentaires de l’effet et/ou minimiser l’emploi de fongicides. Toutefois, les producteurs avaient une connaissance limitée du mode d’action de ces produits et de leur utilisation appropriée dans les systèmes existants de production de cultures.

Le but de ce projet de démonstration au champ de trois ans était d’accroître la sensibilisation aux nouveaux outils biofongiques à risque réduit, de raffiner des approches de lutte intégrée contre la moisissure blanche et d’en promouvoir l’adoption, ainsi que d’aider les producteurs à se familiariser avec l’utilisation de ces nouveaux biofongicides et d’acquérir une expérience pratique de leur emploi. Fruit d’une collaboration entre le Conseil canadien du canola, Pulse Canada et les compagnies de biopesticides concernées, ce projet appuie la mise en œuvre de la Stratégie à risque réduit pour la lutte contre la sclérotiniose.

Approches

Le projet a été mené de 2008 à 2010 dans de multiples fermes de culture commerciale du canola et d’haricots secs situées dans la région irriguée du sud de l’Alberta. Afin d’assurer la compatibilité avec les activités courantes, des parcelles de champs commerciaux ont été traitées avec les biofongicides en plus de ce qu’un producteur ferait normalement pour gérer sa culture. Parce que ce projet a été réalisé dans des conditions commerciales, il y avait peu de zones témoins non traitées.

Un suivi des champs du projet a été effectué pendant trois saisons afin de laisser suffisamment de temps à moyen et à long terme au Coniothyrium minitans, qui aide à réduire l’inoculum de l’organisme nuisible, d’accomplir ses bienfaits. En plus des parcelles de projet à la ferme, des parcelles de démonstration ont aussi été aménagées au site de recherche et développement de l’organisation Farming Smarter, situé près de Lethbridge.

Au total, 28 traitements au Contans ont été effectués à neuf sites au champ et au site de démonstration. Les doses d’application, le moment, les méthodes d’incorporation au sol et les séquences de cultures sensibles et non sensibles ont varié. Les doses d’application mises à l’essai s’élevaient à 2 et/ou 4 kg de Contans par hectare, appliqués à l’automne et/ou au printemps, après ou avant le semis de canola, de haricots secs ou de cultures non sensibles. Le produit a été incorporé dans le sol par labour, précipitation ou irrigation, et a été appliqué seul ou en combinaison avec des applications de divers fongicides foliaires [Lance (boscalide) ou Allegro (fluaziname)]. Serenade Max a été mis à l’essai dans 12 champs chaque année, dont six ont aussi été traités avec Contans. Les traitements comprenaient des applications foliaires de Serenade Max , à une dose de 3 à 5 L/ha et à des moments similaires aux autres applications de fongicide. Serenade Max était soit utilisé seul dans les traitements ou mélangé en cuve avec Lance ou Allegro. Les échantillons des cultures soumises à tous les traitements ont été classés selon l’incidence et la gravité de la maladie, et le rendement a été évalué au moment de la récolte.

Résultats et conclusions

Au cours de la période de trois ans, les producteurs et les spécialistes en vulgarisation ont travaillé en étroite collaboration avec les titulaires d’homologation et les distributeurs de biofongicides pour acquérir de l’expérience pratique de l’utilisation de ces nouveaux produits dans un contexte commercial. Les approches et les résultats du projet ont été communiqués aux producteurs à grande échelle par le biais de visites sur site, de marches d’inspection des cultures et de nombreuses publications dans les médias locaux destinés aux producteurs.

Dans l’ensemble, les taux d’incidence de la maladie les plus élevés (70 à 100 %) parmi tous les sites expérimentaux, à l’exception d’un, ont été observés en 2009. En 2010, le taux d’incidence était inférieur à 50 % à la plupart des sites, seul un site ayant accusé un taux supérieur à 90 %. Des conditions climatiques extrêmes, allant de la sécheresse à une humidité excessive et des inondations, ont posé des défis durant ce projet et, dans quelques cas, ont nui aux applications des traitements et ont un effet sur la pression exercée par la maladie.

Des résultats positifs ont été observés pour les deux traitements au biofongicide à un certain nombre de sites expérimentaux, bien que les résultats n’étaient pas toujours conclusifs, en partie parce que la nature commerciale des sites du projet ne permettait pas toujours d’avoir des sites témoins non traités. Des hausses de rendement ont toutefois été observées à divers degrés dans presque tous les cas où le traitement avec ces biofongicides ont été comparés à un site témoin non traité. Par exemple, dans quelques cas, l’utilisation combinée de Contans (en particulier au taux le plus élevé) et de Lance a permis de bénéficier d’avantages supérieurs en matière de rendement. Des différences plus nettes ont été observées en 2009, lorsque la pression de la maladie a atteint son niveau le plus élevé en raison des conditions climatiques qui ont favorisé son développement.

Les deux biofongicides ont fait face à un véritable test, car la pression de la maladie est habituellement élevée dans le sud de l’Alberta en raison de la pratique de l’irrigation, de la nature endémique du Sclerotinia sclerotiorum et de la rotation intensive des cultures sensibles à cette maladie, mais ils ont donné des résultats satisfaisants malgré ces conditions difficiles.

À l’heure actuelle, le rendement perçu des investissements semble être le plus grand obstacle à l’emploi plus large de ces biofongicides, car les producteurs ne sont pas tous convaincus que la hausse de rendement justifie les coûts additionnels qu’entraîne leur utilisation. Ceci est peut-être en partie confondu avec l’avantage éventuel à long terme de leur emploi, notamment dans le cas de Contans, dont le plein impact peut ne se produire que quelques années après l’application (c'est-à-dire une approche préventive c. curative de protection des cultures). Il peut alors s’avérer difficile d’évaluer ces biofongicides et de les comparer à des produits conventionnels, dont l’efficacité et les gains de rendement sont liés directement à la culture traitée.

En conclusion, ce projet a permis d’accroître nettement la sensibilisation au rôle des biofongicides à risque réduit dans la lutte contre la moisissure blanche chez le canola et les légumineuses, contribuant ainsi à la réduction des risques liés aux pesticides chez ces cultures. De plus, ce projet a servi de catalyseur pour d’autres recherches en vulgarisation afin d’améliorer les systèmes de LAI qui intègrent l’emploi de tels produits, et a rassemblé des titulaires d’homologation, des producteurs et des spécialistes en vulgarisation pour travailler à l’amélioration des techniques et du moment de l’application, ainsi qu’à l’ajout de nouvelles instructions sur les étiquettes.

Pour un complément d’information sur ce projet, veuillez communiquer avec Ken Coles, de Farming Smarter.