Stratégie à risque réduit pour la gestion des insectes nuisibles des petits fruits

Si vous avez des questions, veuillez communiquer avec le :
Centre de la lutte antiparasitaire, Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC)
aafc.pmcinfo-clainfo.aac@agr.gc.ca

Mai 2017

Préface

Des stratégies de réduction des risques liés aux pesticides sont élaborées dans le cadre de la Réduction des risques liés aux pesticide (RRP) du Centre de la lutte antiparasitaire d'Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC). Dans le but de réduire les effets indésirables de l'utilisation de pesticides en agriculture, les responsables de la RRP collaborent avec des groupements de producteurs, l'industrie, les gouvernements provinciaux, des chercheurs, et des organismes de réglementation afin de cerner les lacunes en matière de lutte antiparasitaire, de même que les possibilités d'élaborer et de mettre en oeuvre stratégies pour les combler.

Une stratégie de réduction des risques liés aux pesticides désigne un plan détaillé qui vise à répondre aux besoins des producteurs en matière d’outils et de pratiques de lutte antiparasitaire à risque réduit pour des problèmes associés aux ravageurs précis. L’établissement des stratégies découle de longues consultations avec des intervenants. Le présent document résume le cadre de travail et des activités financées par la RRP. Il vise à faire le point sur les progrès réalisés au titre de l’élaboration et de la mise en œuvre de la stratégie et des nouveaux outils et pratiques offerts par le biais du présent processus.

Pour en savoir davantage à ce sujet, veuillez consulter le Centre de la lutte antiparasitaire.

Remerciements

La Réduction des risques liés aux pesticides signale la contribution d’organismes et de particuliers qui ont participé aux travaux, y compris les membres actuels ou passés du Groupe de travail sur les insectes nuisible des petits fruits :

  • Tracy Hueppelsheuser et Carolyn Teasdale - Ministère de l’agriculture de la Colombie-Britannique
  • Karina Sakalauskas - Conseil du bleuet de la Colombie-Britannique
  • Sheila Fitzpatrick - AAC, Colombie-Britannique (C.-B.) et Debra Moreau - AAC, Nouvelle-Écosse (N.-É.)
  • Blaine Staples - Producteur, Alberta
  • Anthony Mintenko - Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et du Développement Rural du Manitoba
  • Pam Fisher et Hannah Fraser - Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires Rurales de l’Ontario
  • Kevin Schooley - Association des producteurs de petits fruits de l’Ontario
  • Jean-Philippe Legaré, Guy-Anne Landry, Liette Lambert et Stephanie Tellier - Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec
  • Annabelle Firlej - Institut de recherche et développement en agroenvironnement (IRDA)
  • Jennifer Crawford, Vincent Méthot et Yourianne Plante - Association des producteurs de fraises et de framboises du Québec
  • Jennifer Haverstock et Peter Burgess - Perennia
  • Chris Cutler - Dalhousie University, N.-É.
  • Chris Maund - Département de l’Agriculture, de l’Aquaculture et des Pêches du Nouveau-Brunswick
  • Chris Jordan - Département de l’Agriculture et des Pêches de l’Île-du-Prince-Édouard
  • Terry Counter - ARLA, Santé Canada

Sommaire

Bien des espèces d’insectes qui causent de dommage aux plantes peuvent nuire considérablement au rendement et à la qualité des cultures de petits fruits partout au Canada. Des évaluations systématiques ont permis de cibler plusieurs insectes nuisibles préoccupants pour la production de petits fruits parmi ceux étant le plus susceptibles d’être visés par la réduction des risques liés aux pesticides. Le contrôle de ces insectes a reposé principalement sur l’utilisation d’anciens insecticides à large spectre dont certains ont fait l’objet d’un examen réglementaire de l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA). Deux produits ont été retirés du marché en 2016 par suite de cet examen, de sorte que les producteurs ont besoin de solutions de rechange pour lutter contre ces insectes nuisibles pour leurs cultures de petits fruits.

Le présent rapport résume l’aide accordée par le biais de la Réduction des risques liés aux pesticides ayant pour but d’élaborer et mettre en œuvre une stratégie à risque réduit pour la gestion des insectes nuisibles prioritaires des petits fruits. Ces travaux ont débuté à l’hiver 2016 et sont réalisés en collaboration avec des spécialistes des cultures provinciaux, des intervenants de l’industrie et des chercheurs. La stratégie vise trois importantes cultures de petits fruits du Canada, soit la fraise, la framboise et le bleuet en corymbe.

Les consultations des intervenants qui ont eu lieu jusqu’à maintenant ont déterminés les problématiques des insectes nuisibles les plus prioritaire, ont proposé certaines solutions prioritaires, et ont mis sur place un plan d’action pour assurer l’adoption. La sélection des solutions dépend de la mesure dans laquelle celles-ci contribuent à la lutte antiparasitaire viable tout en atténuant les risques associés à l’utilisation des insecticides, y compris le développement de la résistance des insectes à ces produits.

Les solutions recommandées en vue de combler les lacunes identifiées sont les suivantes :

  • Faire le point sur les recherches et gestion de la drosophile à ailes tachetées au Canada;
  • Lutte intégrée contre le charançon de la racine et le complexe de vers blancs dans les petits fruits;
  • Lutte intégrée contre la punaise terne et les thrips dans le fraisier à jour neutre;
  • Lutte intégrée contre le tarsonème du fraisier dans les pépinières et les champs de fraisiers.

Les prochaines mises à jour du présent rapport fourniront plus de détails sur les projets éventuels associés à ces solutions à mesure de leur disponibilité. L’adoption de nouveaux outils de lutte mis au point dans le cadre de la présente stratégie devrait permettre aux producteurs d’améliorer leurs pratiques de lutte antiparasitaire intégrée et favoriser l’utilisation plus judicieuse d’insecticides chimiques.

Problèmes de la lutte antiparasitaire et de réduction des risques liés aux pesticides

La présente stratégie met l’accent sur trois cultures de petits fruits très répandues au Canada, soit la fraise, la framboise et le bleuet en corymbe. Même si le bleuet nain constitue une culture importante, elle n’est pas visée par la présente stratégie parce que les problèmes associés aux ravageurs et les pratiques de production sont très différents des autres petits fruits à l’étude. Au Canada, environ 16 400 hectares (ha) sont consacrés à la culture des fraises (3 800 ha), aux framboises (2 100 ha) et aux bleuets en corymbe (10 500 ha) qui sont principalement cultivés en Colombie-Britannique, en Ontario, au Québec et dans les provinces maritimes (Source : Statistique Canada, CANSIM 2016).

Les cultures de petits fruits sont attaquées par de nombreux insectes nuisibles. Certains d’entre eux proviennent d’espèces générales qui touchent diverses cultures de petits fruits, alors que d’autres sont propres à des cultures précises. Les pesticides servent à protéger la qualité et le rendement des cultures de petits fruits contre ces insectes, surtout pendant les éclosions. Même si de nouveaux produits ont été brevetés au cours des dernières années (par exemple spinosad, spinetoram), certains étaient d’anciens produits des groupes des organophosphorés, organochlorés, néonicotinoïdes et pyréthroïdes chimiques. Plusieurs de ces produits plus anciens ont fait l’objet ou font l’objet d’un examen afin de confirmer qu’ils sont sécuritaires pour la santé humaine et l’environnement compte tenu des recherches actuelles. Par conséquent, deux composés (le diazinon, un organophosphoré et endosulfan, un organochloré) ont été récemment retirés du marché. En outre, l’utilisation répétitive des quelques insecticides restants qui ont des modes d’action similaires constitue un facteur de risque de développement de la résistance des insectes à ces produits. On signale déjà des cas de résistance au spinosad et spinetoram chez les thrips des fleurs de l’Ouest dans certaines cultures en serre.

Ainsi, c’est conclu qu’il était nécessaire de diversifier les trousses d’outils des producteurs et de leur offrir des solutions de rechange afin qu’ils puissent assurer une lutte durable et intégrée contre les ravageurs prioritaires des petits fruits.

Élaboration de la stratégie

Certaines lacunes ont été décelées auparavant pour des ravageurs similaires s’attaquant à ces cultures grâce aux consultations préliminaires tenues auprès d’intervenants en 2003 et 2005. Par la suite, la RRP a soutenu plusieurs projets visant à combler ces lacunes avant le début des travaux associés à la présente stratégie, par exemple :

Toutefois, il semblait nécessaire de mener des consultations plus vastes auprès d’un éventail d’intervenants et de spécialistes et d’adopter une approche concertée pour la lutte contre ces ravageurs dans les régions productrices clés des petits fruits.

Consultations du groupe de travail

À l’automne 2016, un groupe de travail a été constitué pour aider la RRP à élaborer un plan d’action ayant trait aux problèmes liés à ces insectes. Le groupe a réuni des spécialistes en la matière et des intervenants, y compris des organismes de producteurs, des spécialistes de la vulgarisation et de la lutte antiparasitaire provinciaux, des chercheurs universitaires, des scientifiques fédéraux et des représentants des organismes réglementaires. Depuis sa création, le groupe de travail a mené des consultations et partagé de l’information au moyen d’appels en téléconférence et de courriels.

Enjeux prioritaires et lacunes

Les nombreuses discussions que le groupe de travail a tenues ont permis de déterminer les insectes nuisibles prioritaires pour les cultures de petits fruits sélectionnées, ainsi que les lacunes de la lutte à leur égard (tableau 1). Ces ravageurs ont régulièrement été traités par d’anciens insecticides et la nécessité de trouver des solutions de contrôle de rechange était cruciale.

Le groupe de travail a aussi recommandé certaines solutions à risque réduit afin de combler les lacunes décelées. Les échanges se poursuivront au cours des prochaines années afin d’avancer les solutions possibles.

Tableau 1 : Résumé des lacunes associées avec les ravageurs/cultures prioritaire décelées

Ravageur Lacunes pour la fraise Lacunes pour la framboise Lacunes pour le bleuet en corymbe
Drosophile à ailes tachetées (Drosophila suzukii) Constitue la principale priorité pour les trois cultures de petits fruits.
De nombreux projets et activités ont porté sur ce ravageur, donc il a été jugé nécessaire de donner un aperçu de la portée et des réalisations de ces travaux au Canada et ailleurs afin de conduire les décisions sur les besoins futurs en matière de recherche et des opportunités de développement.
Voir les lacunes pour la fraise Voir les lacunes pour la fraise
Complexe des charançons des racines et des vers blancs (par exemple, le charançon noir de la vigne, le scarabée japonais, le hanneton commun et le hanneton européen) Constitue une priorité pour les trois cultures de petits fruits.
Ces ravageurs sont surtout contrôlés par des produits organophosphorés ou néonicotinïdaux qui font l’objet d’une réévaluation. Par conséquent, il a été jugé nécessaire d’adopter des options de remplacement à risque plus faible pour la lutte contre les adultes et larves. Diverses espèces à des phases de croissance différentes causent des types variés de dommages dans diverses cultures et régions géographiques. Par exemple, les adultes ainsi que les larves du charançon noir de la vigne font des ravages dans la région de la Colombie-Britannique. Toutefois, les larves des charançons des racines constituent sporadiquement un grave problème pour les fraises des provinces de l’Est. Le scarabée japonais, le hanneton européen et le hanneton commun s’attaquent plutôt aux frais et aux bleuets cultivés dans les provinces de l’Est. Ce problème s’amplifie en raison de l’absence de solutions de contrôle.
Voir les lacunes pour la fraise Voir les lacunes pour la fraise
Trasonème du fraisier (Phytonemus pallidus) Constitue une priorité pour les fraises cultivées en pépinière et en champ.
Même s’il n’existe qu’un seul insecticide, il est difficile de contrôler efficacement ce ravageur par la pulvérisation. Les producteurs ont besoin de techniques d’échantillonnage, de seuils et de divers outils de contrôle efficaces pour les productions en pépinière et en champ.
Pas applicable Pas applicable

Punaise terne

(Lygus lineolaris)

Constitue une priorité pour les fraises à jour neutre.
Il faut des produits à risque plus faible et des solutions non chimiques pour une protection pendant toute la saison.
Pas applicable Pas applicable

Thrips

(Frankliniella spp.)

Constitue une priorité pour les fraises à jour neutre.
Une seule catégorie d’insecticides est disponible pour éliminer ces ravageurs (les spinosynes), et il est propice au développement de la résistance des insectes. Il faut d’autres solutions à plus faible risque, y compris des produits de contrôle biologiques, afin de permettre la rotation des options du contrôle.
Pas applicable Pas applicable
Pyrale de la framboise (Pennisetia marginata) Pas applicable Constitue une priorité pour la framboise.
Le retrait du marché du diazinon ne laisse qu’une seule option en matière d’insecticide. Par conséquent, la menace que présente ce ravageur devrait s’accroître. Il faudrait produire des documents de sensibilisation et d’information à l’intention des producteurs (par exemple des fiches d’information sur la biologie du ravageur et les approches de lutte éprouvées).
Pas applicable

Coléoptères

par exemple, byture du Pacifique (Byturus tomentosus), agrile du framboisier (Agrilus sp.), anneleur du framboisier (Oberea bimaculata), antonome (Anthanomus signatus), nitidules (Stelidota geminata)

Pas applicable Constitue une priorité pour le framboisier.
Le retrait du marché du diazinon qui contrôlait certains de ces ravageurs devrait contribuer à la hausse de la menace posée par ceux-ci. Il faut trouver une solution de contrôle de rechange à plus faible risque.
Pas applicable
Mouche du bleuet (Rhagoletis mendax) Pas applicable Pas applicable Constitue une priorité pour le bleuet dans l’est du Canada.
Même si plusieurs insecticides sont disponibles, les producteurs doivent avoir des options non chimiques pour assurer un contrôle durable de ce ravageur.

Plan d’action

Par suite des consultations susmentionnées, les activités suivantes étais sélectionnées à poursuivre d’abord en 2017 :

1. Faire le point sur les recherches et la gestion concernant la drosophile à ailes tachetées au Canada

Le groupe de travail a proposé de faire le point sur les résultats des récents projets et activités associés à la drosophile à ailes tachetées, terminés ou en cours, qu’ont réalisés durant les cinq dernières années par des chercheurs et enquêteurs canadiens, et de fournir un aperçu facile à accéder et utile pour la grande majorité des parties intéressées au Canada.

Mise en œuvre : Une série de quatre webinaires de 2 heures a été offerte à l’hiver 2017 afin de partager de l’information sur la situation régionale et les progrès réalisés en matière de lutte à la drosophile à ailes tachetées au Canada. Ces webinaires ont été organisés par le Groupe de travail technique national sur la drosophile à ailes tachetées qui a été constitué en 2012 par suite d’un partenariat entre le Conseil canadien de l’horticulture et le Centre de la lutte antiparasitaire d’AAC. Ces séances qui ont mis l’accent sur les activités de recherche en cours dans les provinces, dans les universités et à Agriculture et Agroalimentaire Canada ont permis l’échange de nouvelles données et la discussion des lacunes restantes sur le plan des connaissances et des technologies de lutte. Vous pouvez consulter la liste des conférenciers et des thèmes des exposés présentés au cours de ces webinaires au site Web sur la drosophile à ailes tachetées. L’information partagée permettra de déterminer les prochaines étapes à franchir pour établir des solutions durables et robustes afin de lutter contre la drosophile à ailes tachetées.

2. Gestion intégrée du complexe de charançons des racines et des vers blancs du fraisier dans les cultures de petits fruits

Le groupe de travail a proposé d’examiner diverses approches, telles que l’utilisation d’entomopathogènes, de biopesticides, de dispositifs de surveillance novateurs, de cultures pièges, de techniques d’amélioration de l’habitat et d’écosystème, et de seuils pertinent à ces ravageurs dans le cadre d’un système intégré de lutte antiparasitaire.

Mise en œuvre : Cette priorité a été incluse dans l’appel de propositions interne lancé par Agriculture et Agroalimentaire Canada en 2017. Aucune proposition n'a été reçue.

3. Gestion intégrée de la punaise terne et les thrips dans les fraises à jour neutre

Le groupe de travail a proposé d’examiner diverses approches, comme les cultures pièges, l’amélioration de l’habitat et de l’écosystème, le contrôle biologique, les seuils, ou les biopesticides pertinent à ces ravageurs dans le cadre d’un système intégré de lutte antiparasitaire.

Mise en œuvre : Cette priorité a été incluse dans l’appel de propositions interne lancé par Agriculture et Agroalimentaire Canada en 2017. En conséquence, un nouveau projet de deux ans a été lancé au printemps 2017. Le projet porte sur la gestion intégrée de la punaise terne dans les fraises à jour neutre et s’est conduit au Centre de recherche et de développement de Saint-Jean-sur-Richelieu de l’AAC, à Québec.

4. Gestion intégrée du tarsonème des fraisiers en pépinière et en champ

Le groupe de travail a proposé d’examiner diverses solutions, notamment dans les domaines de l’hygiène, de l’amélioration de la surveillance, des seuils, du contrôle biologique, des huiles insecticides à base végétales, et cetera. dans le cadre du système intégré de lutte antiparasitaire.

Mise en œuvre : Cette priorité a été incluse dans l’appel de propositions interne lancé par Agriculture et Agroalimentaire Canada en 2017. Aucune proposition n'a été reçue.

Le présent rapport sera mis à jour périodiquement à mesure que de nouveaux projets et de nouveaux renseignements sur les résultats seront disponibles.