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Si vous vivez dans le nord des Prairies ou dans les montagnes du sud de la Colombie-Britannique et de l’Alberta, vous avez probablement déjà souvent vu ces jolies fleurs blanches qui parsèment les bords des routes et les champs. Vous connaissez sans doute la marguerite blanche (Leucanthemum vulgare), mais ce que vous ne savez peut- être pas, c’est que cette plante est une espèce envahissante originaire d’Europe. Bien qu’elle semble inoffensive, cette mauvaise herbe envahissante est devenue un gros problème dans les milieux agricoles, en particulier dans les régions de l’ouest du Canada.
La marguerite blanche menace d’envahir les pâturages, réduisant ainsi la qualité et la quantité de nourriture disponible pour le bétail. Elle est également nuisible aux cultures fourragères, notamment celles de fléole des prés et de luzerne, dont les agriculteurs dépendent pour nourrir leurs animaux ou produire des semences.
Lutter contre la marguerite envahissante, naturellement
Il est difficile de lutter contre les grandes colonies de marguerites blanches. Les herbicides et le fauchage sont souvent inefficaces, en particulier dans les pâturages naturels qui sont difficiles à atteindre avec l’équipement agricole. Ces méthodes peuvent également nuire aux espèces végétales indigènes, ce qui rend le remède plus dommageable que le problème lui-même. La combinaison d’herbicides et d’engrais pour stimuler la croissance des plantes désirables peut être utile dans les champs cultivés, mais il faut trouver des solutions supplémentaires.
Pour contrer ce problème, Rosemarie De Clerck-Floate, Ph. D., chercheuse au Centre de recherche et de développement de Lethbridge, dirige une équipe de recherche canadienne qui comprend des collaborateurs des centres de recherche et de développement de Summerland et de Saskatoon, et collabore avec des experts du Centre pour l’agriculture et les sciences biologiques internationales (CABI) en Suisse. Ils évaluent une solution naturelle, appelée lutte biologique, qui pourrait contribuer à limiter la propagation et les répercussions de la marguerite blanche. La lutte biologique est l’utilisation d’organismes vivants (comme des insectes, des parasites et des prédateurs) pour gérer et lutter contre les nuisibles.
« Il est très important que nous fassions tout ce qui est en notre pouvoir pour aider les producteurs à protéger leurs champs contre les organismes nuisibles envahissants, comme la marguerite blanche. Grâce à nos recherches, nous voulons ajouter un outil à l’arsenal des agriculteurs et des éleveurs pour les aider à réduire les dommages causés par cette mauvaise herbe envahissante. »
- Rosemarie De Clerck-Floate, Ph. D., chercheuse, Agriculture et Agroalimentaire Canada
Depuis 2008, sept espèces d’insectes ont été étudiées en tant que candidats pour la lutte biologique contre la marguerite. Actuellement, l’équipe de recherche canadienne concentre ses efforts sur un insecte particulièrement prometteur, un petit papillon de nuit européen appelé Dichrorampha aeratana. Les larves de cette espèce, qui s’alimentent principalement à l’intérieur des tiges de la marguerite, contribuent à lutter contre la mauvaise herbe en l’affaiblissant et en réduisant sa capacité à se reproduire et à se propager. Elles hivernent dans la base des tiges de la plante avant de devenir adultes au printemps et de renouveler le cycle de dommages causés par l’alimentation dans les colonies de marguerites.
Affrontement : chenille contre marguerite
Dans le cadre de l’évaluation de solutions de lutte biologique potentielles, il est essentiel de s’assurer que les avantages l’emportent sur les risques possibles. Avant l’introduction du papillon au Canada, les chercheurs du CABI, avec le soutien d’AAC, ont mené des essais pendant 10 ans (de 2011 à 2021). Ils ont étudié l’interaction du papillon avec 75 espèces végétales, dont 33 indigènes d’Amérique du Nord. Les résultats ont montré que l’insecte a une préférence marquée pour la marguerite blanche et que son taux de survie est plus élevé chez cette plante, mais qu’il ne nuit pas aux autres espèces.
Sur la base de ces recherches, l’Agence canadienne d’inspection des aliments a approuvé la dissémination du papillon et, en juin 2023, Rosemarie De Clerck-Floate et son équipe ont relâché 850 individus, essentiellement des larves et quelques adultes, dans trois pâturages : deux dans le sud de la Colombie-Britannique et un dans le sud-ouest de l’Alberta. Ces lâchers ont montré que l’espèce est capable de survivre même aux températures hivernales extrêmes de l’Alberta, qui peuvent atteindre -40 °C.
Les résultats sont très prometteurs, mais il faudra réaliser d’autres recherches pour que ce papillon atteigne son plein potentiel en tant que petit guerrier dans la lutte contre la marguerite blanche. L’équipe de recherche s’efforce à présent de trouver des moyens de faire l’élevage en masse de l’espèce de manière efficace, afin de mettre cet outil à la disposition des producteurs et des gestionnaires de terres, dans le cadre de stratégies de lutte intégrée.
Un nouveau pas en avant pour les producteurs
Les travaux de Rosemarie De Clerck-Floate et de son équipe représentent une étape importante dans la protection des cultures et des champs canadiens contre la propagation d’espèces envahissantes telles que la marguerite blanche.
Cet important projet fait partie du programme national de lutte biologique du Canada. Des chercheurs d’AAC de tout le pays collaborent à l’élaboration de solutions de lutte biologique contre neuf insectes envahissants et près de 20 mauvaises herbes envahissantes. Ces recherches continues aident nos agriculteurs et nos éleveurs à protéger leurs terres et leurs moyens de subsistance.
Principales découvertes et principaux avantages
- La marguerite blanche est une mauvaise herbe envahissante qui menace d’envahir les pâturages et les cultures, notamment les cultures fourragères, réduisant ainsi la qualité et la quantité de nourriture disponible pour le bétail et nuisant à la production de semences.
- Rosemarie De Clerck-Floate dirige une équipe de recherche canadienne qui étudie l’utilisation d’un petit papillon de nuit européen comme solution de lutte biologique naturelle pour limiter la propagation et l’impact de la marguerite blanche.
- Les résultats ont montré que ce papillon parvient à survivre, même dans le rude climat canadien, en consommant la marguerite et en vivant à l’intérieur de celle-ci, sans nuire à aucune autre espèce.
- Les travaux de Rosemarie De Clerck-Floate et de son équipe représentent une étape importante dans la protection des cultures et des champs canadiens contre la propagation d’espèces envahissantes telles que la marguerite blanche.
Galerie de photos
Larve de Dichrorampha aeratana dans une tige visiblement endommagée

Gros plan d’une inflorescence de marguerite blanche.

Rosemarie De Clerck-Floate travaillant en plein air au Centre de recherche et de développement de Lethbridge