Le biocharbon peut transformer les déchets végétaux en sols sains et améliorer l’environnement

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Les forêts tropicales amazoniennes sont parsemées de parcelles localisées de sols exceptionnellement fertiles, qualifiés de « terres noires amazoniennes ». Ces sols ont été créés par les habitants de cette région il y a plus de 2 000 ans en produisant et en ajoutant du biocharbon aux sols année après année sous la forme de charbon de bois, un sous-produit de la cuisine, mélangé à des poteries brisées, des os d’animaux et du fumier. En conséquence, ces sols sont parmi les plus fertiles de la planète et abritent plus de 80 000 espèces végétales différentes. Le carbone est l’un des éléments clés d’un sol sain et d’une vie végétale florissante.

Mme Vicky Lévesque, Ph. D., chercheuse en science du sol d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) à Kentville, en Nouvelle-Écosse, croit que le fait d’imiter cette ancienne pratique amazonienne d’ajout de composés de carbone au sol pourrait avoir un effet positif sur la santé et la productivité des sols canadiens et contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

L’une des méthodes que Mme Lévesque a récemment étudiées pour améliorer la santé et la productivité des sols au Canada est l’utilisation du biocharbon, un matériau organique riche en carbone composé de résidus organiques tels que les plantes et les déchets de bois, comme l’écorce d’érable et les copeaux de pin. Lorsqu’il est appliqué sur le sol, le biocharbon permet des nutriments de se mélanger au sol. Ces micro-organismes aident à nourrir la plante, en lui fournissant des éléments nutritifs et de l’eau. Il peut également aider les sols à réduire les émissions d’oxyde nitreux, un puissant gaz à effet de serre qui contribue aux changements climatiques.

« Le biocharbon est presque comme le bois noirci et carbonisé de votre feu de camp. Il a été utilisé en agriculture dans les climats plus chauds où les sols sont pauvres pour régénérer les champs peu productifs ainsi que pour améliorer la santé et la productivité des sols, mais son efficacité dans le climat tempéré plus frais du Canada est relativement peu connue. »
– Mme Vicky Lévesque, chercheuse scientifique, Agriculture et Agroalimentaire Canada

Alors qu’elle travaillait au Centre de recherche et de développement d’AAC à Québec, Mme Lévesque a utilisé du biocharbon pour cultiver des tomates de serre et des poivrons dans les sols tourbeux et argileux que l’on trouve couramment dans les exploitations agricoles du climat nordique. Elle a évalué l’effet de différents biocharbons sur la productivité des plantes, la diversité des micro-organismes et les émissions de gaz à effet de serre.

Elle a découvert que ce super matériau peut améliorer la santé des sols et réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère du Canada, et que les biocharbons peuvent également augmenter la taille et le volume des tomates et des poivrons cultivés, accroître la présence de bactéries bénéfiques dans le sol, réduire l’utilisation d’engrais jusqu’à 50 % de la quantité recommandée et réduire la perte de nutriments des sols par lessivage dans les cours d’eau. Tout cela est une bonne nouvelle pour les agriculteurs et l’environnement.

Alors que l’industrie agricole canadienne continue de chercher des moyens plus durables de cultiver nos aliments, de prendre soin de nos terres et de contribuer aux efforts du Canada pour lutter contre les changements climatiques, les recherches de Mme Lévesque fournissent un important aperçu des nouvelles façons d’atteindre ces objectifs. Ses recherches ont montré que l’application de biocharbon, tout comme les anciennes civilisations l’ont fait il y a deux millénaires, a le potentiel de réduire l’utilisation d’engrais, de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de préserver la santé du sol. En outre, l’utilisation du biocharbon pourrait également permettre d’aider les terres agricoles à mieux se remettre des phénomènes météorologiques extrêmes liés aux changements climatiques et de soutenir la sécurité alimentaire.

Il peut être surprenant que ce matériau, créé par un processus de combustion, puisse être bénéfique pour l’environnement. Certains producteurs de biocharbon élaborent ce matériau à partir de déchets de bois provenant de forêts locales qui, autrement, se seraient décomposés et auraient libéré du dioxyde de carbone dans l’atmosphère, tandis que d’autres utilisent les sous-produits du bois provenant de scieries. Outre l’effet du biocharbon sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre lorsqu’il est utilisé en agriculture, Mme Lévesque note que les producteurs de biocharbon visent la neutralité en carbone en recyclant l’énergie produite par le processus de combustion pour le chauffage et l’électricité et que, dans certains cas, ils utilisent des panneaux solaires et des éoliennes pour produire de l’électricité écologique afin de produire le biocharbon.

Il est même possible pour les producteurs de créer des biocharbons aux propriétés variables – en fonction des matériaux utilisés (bois dur, pailles ou herbes) ou de la température à laquelle le matériau est chauffé – qui peuvent avoir des effets différents sur le sol et les plantes.

La prochaine étape de la recherche de Mme Lévesque consiste à étudier l’utilisation du biocharbon sur d’autres cultures, comme les pommes et les raisins – deux cultures populaires dans la région florissante de la vallée de l’Annapolis en Nouvelle-Écosse.

Mme Lévesque admet que « le coût élevé actuel d’achat du biocharbon par les agriculteurs pourrait le rendre plus adapté aux cultures de valeur à coût élevé, comme les vergers et les vignobles. »

De plus, elle espère étudier comment le biocharbon peut être utilisé dans des systèmes hydroponiques pour faire pousser des légumes. Cette méthode pourrait aider à produire des aliments très recherchés dans les communautés du Nord canadien, où les températures plus froides et les sols moins fertiles empêchent la croissance des cultures maraîchères.

Bien qu’il y ait actuellement une cinquantaine de producteurs de biocharbon au Canada, on s’attend à ce que le pays soit l’un de ceux où la croissance du marché du biocharbon est la plus rapide au monde et Mme Lévesque espère qu’une augmentation du nombre de producteurs de biocharbon puisse réduire le coût pour les agriculteurs. Il faudra peut-être un certain temps avant de voir l’effet profond que le biocharbon pourrait avoir pour les agriculteurs du Canada et l’environnement, mais l’avenir est prometteur.

Principaux avantages et découvertes :

  • Les scientifiques d’AAC ont étudié les effets du biocharbon – un charbon organique riche en carbone composé de biomasse comme les plantes et les matériaux ligneux – sur les sols en climat tempéré du Canada afin de déterminer s’ils peuvent améliorer la santé et la productivité du sol et réduire les émissions de gaz à effet de serre.
  • Ils ont découvert que ce matériau riche en carbone peut non seulement améliorer la santé des sols et réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère du Canada, mais aussi augmenter le rendement des tomates et des poivrons, réduire l’utilisation d’engrais jusqu’à 50 % de la quantité recommandée, ainsi que réduire la perte de nutriments des sols par lessivage dans les cours d’eau. Tout cela est une bonne nouvelle pour les agriculteurs et l’environnement.
  • La prochaine étape de l’étude sur le biocharbon est de voir son effet sur d’autres cultures telles que les pommes et les raisins, deux cultures populaires dans la région florissante de la vallée de l’Annapolis en Nouvelle-Écosse.

Galerie de photos

Mme Vicky Lévesque faisant face à la caméra et sourian
Mme Vicky Lévesque est une chercheuse en science du sol basée à Kenvtille, en Nouvelle-Écosse, qui travaille pour AAC et étudie les effets du biocharbon sur les sols canadiens.
Photo divisée en quatre quadrants distincts, chacun présentant un type différent de biocharbon – substance noire ressemblant à du charbon de bois – à côté d’un crayon pour démontrer sa petite taille
Le biocharbon est un matériau riche en carbone composé de résidus organiques tels que des plantes et des matériaux en bois comme l’écorce d’érable et les copeaux de pin.
Mme Lévesque se tient à côté de douzaines de plantes en pot qui poussent dans une serre
Mme Lévesque surveille des tomates et des poivrons cultivés avec du biocharbon appliqué au sol.

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