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En 2018, Paul Abram, Ph. D., chercheur à Agriculture et Agroalimentaire Canada, a entamé un nouveau projet pour s'attaquer à la drosophile à ailes tachetées. Le plan initial était d'introduire ici en Colombie-Britannique (C.-B.) un ennemi naturel, une guêpe parasitoïde, pour contrôler les populations de drosophiles. En fait, jusqu'à ce que les scientifiques découvrent que la guêpe était déjà présente dans la vallée du Fraser (C.-B.). Maintenant, M. Abram profite de cette occasion unique pour étudier l'efficacité de ce moyen de contrôle en situation réelle et communique ses résultats à d'autres scientifiques qui envisagent de lâcher intentionnellement cette guêpe au Canada.
Le goût des fruits frais
Tandis que les autres mouches du genre Drosophila se nourrissent généralement de fruits en décomposition ou tombés au sol, la drosophile à ailes tachetées se distingue par son goût pour les fruits frais et mûrs. Elle peut s'alimenter de ces fruits grâce à son ovipositeur tranchant en forme de scie, un appendice qui lui permet de couper la peau plus dure des fruits frais et d'y déposer ses œufs, ce qui entraîne la décomposition des fruits. Pour les fruiticulteurs de la Colombie-Britannique, les impacts économiques de cette drosophile sont des pertes de fruits à la peau tendre et fine comme framboises, les bleuets et les cerises, dont la valeur globale d'exportation était de 623 millions de dollars en 2020. Les insecticides sont le principal moyen utilisé pour limiter les impacts occasionnés par la drosophile à ailes tachetées, mais ils peuvent s'avérer coûteux et nocifs pour l'environnement.
Pour s'attaquer à ce problème, Paul Abram et son équipe du Centre de recherche et de développement (CRD) d'Agassiz ont songé à utiliser un ennemi naturel du ravageur, un moyen de lutte appelé communément lutte ou contrôle biologique. Cette approche courante de lutte contre les insectes nuisibles envahissants a donné lieu à de nombreux programmes de lutte efficaces et sûrs partout dans le monde. Dans leur environnement naturel, les ennemis naturels de la drosophile à ailes tachetées sont deux minuscules guêpes parasites — la guêpe samba et la guêpe ronin — s'attaquant toutes deux aux mouches en développement dans les fruits. La lutte biologique peut être une option intéressante pour contrôler les insectes nuisibles en raison de son caractère durable (les guêpes se reproduisent d'elles-mêmes) et de la capacité des ennemis naturels à cibler précisément un insecte nuisible, ce qui permet aux producteurs d'économiser temps et argent.
Des avantages supérieurs aux risques
À la surprise de M. Abram, les deux guêpes étaient déjà présentes dans la majeure partie de la côte méridionale de la Colombie-Britannique en 2020. Cette découverte est une occasion unique pour les scientifiques d'étudier deux choses : l'efficacité des guêpes à contrôler les populations de drosophiles à ailes tachetées et la possibilité de suivre leurs impacts sur l'agriculture et les écosystèmes environnants. Jusqu'ici, les résultats sont prometteurs.
« Le fait qu'elle soit arrivée par elle-même en Colombie-Britannique nous donner l'occasion d'observer ses interactions en contexte réel dans la nature canadienne. La guêpe s'attaque-t-elle uniquement à cet insecte nuisible ou a-t-elle des impacts plus étendus? »
– Paul Abram, Ph. D., chercheur à Agriculture et Agroalimentaire Canada
En 2020, il fut démontré que dans les habitats naturels, les deux guêpes tuaient en moyenne 13 %, et dans certains cas jusqu'à 53 %, des larves de drosophiles à ailes tachetées qui se trouvaient sur 13 espèces de plantes fruitières cultivées et non cultivées. Des deux espèces de guêpes, la guêpe samba est la plus prometteuse. Alors que la guêpe ronin s'attaque à plusieurs espèces de drosophiles, la guêpe samba cible et attaque de manière très spécifique la drosophile à ailes tachetées et elle a donc été jugée comme étant la meilleure candidate pour faire des introductions intentionnelles. De plus, aucun impact négatif n'a été relevé sur l'écosystème plus large. En fait, ce moyen de lutte pourrait même être bénéfique pour la protection de la biodiversité indigène en atténuant les impacts négatifs de la drosophile à ailes tachetées sur les animaux qui se nourrissent de fruits, comme les oiseaux.
Tandis que les scientifiques canadiens continuent de surveiller d'autres régions fruitières pour voir si ces guêpes parasites s'y introduisent d'elles-mêmes, les résultats observés dans la vallée du Fraser permettront à terme d'envisager la redistribution intentionnelle de la guêpe samba au Canada.
Les chercheurs du CDR d'Agassiz ont déjà commencé à utiliser cette expérience pour aider d'autres scientifiques à étudier le même ravageur. En collaboration avec des homologues américains, ils ont publié une série de recommandations relatives à l'échantillonnage et à l'identification des guêpes. Ces recommandations précisent comment séparer les larves de guêpes des matières hôtes dans les fruits pour estimer précisément leur nombre et établir leurs interactions avec l'hôte. Les chercheurs ont également élaboré des instructions pour identifier les parasitoïdes émergents et une clé des familles communes de parasitoïdes qui s'attaquent à la drosophile à ailes tachetées.
Établissement de lignes directrices régionales pour l'avenir
Dans l'avenir, ces lignes directrices serviront de base à un vaste effort d'échantillonnage qui sera mené par plusieurs équipes de recherche afin d'étudier et de définir la manière dont les ennemis naturels tuent l'insecte nuisible. Elles aideront également les scientifiques à étudier comment les plantes et les autres organismes vivants environnants sont touchés par les guêpes parasites introduites accidentellement ou intentionnellement pour aider à contrôler la drosophile à ailes tachetées dans plusieurs régions du monde. À long terme, les effets de contrôle biologique autonome de ces parasitoïdes pourraient réduire l'utilisation de pesticides dans certains cas — un avantage pour les fruiticulteurs et l'environnement!
Actuellement, l'introduction d'un agent de lutte biologique au Canada est une activité très réglementée, mais il n'en va pas de même pour les introductions faites à l'intérieur du pays. Le Canada compte plusieurs écozones différentes, et ce qui fonctionne dans une région peut ne pas être aussi efficace dans une autre. La procédure relative à la dissémination d'un agent de lutte biologique au Canada est nébuleuse, mais Paul Abram espère changer cela. L'un de ses objectifs à long terme est d'élaborer un processus formel de consultation en vue de la dissémination des agents de lutte biologique au Canada, ce qui assurerait une diligence raisonnable.
Découvertes ou avantages principaux
- La découverte surprise en Colombie-Britannique d'ennemis naturels de la drosophile à ailes tachetées, soit la guêpe ronin et la guêpe samba, est une occasion unique pour le chercheur Abram d'étudier l'efficacité de ce moyen de lutte.
- Comme la guêpe samba semble cibler et attaquer très spécifiquement les drosophiles à ailes tachetées, elle a donc été considérée comme étant la meilleure candidate pour une introduction intentionnelle. De plus, aucun impact négatif n'a été relevé sur l'écosystème plus large.
- Aujourd'hui, l'équipe de Paul Abram a la possibilité d'ouvrir la voie à d'autres scientifiques qui envisagent de disséminer intentionnellement la guêpe samba ailleurs au Canada.
- En collaboration avec des homologues américains, l'équipe d'Abram a publié une série de recommandations relatives à l'échantillonnage et à l'identification de la guêpe et a élaboré des instructions pour identifier les parasitoïdes émergents et une clé des familles communes de parasitoïdes qui s'attaquent à la drosophile à ailes tachetées.
- L'un des objectifs à long terme de M. Abram est de mettre en place un processus formel de consultation et de documentation pour documenter l'introduction d'agents de lutte biologique au Canada.
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Renseignements connexes
- Profil d'AAC — Paul K. Abram, Ph.D.