Le phosphore résiduel et comment il peut aider les agriculteurs à réduire les applications d’engrais

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Saviez-vous que du phosphore excédentaire s’accumule dans les sols fertilisés en engrais phosphoré? Des scientifiques travaillent à trouver une solution à ce problème. Du phosphore est couramment utilisé depuis des décennies afin de fournir au sol cet important élément nutritif dont les cultures ont besoin. Toutefois, lorsqu’il est surutilisé par rapport aux besoins des cultures, l’excédent s’accumule dans le sol. C’est ce qu’on appelle le phosphore résiduel, qui a divers effets négatifs sur l’environnement, notamment en raison de son lessivage vers les cours d’eau voisins.

Le chercheur scientifique d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAFC) Aimé J. Messiga a trouvé des solutions qui aident les agriculteurs à atténuer ce problème en tirant profit du phosphore déjà présent dans le sol. Ainsi, les agriculteurs pourront non seulement réduire le risque environnemental, mais aussi réaliser des économies.

« Le phosphore résiduel offre une précieuse source de croissance végétale qui peut se substituer aux engrais. Le sol a accumulé suffisamment de phosphore résiduel pour que les agriculteurs puissent en tirer profit et réduire la quantité d’engrais de démarrage à ajouter. »

- Dr. Aimé J. Messiga, chercheur scientifique, Agriculture et Agroalimentaire Canada

Tirer profit du phosphore résiduel

Étant donné les quantités de phosphore déjà présentes dans le sol, une des meilleures façons de s'attaquer au problème du phosphore résiduel consiste à limiter la quantité de phosphore qu'on ajoute. Ainsi, les cultivateurs peuvent réduire la dose d'engrais phosphoré de démarrage qu’ils utilisent. Cet engrais est appliqué en petite quantité près de chaque graine à l’ensemencement. M. Messiga et son équipe ont rédigé un guide pour aider les agriculteurs à déterminer la dose de cet engrais dont ils ont réellement besoin. En effet, les recherches montrent qu’il est possible de réduire la dose sans nuire à la croissance de la culture. Dans une étude sur des cultures de maïs dans des champs contenant beaucoup de phosphore résiduel, M. Messiga a constaté qu’on pouvait réduire les doses de phosphore de 75 % sans nuire au rendement!

M. Messiga met également au point d’autres pratiques exemplaires visant à réduire les concentrations de phosphore résiduel dans les sols qui en contiennent beaucoup, par exemple, l’ensemencement de cultures de couverture entre les rangs de maïs. Ces cultures de couverture intercalaires sont utiles parce qu’elles ont plus tendance à absorber le phosphore résiduel et à le recycler et le rendre disponible à la culture marchande.

M. Messiga a mis cette pratique à l’essai en établissant des expériences à long terme en 2018 dans des sols différents contenant beaucoup de phosphore résiduel afin de comparer deux systèmes de culture : 1) ensemencement d’ivraie multiflore semée entre les rangs de jeunes plants de maïs d'ensilage; 2) ensemencement d’ivraie multiflore à l’automne après la récolte de maïs d'ensilage. Le premier système de culture s'est avéré le plus efficace : la culture de couverture s’est mieux établie sans concurrencer le maïs. De plus, ce système évite aux agriculteurs d'avoir à semer la culture de couverture en toute hâte durant la brève période entre la récolte du maïs et les pluies d’automne. Les cultures de couverture peuvent même offrir de nourriture supplémentaire pour les vaches laitières au début du printemps. Les éléments nutritifs résiduels, dont le phosphore, sont ainsi récupérés, ce qui réduit leurs concentrations dans le sol.

Les recherches de M. Messiga aideront également les agriculteurs à atténuer les pertes de phosphore dans l'environnement en identifiant les champs à risque, en mettant en œuvre un plan de gestion des éléments nutritifs, ainsi qu'en surveillant l'évolution de ce risque. Un nouveau code de pratiques pour la gestion environnementale agricole a été publié au début de 2019 afin de fournir aux agriculteurs et aux professionnels de la Colombie-Britannique (C.-B.) des recommandations sur les méthodes à inclure dans un plan de gestion des éléments nutritifs. De plus, M. Messiga et son équipe adaptent un indice de saturation en phosphore pour évaluer le risque de perte de phosphore des sols agricoles dans la province.

À long terme, M. Messiga espère réduire les applications d'engrais phosphorés de démarrage en Colombie-Britannique de 75 % par rapport aux recommandations actuelles, ce qui aiderait les agriculteurs à réduire leurs dépenses en engrais et les risques pour l’environnement. La réduction des applications d'engrais phosphorés de démarrage permettrait également de réduire la demande de demande de phosphore minier, ce qui présenterait d’autres avantages environnementaux.

Principales découvertes (avantages) :

  • Le phosphore résiduel désigne le phosphore excédentaire qui s’accumule dans le sol en raison de la surutilisation d’engrais phosphoré par rapport aux besoins réels des plantes.
  • M. Aimé J. Messiga et son équipe cherchent des moyens de tirer profit du phosphore résiduel et de limiter les risques qu’il présente pour l’environnement.
  • Les recherches de M. Messiga permettront de recommander aux agriculteurs diverses méthodes visant à atténuer le problème : guide pour déterminer la dose d'engrais phosphoré de démarrage à appliquer; pratiques de gestion exemplaires pour réduire les concentrations de phosphore, comme la culture intercalaire de cultures de couverture; mise en œuvre d'un plan de gestion des éléments nutritifs pour réduire le risque de perte de phosphore dans l'environnement.

Galerie de photos

Égoportrait de M. Messiga avec quatre de ses étudiants dans un champ par une journée ensoleillée alors qu'ils s'apprêtaient à réaliser une expérience

M. Messiga et ses étudiants établissant une expérience sur le maïs d’ensilage dans un champ

Courtes rangées de semis de maïs dans un champ

Semis de maïs établis avec une faible dose d'engrais phosphoré de démarrage au Centre de recherche et de développement d’Agassiz

Deux rangées de grands plants de maïs entre lesquelles de l’ivraie multiflore a été semée

Rangs de plants de maïs matures entre lesquels de l’ivraie multiflore a été semée pour protéger le sol et tirer profit du phosphore résiduel au Centre de recherche et de développement d’Agassiz

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