Une recette secrète de sauce aux petits fruits pour prévenir les maladies intestinales du poulet de chair

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Les bleuets et les canneberges, deux petits fruits savoureux et appréciés des humains, peuvent également présenter un lot d’avantages pour préserver la santé des poulets.

Principalement connus pour leur riche teneur en vitamines et en antioxydants, ces petits fruits peuvent également avoir des effets préventifs et contribuer à préserver la santé des poulets à griller que nous consommons. Il a été démontré que ces petits fruits contribuent à améliorer le système immunitaire des poulets en empêchant les infections intestinales.

Des poulets en meilleure santé = des produits de poulet plus sains dans l’assiette des Canadiens. Bien que le Canada applique des normes en matière de salubrité et de qualité des aliments qui sont parmi les plus strictes au monde, de nouvelles solutions durables se profilent à l’horizon et pourraient contribuer à améliorer les pratiques actuelles de gestion des risques pour le développement de futures normes de salubrité des aliments.

La salubrité des aliments avant tout

La salubrité des aliments commence à la source : des poussins de poulets à griller sont élevés expressément pour leur chair. Ces jeunes oiseaux, élevés pendant environ 6 semaines avant d’être abattus, sont vulnérables à des maladies qui peuvent les faire mourir précocement. Caractérisés par un faible système immunitaire et une santé intestinale sous-développée, ils peuvent constituer des hôtes de choix pour les « mauvaises » bactéries qui se développent et se propagent. Même s’il existe des antibiotiques pour traiter les troupeaux d’oiseaux en traitement préventif ou curatif, de nombreuses souches bactériennes se sont adaptées et sont devenues résistantes aux antibiotiques couramment utilisés. En raison de la perte d’efficacité de certains antibiotiques, la recherche de solutions de rechange pour contrer les infections des poulets est devenue une réalité incontournable. C’est dans ce domaine que l’utilisation de petits fruits pourrait s’avérer une solution prometteuse.

Les polyphénols des petits fruits, des ingrédients aux propriétés phénoménales

Savourez ce qui suit à petites bouchées : Moussa Sory Diarra, chercheur au Centre de recherche et de développement d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) à Guelph, et son équipe, ont étudié des ingrédients dans ces petits fruits, appelés composés polyphénoliques, qui semblent prometteurs. Les polyphénols sont constitués de plusieurs phénols aux propriétés antimicrobiennes et antioxydantes qui peuvent perturber la croissance des « mauvaises » bactéries dans l’intestin des poulets tout en améliorant la réponse immunitaire de ces derniers.

Les Salmonella et Escherichia coli (E. coli) sont des bactéries néfastes pouvant vivre dans l’intestin du poulet et d’autres animaux d’élevage, ainsi que dans celui de l’humain, et provoquer des maladies graves, voire mortelles. Certaines souches d’E. coli peuvent causer des infections, comme la colibacillose, et d’autres maladies qui se développent à l’extérieur des intestins du poulet et de l’humain. Des parasites sont également menaçants, notamment des espèces d’Eimeria qui colonisent les intestins et peuvent à leur tour provoquer la coccidiose, une maladie infectieuse pouvant se propager d’un oiseau à l’autre par des excréments et des tissus contaminés et provoquer une diarrhée sévère et la mort.

Le microbiome du poulet et l’instinct viscéral de ses constituants

E. coli et Eimeria infectent souvent les oiseaux en même temps, perturbant l’équilibre qui existe entre les « bonnes » et « mauvaises » bactéries de leur microbiome intestinal. Le microbiome est un important indicateur de la santé des oiseaux et il contient le matériel génétique des microbes vivants qui s’y trouvent. Tandis que les oiseaux sains ont des intestins principalement colonisés par des bactéries bénéfiques, lorsque les conditions favorisent la prolifération de mauvaises bactéries, les oiseaux gravement infectés peuvent mourir précocement.

Même si les populations d’E. coli et d'Eimeria peuvent être atténuées par de bonnes pratiques à la ferme, certaines mauvaises bactéries, en particulier les E. coli et les Salmonella pathogènes, pourraient poser des risques pour la santé humaine si les chaînes d’approvisionnement agricole étaient contaminées le long de la chaîne, entre la ferme et la table.

« Cette découverte révolutionnaire montre comment des petits fruits comme la canneberge et le bleuet peuvent jouer un rôle important dans la santé et la qualité de la chair des poulets à griller. Lorsqu’ils sont utilisés comme supplément alimentaire, les produits à base de petits fruits peuvent faire partie d’une solution à long terme pour contrer la résistance aux antibiotiques dans les troupeaux de poulets à griller, car ils créent un environnement dans l’intestin des poulets qui empêche la colonisation par des agents pathogènes à l’origine de maladies. Ces ingrédients peuvent contribuer à prévenir les infections chez les jeunes oiseaux et à limiter la dissémination d’agents pathogènes dans l’environnement et la chaîne d’approvisionnement agricole ».

- Moussa Sory Diarra, Ph. D., chercheur scientifique, Agriculture et Agroalimentaire CanadaResearch Scientist, Agriculture and Agri-Food Canada

Étude de diètes de poulets de chair supplémentées avec des petits fruits

Dans le cadre de ses travaux de recherche, le chercheur Diarra a consacré une bonne partie de son temps à valoriser le marc de petits fruits (déchet constitué de la peau et des graines de petits fruits) dans le but de mettre au point des solutions qui peuvent contribuer à résoudre des problèmes de maladies chez les animaux d’élevage tout en brisant la résistance aux antimicrobiens. Il s’avère que le marc de petits fruits cache un potentiel excitant!

Dans le cadre de la présente étude, l’équipe de Diarra a analysé les propriétés antimicrobiennes des marcs de la canneberge à gros fruits (Vaccinium macrocarpon) et du bleuet sauvage (V. angustifolium).

Pour ce faire, elle a étudié le microbiome cæcal (une partie du gros intestin) de deux groupes de poulets de chair : un groupe de poulets vaccinés et un groupe de poulets non vaccinés contre la coccidiose. Les 2 groupes ont été nourris pendant 21 jours avec les diètes comparées suivantes :

  • Diète sans supplément
  • Diète supplémentée avec de la bacitracine, un antibiotique
  • Diète supplémentée avec du marc de canneberge (MC) ou du marc de bleuets (MB)
  • Diète supplémentée avec une combinaison des deux marcs (MC + MB)

Après les essais de différentes diètes, des échantillons d’ADN cæcal ont été extraits et analysés. Les oiseaux vaccinés contre la coccidiose présentaient un comptage plus faible de la bactérie Lactobacillus, un probiotique potentiel (une « bonne » bactérie), et un comptage plus élevé d’E. coli que les oiseaux non vaccinés. Cependant, le comptage le plus élevé de Lactobacillus a été observé chez les oiseaux nourris uniquement avec du marc de petits fruits. Ces oiseaux présentaient également la plus faible quantité de matériel génétique responsable de la résistance aux antimicrobiens (gènes de résistance aux antimicrobiens). Ces résultats suggèrent que les poulets de chair dont la diète est supplémentée avec du marc de petits fruits présenteront un meilleur microbiome intestinal composé d’une quantité élevée de bonnes bactéries et d’une faible quantité de mauvaises bactéries et de gènes de résistance aux antimicrobiens, et une réponse immunitaire générale accrue.

Le chercheur Diarra et son équipe ont également étudié l’utilisation d’un extrait riche en polyphénols préparé à partir de marc de canneberge pour lutter contre les E. coli résistants aux antimicrobiens. Ils ont évalué sur huit souches différentes d’E. coli, les activités antimicrobiennes de l’extrait utilisé seul ou en combinaison avec de la ceftriaxone, un antibiotique. Pour déterminer la sensibilité de chaque souche d’E. coli à l’extrait, ils ont évalué différentes concentrations de l’extrait combiné à la ceftriaxone afin de trouver la combinaison de base la plus efficace pour inhiber la croissance d’E. coli dans le temps. Les résultats de l’étude ont permis d’établir la concentration minimale inhibitrice (CMI) de l’extrait en combinaison avec de la ceftriaxone pour lutter contre tous les E. coli. Cette étude a montré que l’extrait augmentait les activités antimicrobiennes de la ceftriaxone contre les E. coli résistants, ce qui constitue un argument convaincant en faveur de l’ajout d’extraits de petits fruits à l’alimentation des poulets de chair pour lutter contre les infections à E. coli.

Les résultats ne s’arrêtent pas là. Dans une étude subséquente visant à déterminer l’activité de produits à base de petits fruits contre Salmonella enteritidis, communément appelée salmonelle, le chercheur Diarra a obtenu des résultats prometteurs. L’efficacité d’extraits de marc de canneberge a été évaluée pour empêcher la colonisation des cellules de foie de poulet par les salmonelles. Les résultats ont montré une réduction du taux d’adhésion et d’invasion des cellules hépatiques des poulets par les salmonelles. En bref, les extraits de marc de canneberge offrent des effets protecteurs contre les salmonelles, un avantage que l’on commence à peine à comprendre.

Le potentiel du marc de petits fruits

Les résultats du chercheur Diarra et de son équipe semblent prometteurs et pourraient déboucher sur l’exploitation des avantages offerts par le marc de petits fruits pour préserver la santé intestinale des poulets et lutter contre les agents pathogènes. Leurs travaux peuvent soutenir la mise au point de produits dérivés de petits fruits qui constituent des solutions de rechange économiques pour lutter contre les bactéries pathogènes qui infectent les poulets à griller et atténuer les risques de contamination des chaînes d’approvisionnement, des élevages à la table. Les composés antimicrobiens et antioxydants des canneberges et des bleuets peuvent renforcer le système immunitaire des poulets à griller au début de leur vie en améliorant leur microbiote intestinal. La réduction des déchets de petits fruits et l’amélioration de la santé des poulets ? Une solution où tout le monde y trouve son compte.

Principales découvertes et avantages

  • Les marcs de canneberges et de bleuets sauvages d’Amérique (déchets de peau et de graines des petits fruits) contiennent des quantités considérables de polyphénols aux propriétés antimicrobiennes et antioxydantes — un attribut majeur qui présente un potentiel pour lutter contre les bactéries pathogènes néfastes.
  • Lorsque le marc de petits fruits est ajouté aux aliments servis aux poulets de chair, il s’avère utile pour lutter contre les bactéries et la résistance aux antibiotiques chez les poulets de chair (vaccinés ou non contre la coccidiose). Ces résultats portent à croire que ces petits fruits pourraient être utilisés pour gérer l’apparition et la propagation de bactéries résistantes aux antimicrobiens qui peuvent être néfastes pour la santé des poulets et des humains.
  • On pourrait valoriser le marc de petits fruits comme matière première en le transformant en composés économiques pour l’utiliser comme solution de rechange aux antibiotiques classiques ou comme traitement d’appoint afin de lutter contre les bactéries pathogènes résistantes aux antimicrobiens qui sont associées chez les volailles à un faible système immunitaire, à une mauvaise santé intestinale et à un taux de mortalité précoce.

Galerie de photos

Sacs de marcs de canneberge et de bleuets séchés sur un comptoir de laboratoire

Les marcs de canneberges et de bleuets séchés — constitués de la peau et des graines des petits fruits — sont les matières premières que le chercheur Diarra utilise pour préparer des extraits dans le cadre de ses travaux de recherche sur les bactéries pathogènes.

Jeunes poulets à griller près d’une mangeoire

Les poulets à griller sont élevés expressément pour leur chair et sont abattus vers l’âge de 4 à 6 semaines.

Fruits mûrs de canneberges

Les canneberges et les bleuets sauvages sont riches en agents antimicrobiens polyphénoliques, des ingrédients qui pourraient atténuer les infections causées par des bactéries pathogènes néfastes telles que E. coli et Salmonella chez les poulets de chair.

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