Les scientifiques d'AAC appuient la mise au point d’un outil de prévision des risques afin d’aider les agriculteurs des Maritimes à prévoir l'arrivée de la fusariose de l’épi dans les cultures céréalières

Vous voulez faire peur à un producteur céréalier? Dites « fusariose de l’épi ». Cette maladie fongique, souvent simplement appelée « fusariose », fait partie des maladies céréalières les plus destructrices, causant chaque année des milliards de dollars de dégâts aux cultures dans le monde entier. L'infection par la fusariose peut entraîner une décoloration ou un blanchiment des têtes des plantes céréalières et contaminer les grains avec une toxine appelée déoxynivalénol, ou DON. Le DON est toxique pour les humains et le bétail lorsqu'il est ingéré. Au fur et à mesure que la maladie se développe, ses spores peuvent se propager facilement pendant les pluies et infecter d'autres plantes céréalières. Lorsque cela se produit, il est beaucoup trop tard pour que les agriculteurs puissent lutter contre la maladie.

Il est très difficile pour les agriculteurs de lutter contre la fusariose puisque la maladie peut rester en dormance et provoquer une infection plus tard dans la saison. Cette maladie peut également se développer sans symptômes apparents et n'être détectée qu'après avoir soumis les grains récoltés à une épreuve de dépistage des toxines. Les agriculteurs peuvent penser que leurs cultures sont exemptes de fusariose, mais si les niveaux de toxines dépassent ceux établis dans les lignes directrices de l'Agence canadienne d’inspection des aliments, les céréales peuvent être jugées impropres à la consommation humaine et animale.

Compte tenu de ce que nous savons de la fusariose, il n'est pas surprenant que les agriculteurs et les chercheurs la prennent très au sérieux. Adam Foster, chercheur d’Agriculture et Agroalimentaire Canada à l'Île-du-Prince-Édouard, consacre une grande partie de son temps à trouver des moyens de lutter contre la fusariose dans les cultures céréalières des agriculteurs des Maritimes. Le climat estival chaud et humide des Maritimes en fait l'une des régions les plus propices au développement de la fusariose au Canada. Adam Foster pense que la gravité de la fusariose pourrait s’accroître avec les changements climatiques, l’augmentation des températures pendant la nuit devenant plus fréquente dans les Maritimes.

Comme c’est souvent le cas en agriculture, il s’agit de choisir le bon moment. Les conditions météorologiques étant un facteur majeur dans l'apparition de cette maladie dans les cultures céréalières, il est essentiel que les agriculteurs puissent prédire si les conditions environnementales locales sont favorables au développement de la fusariose et appliquer des traitements de lutte avant qu'ils ne puissent la voir. Lorsque les agriculteurs constatent une infection dans leurs cultures, il est trop tard.

Des affaires risquées

Les agriculteurs des Maritimes étant plus nombreux que jamais à cultiver des céréales, Adam Foster a voulu les aider à ajouter un outil précieux de lutte contre la fusariose à leur boîte à outils : les prévisions.

« Contrairement à leurs collègues d'autres régions du Canada, les agriculteurs des Maritimes n'ont pas eu accès aux mêmes outils de prévision de la fusariose, et cette augmentation du risque de maladie entraînant des pertes de récoltes les place dans une position concurrentielle désavantageuse par rapport aux agriculteurs d’autres régions. Nous avons entrepris d'égaliser les chances avec un outil de prévision des risques conçu spécifiquement pour les agriculteurs des Maritimes. »

- Adam Foster, chercheur, Agriculture et Agroalimentaire Canada

Le modèle de prévision mis au point par Adam Foster, en collaboration avec l'étudiante à la maîtrise Emily Johnstone et avec le soutien du Atlantic Grains Council et des producteurs des Maritimes, est simple. Ils ont compilé les données des stations météorologiques du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse et de l'Île-du-Prince-Édouard depuis 2010, ainsi que les données locales sur la fusariose. Grâce à ces renseignements, ils ont trouvé les modèles les plus efficaces pour prédire le risque de fusariose en fonction de la température et de l'humidité relative des sept jours précédents. Enfin, ils ont intégré ces modèles à un outil en ligne de prévision facile à utiliser. Les agriculteurs peuvent sélectionner leur culture, leur province ou leur région et la date à laquelle leur culture approche du stade de la floraison pour savoir s'il faut appliquer des fongicides pour lutter contre la fusariose.

L'outil en ligne, maintenant accessible sur le site Web du Atlantic Grains Council (en anglais seulement), permet aux agriculteurs de surveiller le risque de développement de la fusariose en fonction de la culture, de la province ou de la région et des conditions météorologiques. Cet outil leur fournit des renseignements utiles sur la nécessité d'appliquer des traitements de lutte (risque moyen ou élevé) ou de ne pas appliquer de traitements (risque faible). L’utilisation quotidienne de cet outil en ligne permettra non seulement de veiller à ce que les cultures céréalières demeurent saines et abondantes, mais pourrait également contribuer à réduire l'utilisation de fongicides, ce qui serait bénéfique pour l'environnement, tout en réduisant les coûts des intrants et en atténuant le développement d’une résistance aux fongicides attribuable au traitement excessif des cultures.

« Avec l'augmentation du nombre d'acres de céréales ensemencées dans les Maritimes, il est important que les producteurs disposent de tous les outils nécessaires pour tirer le meilleur parti de leurs cultures et d’en assurer la qualité, entre autres. L'outil de lutte contre la fusariose de l'épi récemment mis au point donnera à nos producteurs la possibilité de le faire. Les conditions météorologiques sont grandement instables, et les producteurs seront donc mieux préparés à effectuer des traitements fongicides, au besoin », explique Roy Culberson, président du Atlantic Grains Council.

Égaliser les chances

« Beaucoup d'agriculteurs se sont informés de la date de lancement de cet outil et je suis heureux de constater l'engouement qu'il suscite. Cet outil en ligne n'est pas seulement utile aux agriculteurs, mais aussi aux agronomes et aux spécialistes provinciaux de la vulgarisation ».

- Adam Foster, chercheur, Agriculture et Agroalimentaire Canada

Rien n'est plus imprévisible que les conditions météorologiques, c'est pourquoi Adam Foster, son équipe et le Atlantic Grains Council continuent de peaufiner l'outil en ligne en y intégrant les modèles les plus récents et en y ajoutant des données pluviométriques à haute résolution afin d'améliorer sa précision. Adam Foster intégrera également les commentaires que son équipe et lui-même reçoivent des agriculteurs au sujet de l'outil en ligne.

En agriculture, la concurrence est féroce pour l’obtention de bonnes données et de bons modèles de prévision. Mais comme la fusariose est une maladie agressive, Adam Foster propose un outil en ligne accessible à tous qui profite aux agriculteurs des Maritimes et aussi bientôt à ceux de l'ensemble du pays.

Principales découvertes et principaux avantages

  • Les conditions météorologiques étant un facteur majeur dans l'apparition de cette maladie dans les cultures céréalières, il est essentiel que les agriculteurs puissent prédire si les conditions environnementales locales sont favorables au développement de la fusariose et appliquer des traitements de lutte avant qu'ils ne puissent la voir.
  • Adam Foster, chercheur scientifique à AAC, et son équipe ont compilé les données des stations météorologiques des Maritimes depuis 2010. Grâce à ces données, ils ont identifié une formule permettant de calculer le risque de fusariose en fonction des températures et de l'humidité relative antérieures. Enfin, ils ont intégré cette formule dans un outil en ligne facile à utiliser, basé sur les recommandations du Atlantic Grains Council et des agriculteurs. Les agriculteurs peuvent sélectionner leur culture, leur province ou leur région et la date à laquelle leur culture approche du stade de la floraison pour savoir s'il faut appliquer des fongicides pour lutter contre la fusariose.
  • L'outil en ligne, maintenant accessible sur le site Web du Atlantic Grains Council (en anglais seulement), permet aux agriculteurs de surveiller le risque de développement de la fusariose en fonction des conditions météorologiques. Cet outil leur fournit des renseignements utiles sur la nécessité d'appliquer des traitements de lutte (risque moyen ou élevé) ou de ne pas appliquer de traitements (risque faible).
  • L'utilisation de l'outil en ligne permettra de veiller à ce que les cultures céréalières demeurent saines et abondantes, de réduire l'utilisation de fongicides, ce qui sera bénéfique pour l'environnement, de réduire les coûts des intrants et d’atténuer le développement d’une résistance aux fongicides attribuable au traitement excessif des cultures.

Galerie de photos

Un chercheur dans un laboratoire injectant une substance dans un tube à essai.
Adam Foster, son équipe et le Atlantic Grains Council ont conçu un nouvel outil en ligne pour aider les producteurs céréaliers des Maritimes à prévoir le développement potentiel de la fusariose de l'épi.
Photo montrant les dégâts causés par les maladies dans les cultures d'orge et de blé de printemps.
La fusariose contamine les céréales avec une toxine appelée déoxynivalénol, ou DON, qui provoque la décoloration ou le blanchiment des plantes.

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