Démonstration d'une utilisation réduite d'herbicides pour la lutte contre les dicotylédones dans les cultures de pomme de terre grâce à l'application en bandes des produits chimiques et au sarclage mécanique au Québec, à l'Île-du-Prince-Édouard et au

Code de projet : PRR10-120

Chef de projet

André Gagnon - ProgesT 2001 Incorporated

Objectif

Promouvoir l'adoption de la technologie d'application en bandes d'herbicides, et la transférer, comme méthode intégrée de gestion des mauvaises herbes qui permet de réduire l'utilisation des herbicides dans les cultures commerciales de pommes de terre au Québec (QC), l'île du Prince-Édouard (ÎPÉ) et Nouveau-Brunswick (NB)

Sommaire des résultats

Contexte

La majorité des producteurs de pommes de terre ont actuellement recours à la pulvérisation d’ensemble à grande échelle d’herbicides pour lutter contre les mauvaises herbes. Cela résulte à l’utilisation d’une grande quantité d’herbicides et a augmenté les risques de résistance chez les mauvaises herbes. Des études précédentes ont démontré que le désherbage est aussi efficace et le rendement de pomme de terre est comparable lorsqu’on pulvérise des herbicides en bandes. La technique consiste à pulvériser l’herbicide seulement sur les rangs des plantes et permet de réduire de façon significative la quantité d’herbicides utilisée L'herbicide est pulvérisé soit au moment de la plantation, de la prélevée ou de la postlevée de la culture et les mauvaises herbes entre les rangs sont contrôlées au moyen du sarclage mécanique.

Le but du présent projet était de démontrer la faisabilité et les avantages de la technique d’application des herbicides en bandes à l’échelle commerciale, donc dans les fermes de pommes de terre commerciaux au QC, ÎPÉ et NB.

Méthodes

Dans le premier an du projet, le travail consistait de la planification, entente avec les collaborateurs et fermes participantes dans les trois provinces, le design et la construction de kits nécessaire à modifier les équipements (planteurs, sarcleurs, pulvérisateurs) pour permettre le traitement en bandes, préparation des protocoles d’essais et la promotion du projet. Les essais de démonstrations ont été réalisés à la saison de croissance 2011 sur un total des 19 sites des cultures de la pomme de terre dans les trois provinces: 13 au QC, quatre au NB et deux à ÎPÉ. Le nombre élevé de sites a permis d’assurer une représentativité de différents types de sols, de climats, de cultivars et de marchés de la pomme de terre. La technique d’application en bandes combinée au désherbage mécanique a été comparée à la technique conventionnelle pleine largeur employée habituellement par l’entreprise. Des parcelles de démonstration d’un minimum de deux hectares des champs commerciales étaient utilisées.

L’application d’herbicide en bandes consistait d’une pulvérisation d’environ 46 cm de largeur sur les rangs (au lieu de 91,5 cm largeur total entre les rangs), donc presque la moitié de la surface traitée par rapport à l’arrosage conventionnel. L’application de l’herbicide s’est fait en prélevée, c’est-à-dire au stade fendillement, ou en post levee hâtive, utilisant une buse Teejet, Bleue (8003EVS) ou jet plat (60057), à 40 psi. Pour traiter les entre rangs, un ou plusieurs passages de sarcleur mécanique ont été réalisés, en fonction de la pratique courante sur l’entreprise et la pression des mauvaises herbes. Dans les parcelles conventionnelles, seulement une pulvérisation en pleine largeur était réalisée. Parmi les herbicides utilisés étaient Lorox, Gramoxon et Sencor appliquées suivant les doses de l’étiquette respective.

Un dépistage des mauvaises herbes a été réalisé 10, 20 et 30 jours après le traitement, et le rendement des cultures a été mesuré afin d’évaluer l’effet du traitement herbicide en bandes par rapport à traitement pleine largeur.

Résultats

Sur l’ensemble, le projet d’application d’herbicides en bandes jumelée à un désherbage mécanique a présenté un bilan positif et cette technique s’est avérée aussi efficace que le traitement plein largeur. Très peu de différences, et aucune dans certain cas, ont été obtenues entre le traitement en bandes et le traitement conventionnel pleine largeur, autant pour les mauvaises herbes répertoriées que pour le rendement en pommes de terre.

Par exemple, au site St-Paul, QC, le rendement total était 46.2 tonnes par hectare (t/ha) dans les cultures traitées en bande par rapport à 48.2 t/ha dans les unes traitées en pleine largeur, pendant que dans un autre site à Mont-Carmel, QC, les rendements étaient 24.1 t/ha et 15.9 t/ha, respectivement. Ces essais ont démontrés que l’application en bandes permet de réduire de 50 p. 100 la quantité d’herbicides appliquée dans ces parcelles. Si come seulement la moitié de surface des cultures était traitée, la moitié de la quantité d’herbicide était utilisé dans ces cultures, bien que la dose était la même que prescrit à l’étiquette. La technologie combinant désherbage chimique et mécanique peut permettre des économies pour le producteur et une charge réduite en pesticides pour l'environnement, offrant la possibilité de ralentir le développement de la résistance aux herbicides chez les mauvaises herbes.

Parmi les aspects à surveiller de la technique figurent notamment : la tendance des producteurs à vouloir réduire le nombre de passages de travail mécanique du sol (particulièrement les producteurs de l’ÎPÉ) qui est fortement incompatible avec l’application en bandes, ainsi que l’alignement des jets avec le dessus des buttes qui peut être problématique. Dans ce dernier cas, l’utilisation d’un système de localisation GPS pour contrôler la conduite des équipements permet de remédier à cette problématique avec une très grande précision. L’application d’herbicide à la plantation (sur le planteur) ou lors du sarclage (sur le sarcleur/butteur) permet également de contourner ces deux problématiques.

Plus de 25 producteurs et intervenants du secteur ont été impliqués directement dans les démonstrations couvrant près de 50% de la superficie totale en pommes de terre au Canada. Plusieurs journées d’information et de démonstration ont eu lieu au cours de l’été 2011 sur différents sites au QC, au NB et à ÎPÉ, afin de communiquer les résultats du projet aux producteurs, agronomes, techniciens et représentants des secteurs gouvernementaux et privé de ces régions. De façon générale et pour l’ensemble des sites, les producteurs ont été très satisfaits des effets observés. La technique a donc prouvé son efficacité et offre une option adéquate pour les producteurs de réduire leur utilisation de pesticides.

Pour plus d’information au sujet de cette étude, veuillez contacter André Gagnon.