Enquête sur l'Appât pour mouches à fruits GF-120 pour la suppression des populations de la mouche de la carotte dans l'Est du Canada et en Colombie-Britannique

Code du projet : PRR15-030

Chef de projet

Suzanne Blatt - Agriculture et Agroalimentaire Canada

Objectif

Évaluer le potentiel de l’Appât pour mouches à fruits GF-120MC pour éliminer ou réduire les populations de mouche de la carotte

Sommaire des résultats

Contexte

La mouche de la carotte, Psila rosea, est un ravageur important de la carotte pour lequel on compte peu de stratégies de lutte antiparasitaire. À l’heure actuelle, les producteurs biologiques ne disposent d’aucun produit homologué pour éliminer la mouche de la carotte ou lutter contre cet insecte qui peut leur dérober jusqu’à 25 % de leurs récoltes. Dans certaines régions, les producteurs classiques craignent que les insecticides homologués à l’heure actuelle soient inefficaces en raison de l’acquisition de résistance à ces insecticides. L’élaboration d’approches différentes pour lutter contre la mouche de la carotte est devenue une priorité d’Agriculture et Agroalimentaire Canada dans le cadre de la Stratégie de réduction des risques liés aux pesticides pour les insectes nuisibles aux carottes, aux panais et aux oignons.

Le GF-120MC, dont la formulation contient du spinosad, est un insecticide homologué au Canada et aux États-Unis, où il est également certifié par l’Organic Materials Review Institute (OMRI) pour les cultures biologiques. Le spinosad est peu toxique pour les mammifères, il a peu d’effets sur l’environnement et convient aux programmes de lutte intégrée contre les organismes nuisibles. Le petit volume requis et la faible concentration de matière active utilisée (1,5 Litres de produit par hectare (L/ha)) pourraient offrir une solution à risque réduit répondant aux besoins des producteurs tant biologiques que classiques. Ce projet d’un an permettra d’évaluer le potentiel du produit dans la lutte contre les populations de mouche de la carotte dans les champs des agriculteurs partenaires en Colombie-Britannique et sur l’Île-du-Prince-Édouard.

Approche

Deux méthodes ont été utilisées pour tester le produit : application par pulvérisation du produit directement sur le feuillage des plantes et utilisation de points d’appât contenant le produit disposés sur le périmètre du champ. Des pièges collants jaunes ont été placés sur chaque parcelle ou à proximité de chaque point d’appât et vérifiés deux fois par semaine pour évaluer l’émergence des mouches de la carotte et le développement des populations pendant la saison de croissance. Les traitements ont été faits lorsque le nombre de mouches avait atteint le seuil économique, selon ce que montraient les pièges collants jaunes. Lors de la récolte, les chercheurs ont prélevé des échantillons de carottes près de chacun des pièges collants pour évaluer les dommages qu’elles avaient subis.

L’essai d’application par pulvérisation a été fait à l’Île-du-Prince-Édouard et comprenait trois traitements : témoin (pas de pulvérisation); Matador® 120EC (lambda-cyhalothrine, produit industriel standard homologué) à raison de 83 millilitres par litre; et GF-120MC à raison de 1,5 L/ha. Chaque traitement a été réalisé selon un plan en carré latin avec trois répétitions. Des zones tampons ont été établies entre les traitements pour éviter la contamination entre les parcelles. Le GF-120MC a été appliqué avec un pulvérisateur dorsal. Les études préliminaires sur le potentiel des points d’appât pour éliminer la mouche de la carotte ont été réalisées dans des exploitations biologiques de la Colombie-Britannique et dans une exploitation classique de l’Île-du-Prince-Édouard.

Résultats

Dans l’essai sur la pulvérisation du produit effectué à l’Île-du-Prince-Édouard, les populations de mouche de la carotte ont atteint et dépassé le seuil économique durant la saison de culture. Le GF-120MC a été appliqué à huit reprises durant la saison, surtout à cause de la pluie, comparativement à trois applications du Matador® 120EC. Les dommages observés dans les parcelles traitées au GF-120MC (5,5 %) n’étaient pas significativement différents de ceux observés dans les parcelles témoins (7,5 %), mais les dommages constatés dans les parcelles témoins et celles traitées avec le GF-120MC étaient significativement plus importants que ceux constatés dans les parcelles traitées avec le Matador® 120EC (3,5 %). Dans cette étude, le GF-120MC appliqué par pulvérisation ne s’est pas révélé une solution de rechange économiquement viable au produit standard classique.

En Colombie-Britannique, les populations de mouche de la carotte étaient très peu denses en raison de la sécheresse, et le produit n’a pas pu être évalué sur l’île de Vancouver. Dans un champ de la vallée du bas Fraser, la population a atteint le seuil économique (selon le nombre d’individus sur les pièges collants jaunes) tard dans la saison, mais les dommages étaient inférieurs à 1 %, pour tous les traitements. Dans les deux champs contenant des points d’appât à l’Île-du-Prince-Édouard, les populations n’ont pas atteint le seuil économique, et aucune comparaison n’a pu être faite. Dans l’essai fait avec les points d’appât, la pression des insectes n’était pas suffisante pour évaluer l’efficacité du produit ou alors les résultats n’étaient pas statistiquement significatifs. Même si les résultats de l’essai sur les points d’appât n’étaient pas concluants, cette tactique pourrait être explorée plus à fond dans le cadre d’une approche de gestion de lutte intégrée contre la mouche de la carotte.