Créé en 2020, le Conseil canadien de la jeunesse agricole (CCJA) d'Agriculture et Agroalimentaire Canada est composé de 20 à 25 jeunes Canadiens œuvrant dans le secteur agricole et agroalimentaire. Les membres du Conseil, représentants de divers milieux et ayant des intérêts différents dans le secteur, offrent des conseils et communiquent de l'information sur l'orientation des politiques et des programmes qui ont une incidence sur le secteur agricole et agroalimentaire. Ils rencontrent aussi régulièrement la ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, Marie-Claude Bibeau, pour partager leur point de vue sur divers aspects du monde de l'agriculture.
Le CCJA représente la prochaine génération de professionnels de l'alimentation et de l'agriculture. Ils représentent l'avenir et adoptent les technologies les plus récentes pour promouvoir une agriculture durable et productive au Canada et dans le monde entier. Lisez les histoires de quatre membres qui utilisent l'innovation pour changer l'avenir de l'agriculture :
David Simmonds — Frédéricton, Nouveau-Brunswick
Qu'est-ce que la télédétection?
La télédétection est une méthode de mesurage d'une zone géographique à distance, en utilisant des caméras ou d'autres instruments montés sur des drones, des aéronefs et des satellites. Les chercheurs peuvent mesurer la lumière réfléchie sur la Terre afin d'en apprendre davantage sur le climat, les conditions météorologiques et les formes du relief, par exemple. Dans le secteur agricole, la télédétection permet aux chercheurs d'en apprendre davantage sur les cultures sans avoir à se rendre physiquement sur le terrain.
De la forêt à la ferme
Lorsqu'un recruteur universitaire lui avait suggéré la foresterie comme plan de carrière, David Simmonds avait jugé que c'était l'occasion parfaite de combiner sa passion pour l'environnement à son amour de la science. Mais il s'est avéré que la foresterie avait encore bien plus à offrir : David s'est ainsi intéressé aux technologies de télédétection, qui ont changé sa façon de voir le monde.
« J'ai réalisé que vous pouvez accomplir bien des choses grâce aux simulations informatiques et à la télédétection, explique David. Si vous faites bien les choses, vous pouvez compter sur la technologie pour réaliser une bonne partie de vos mesures. »
David était fasciné par les possibilités offertes par la télédétection, et il savait que cette technologie pourrait l'aider à changer les choses. Lorsqu'une jeune entreprise de technologie agricole locale a affiché un poste de chercheur expérimenté en télédétection, David a décidé de passer de la forêt au champ.
Alors qu'il se familiarisait avec le secteur agricole, David s'est rendu compte qu'un champ cultivé est un mini-écosystème, et tout comme une forêt, il est affecté par le climat. Il n'est pas inhabituel que les saisons de croissance varient d'une année à l'autre, mais les tempêtes et les vagues de chaleur inattendues font en sorte qu'il est plus difficile pour les agriculteurs de prévoir avec précision leurs récoltes. Les rendements des agriculteurs ont une incidence sur l'ensemble du système alimentaire, et comme de nombreux producteurs sont confrontés à l'incertitude, David s'est tourné vers la télédétection pour trouver une solution.
Vue d'ensemble
Avec l'aide de satellites, David et son équipe recueillent des données à partir d'images que leurs ordinateurs peuvent utiliser pour identifier des tendances. Chaque échantillon ajouté permet d'affiner les prédictions informatiques au fil du temps.
Grâce à cette technologie, David peut dresser une vue d'ensemble de nombreuses exploitations agricoles. Comme il l'explique : « Il faudrait beaucoup de temps à des humains pour traiter toutes ces informations. Les ordinateurs peuvent traiter de très nombreuses sources de données pour établir des liens entre différentes observations. »
En plus d'aider à comprendre comment les changements climatiques influent sur les cultures, la télédétection peut permettre à David et à son équipe d'observer des pratiques agricoles durables, comme la préparation limitée du sol, pour aider à prévenir l'érosion du sol. Sans avoir à se rendre physiquement sur un champ, David peut néanmoins déterminer à quel moment il a été labouré et programmer un ordinateur pour surveiller continuellement le mouvement des sols dans le champ, ce qui permet aux agriculteurs de vérifier s'ils atteignent leurs objectifs de durabilité.
David est heureux de mettre à profit son expertise en matière de télédétection au Conseil de la jeunesse. Dans notre monde en constante évolution, à mesure que de nouvelles technologies deviennent disponibles, David sait qu'il est tout aussi important d'améliorer les solutions actuelles que d'en créer de nouvelles : « Une solution que vous développez aujourd'hui devra peut-être être ajustée dans quelques années. C'est important d'écouter les autres et de pouvoir s'adapter rapidement. »
Boma N-Chris — Winnipeg, Manitoba
On change de champ, et de domaine
Qu'est-ce que la sélection des végétaux et l'analyse de variétés?
La sélection des végétaux est le processus utilisé pour cultiver des plantes de manière à obtenir des qualités spécifiques. Par exemple, les plantes peuvent être sélectionnées de manière à conserver des qualités qui améliorent la nutrition ou augmentent le rendement, tout en éliminant des caractéristiques qui diminuent leur durée de vie. Une fois le processus de sélection terminé, les essais de variétés permettent de comparer les semences obtenues à des facteurs externes, comme le climat et les maladies, afin de déterminer quelles semences ont un meilleur rendement.
Plus jeune, Boma N-Chris n'était pas familière avec le secteur agricole. Elle s'intéressait au génie depuis l'enfance, et avait entrepris des études dans ce domaine. Mais elle avait toujours eu, aussi, la volonté d'essayer de nouvelles choses. Tout a changé pour elle lorsqu'elle a choisi de suivre un cours sur les politiques alimentaires. Cela avait été pour elle une véritable révélation, et elle a commencé à percevoir l'agriculture non seulement comme un secteur rempli de possibilités, mais aussi comme un domaine où ses connaissances et ses compétences pourraient faire une réelle différence. Elle a décidé de changer de domaine d'études.
« Comme je suis native du Nigéria, j'ai pu constater directement la prévalence de l'insécurité alimentaire. Il y a deux côtés à cette médaille : il peut être tellement difficile d'obtenir des aliments de grande qualité, mais il y a aussi bien du gaspillage alimentaire, explique Boma. Ça n'a pas toujours à être comme ça, et il y a des façons de combler cet écart. »
Après avoir obtenu son diplôme, Boma s'est jointe à Agronomix, un développeur de logiciels spécialisé dans la sélection des végétaux et la mise à l'essai des variétés. Dans cet environnement, elle a découvert qu'elle pouvait contribuer à faire germer la semence d'une solution durable à l'insécurité alimentaire. La sélection des végétaux et la génétique n'étaient pas un intérêt naturel pour Boma, mais son ouverture d'esprit et sa volonté de se dépasser lui ont donné la confiance nécessaire pour en faire une carrière.
De meilleures semences avec l'informatique
Boma a pu constater à quel point la sélection des végétaux peut être un processus long et compliqué. Comme la croissance des végétaux nécessite bien du temps, il peut s'écouler des années avant que les phytogénéticiens puissent obtenir une plante aux traits désirés. La gestion de toutes ces données peut ralentir le processus de sélection, et Boma voulait aider les phytogénéticiens et les testeurs à tirer le meilleur parti de leur temps.
Grâce à un logiciel spécialisé élaboré pour la sélection et les essais de végétaux, les données ne sont pas seulement suivies : elles prennent vie.
« Le logiciel aide directement les phytogénéticiens, explique Boma. Il guide les chercheurs tout au long du processus, en les aidant à décider quelles qualités conserver et quelles qualités éliminer pour obtenir des plantes plus résilientes. »
Le logiciel conçu par Boma et son équipe automatise des éléments du processus de sélection en utilisant les données recueillies au fil du temps pour déterminer les prochaines étapes de la création de nouvelles plantes et variétés. Les plantes sont naturellement restreintes en fonction de leur environnement immédiat, mais la sélection des végétaux permet d'obtenir des variétés capables de prospérer dans de nouveaux environnements. Avec l'accroissement de la population mondiale, la création de nouvelles variétés à rendement plus élevé renforce la productivité des terres agricoles et augmente la disponibilité alimentaire.
Pour Boma, les phytogénéticiens et les testeurs de variétés sont essentiels pour réduire l'insécurité alimentaire. Son intérêt naturel à essayer de nouvelles approches l'a aussi amenée au Conseil de la jeunesse, et elle est ravie de partager ses connaissances avec ses collègues. Avec Boma et son équipe d'Agronomix qui travaillent en coulisses, les phytogénéticiens peuvent tirer le meilleur parti de leurs données et passer plus de temps à améliorer leurs plantes.
Andrea De Roo — Indian Head, Saskatchewan
Quelque chose dans le sol
Qu'est-ce que l'humidité du sol?
L'humidité du sol est la quantité d'eau dans le sol qui joue un rôle important dans la structure du sol et la croissance des végétaux. Ce n'est pas toute l'eau du sol qui est accessible aux plantes, et la quantité d'eau présente peut varier en fonction des conditions météorologiques et climatiques. Comme l'humidité du sol peut varier d'un champ à l'autre, le suivi est important, surtout dans le contexte des cultures sans irrigation.
Ayant grandi sur la ferme familiale d'élevage de bovins et d'aridoculture, Andrea De Roo savait dès l'enfance qu'elle ferait carrière en agriculture. Elle avait toujours pensé qu'elle élèverait des animaux, mais un cours de sciences végétales lui a fait réaliser que le sol proposait de plus gros casse-têtes à résoudre.
L'agriculture des terres arides pose des défis uniques. Dans ces environnements, il n'existe pas de plans d'eau utilisables comme source d'irrigation, de sorte que les agriculteurs doivent planifier soigneusement pour maximiser leur rendement. « Dans le secteur agricole, chaque année est différente, explique Andrea. Une grande partie de notre production dépend de l'environnement et des conditions météorologiques, ce qui signifie qu'il faut pouvoir planifier en fonction de facteurs hors de notre contrôle. »
Outre la pluie, l'humidité du sol est la seule autre source d'irrigation pour un agriculteur exploitant des cultures sans irrigation. S'il n'est pas possible de déterminer exactement la quantité d'humidité dans le sol, la planification des cultures devient un véritable jeu de devinettes. Mais un élément avait bien attiré l'attention d'Andrea : pourrait-on trouver un moyen d'éliminer les conjectures et de maximiser le potentiel d'un champ en déterminant la quantité exacte d'eau disponible dans le sol?
C'était une question importante, et Andrea savait qu'elle devait creuser un peu plus pour trouver une réponse.
Rester à l'écoute
En plus de l'agriculture, Andrea travaille comme directrice agronomique pour l'entreprise Crop Intelligence. Lorsque son entreprise a reçu de nouvelles stations météorologiques pour la lutte antiparasitaire, elle a eu l'occasion d'installer des sondes d'humidité dans le sol. Une fois les sondes en place dans le sol, l'équipe d'Andrea a eu une idée : Serait-il possible d'adapter les sondes pour mieux comprendre le potentiel de rendement et la santé des végétaux?
Au moyen des stations météorologiques et d'autres applications numériques, Andrea et son équipe ont été ravis de constater que les sondes pouvaient effectivement recueillir des données sur l'humidité du sol et, avec un minimum de calculs, estimer le potentiel de rendement des cultures en fonction de l'eau disponible. Cette percée a permis aux agriculteurs de mieux fixer leurs objectifs de rendement et de soutenir leurs cultures par l'apport de suppléments nutritifs et la lutte antiparasitaire.
« Si les précipitations et l'humidité du sol sont plus importantes que prévu, vous pouvez fixer un objectif de rendement plus important », explique Andrea. L'inverse est également vrai : « S'il y a moins d'eau et que le rendement potentiel n'est pas là, vous n'utiliserez pas vos réserves inutilement. »
Les technologies de pointe permettent aux agriculteurs de mieux connaître leurs champs, et Andrea se réjouit à l'idée de partager ses connaissances et son expérience avec le Conseil de la jeunesse. Il s'agit d'un casse-tête difficile à résoudre, mais Andrea adore donner aux agriculteurs la confiance nécessaire pour cultiver davantage lorsqu'ils le peuvent et leur offrir la tranquillité d'esprit pendant les saisons à faible rendement.
B. Pratyusha Chennupati — Calgary, Alberta
Une carrière florissante
En Inde, B. Pratyusha Chennupati a passé les étés de sa jeunesse à cultiver des arachides et des poivrons sur la ferme de son grand-père. Mais c'est seulement lorsqu'elle a commencé à travailler sur un projet pendant ses études en génie chimique qu'elle a réalisé comment l'agriculture pourrait être pour elle plus qu'un simple passe-temps. Alors qu'elle aidait les producteurs de fleurs de la région à protéger leurs récoltes en produisant un fongicide à faible coût, son amour de l'agriculture est venu changer toute sa carrière.
Une maîtrise en sciences végétales lui a permis de trouver un emploi dans le secteur agricole canadien en tant que gestionnaire de la réglementation au sein d'entreprises de génie chimique et biologique conventionnelles. En assurant le lien entre les nouveaux produits de son entreprise et les organismes de réglementation, B. a su conjuguer sa passion pour l'agriculture et ses objectifs de carrière. « J'ai réalisé que même si vous avez un excellent produit, personne ne peut en bénéficier si vous ne savez pas comment communiquer efficacement avec les organismes de réglementation », dit-elle.
Toutefois, son travail comportait également une autre dimension importante : trouver un équilibre entre l'innovation et la réglementation pour les nouveaux produits.
Mieux ensemble
Qu'est-ce que le processus réglementaire?
Le processus réglementaire permet de mettre sur le marché de nouveaux produits dans diverses industries grâce à des essais et à des évaluations rigoureux. Si les tests sont concluants, les entreprises peuvent soumettre leurs données à des organismes de réglementation, où des scientifiques les examinent pour s'assurer que le produit est sans danger pour les humains, les animaux et l'environnement. Le processus peut être long, mais la sécurité des consommateurs est la priorité absolue.
B. sait que l'approbation d'un nouveau produit peut exiger un long parcours, mais dans le cadre de son travail, elle voit le processus réglementaire comme un effort de collaboration entre toutes les parties concernées. « Les organismes de réglementation ne sont pas un obstacle; ce sont des alliés, explique B. Il est important de discuter avec eux, de comprendre leurs préoccupations et de leur fournir ce dont ils ont besoin pour les aider à prendre des décisions éclairées. »
En communiquant avec les organismes de réglementation tout au long du processus d'approbation, B. et son équipe peuvent comprendre le travail à effectuer et mener les tests appropriés pour leurs produits. Cela est particulièrement important lorsqu'ils testent un nouveau produit pour le marché, car il n'y a aucune base de comparaison et tous les tests doivent être effectués à partir de zéro. Mais en collaborant, l'équipe de B. et d'autres organismes de réglementation peuvent déterminer la meilleure façon d'évaluer un produit pour s'assurer qu'il est sécuritaire pour les Canadiens.
Les affaires réglementaires dans le domaine de l'agriculture touchent à tous les aspects du développement d'un produit ou d'une technologie, et jouent un rôle important en permettant de s'assurer que les agriculteurs ont accès aux outils les plus efficaces et les plus sécuritaires. Avec le Conseil de la jeunesse, B. espère que son expérience en affaires réglementaires démontrera que l'innovation et la réglementation ne sont pas un choix — c'est un partenariat.
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