La recherche qui fait le bonheur et la santé des vaches laitières

Pour les producteurs laitiers, rien n’est plus important que le bien-être et la santé de leurs animaux. Même s’ils ont beaucoup de connaissances en la matière, ils peuvent aussi compter sur des chercheurs dévoués et leurs équipes qui sont déterminés à améliorer les pratiques courantes. Ce n’est pas une mince tâche, et il faut parfois persister pendant des années avant que les fruits de leurs efforts se fassent ressentir à la ferme…

C’est le cas de Pierre Lacasse, chercheur pour Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) à Sherbrooke (Québec). Au début de sa carrière, il a suivi son instinct scientifique sur la santé des vaches laitières et a consacré des années de recherche à ce sujet. Ses découvertes font maintenant une véritable différence sur les exploitations agricoles du Canada. Pourtant, au départ, rien ne laissait présager qu’il deviendrait un jour une référence au pays.

Produire du lait, une performance d’athlète!

Produire du lait exige une grande quantité d’énergie pour la vache laitière. La première semaine qui suit la naissance d’un veau est tout à fait cruciale pour son bien-être.

« En termes de consommation d'energie, passer en mode lactation pour une vache équivaut à courir un marathon tous les jours pour un humain! La demande énergétique est énorme! Dans un délai d’un jour ou deux, elle passe d’un état où elle fournit l’énergie pour un veau qui grossit de 500 g par jour dans l’utérus à celui où elle produit de 25 à 30 kg de lait par jour. »
- Pierre Lacasse (Ph. D.), Chercheur scientifique, sciences animales, Agriculture et Agroalimentaire Canada

L’organisme de la vache peut s’adapter à une telle demande, mais cela prend quelques semaines. Entretemps, elle puise dans ses réserves afin de combler la différence entre ce qu’elle peut obtenir de ses aliments et ce dont elle a besoin pour survivre et produire du lait. Ce stress affaiblit son système immunitaire et peut entraîner des problèmes de santé.

Un parcours inattendu

Très tôt dans ses études, Pierre s’est intéressé à la complexité scientifique du processus de lactation des vaches. À l’époque, Pierre pensait que l’on pouvait améliorer la production laitière en identifiant les éléments clés favorisant le développement du pis et ceux qui limitent la production de lait.

Pierre Lacasse (Ph. D.) avec son équipe.

Vers la fin des années 1990, une série de données statistiques sur les vaches qui ont été retirées de la production laitière à long terme créa dans son esprit un déclic.

« Au Québec, de toutes les génisses laitières élevées, seulement la moitié étaient encore dans les troupeaux à la fin de leur deuxième période de lactation, se souvient-il. Ce taux de retrait élevé était principalement lié à des problèmes de santé et de reproduction. Il indiquait que notre manière d’élever nos animaux était mal adaptée aux vaches modernes. Cela lança ma carrière sur une nouvelle voie! »
- Pierre Lacasse (Ph. D.), Chercheur scientifique, sciences animales, Agriculture et Agroalimentaire Canada

Pierre eut dès lors l’intuition scientifique qu’il était possible de faire quelque chose. Il voulait utiliser toute sa créativité et ses connaissances en physiologie afin de réduire les problèmes de santé des vaches, comme celui de la mammite (infection du pis) ou de l’acétonémie (dérèglement causant perte d’appétit et diminution de la production de lait). Ces maladies sont difficiles pour les vaches et coûtent cher aux producteurs qui en prennent soin.

Avantages d’une traite partielle en tout début de lactation

Pierre était déterminé à trouver une solution au stress métabolique (déséquilibre biochimique du corps en réponse à une perturbation) vécu par beaucoup de vaches pendant la première semaine de lactation. Dès 2006, il a commencé ses essais. Son intuition? Imiter la nature. Réduire la quantité de lait demandée à la vache à chaque traite pendant les cinq premiers jours de lactation pour que cela ressemble à la demande d’un petit veau, qui tète souvent, mais à petites quantités au début.

Des années d’essais ont prouvé que son intuition était bonne. Avec la régie de traite partielle qu’il a développée pour les premiers jours de lactation, la santé des vaches s’améliore grandement.

Pierre a démontré qu’avec des traites partielles, seulement 6 % des vaches souffrent d’acétonémie, par opposition à 47 % avec la traite conventionnelle.

« Nos observations indiquent clairement que la traite partielle permet aux vaches de passer à travers cette période critique avec moins de stress métabolique et avec une meilleure immunité. »
- Pierre Lacasse (Ph. D.), Chercheur scientifique, sciences animales, Agriculture et Agroalimentaire Canada

Sur la base de ces résultats scientifiques, une méthode précise et facile à utiliser pendant les cinq premiers jours de lactation a été développée et testée à l’échelle commerciale par la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal au Québec. Le bien-fondé des recherches de Pierre est maintenant mis en évidence dans les exploitations laitières du Canada, où les producteurs laitiers adoptent sa méthode pour améliorer la santé de leurs troupeaux.

Tarissement : Comment pouvons-nous améliorer les choses?

Pour donner du repos aux vaches, les producteurs arrêtent habituellement de les traire deux mois avant la naissance du prochain veau. C’est la période de tarissement. C’est un autre domaine de recherche clé de Pierre parce que le tarissement est aussi très important pour la santé des vaches.

Pierre Lacasse (Ph. D.)

Il a par ailleurs mis au point un procédé qui empêche le cerveau de la vache d’envoyer au pis le signal de produire du lait. Cette méthode diminue la production laitière dès le début de la période de tarissement et en raccourcit la durée. Cela réduit grandement le risque de contracter une infection et la santé des vaches s’en trouve améliorée.

Et ce n’est pas tout! Pour réduire le risque d’infection, Pierre a cherché une solution de rechange à l’utilisation d’antibiotiques sur les trayons du pis pour traiter les infections pendant le tarissement. Aidé d’un chercheur d’AAC à Saint-Hyacinthe, il a créé un gel naturel à base de chitosane (composé de carapace de crustacés). Injecté dans les trayons, ce gel entraîne une réponse immunitaire légère et temporaire qui enclenche le processus de tarissement. Une fois au point, il pourrait devenir une solution de rechange aux antibiotiques pendant le processus de tarissement.

« Ce qui est le plus important pour moi dans mon métier, ce n’est pas d’être reconnu pour mes articles scientifiques. J’aime savoir que mes découvertes rejoignent les producteurs, sur leur ferme, et qu’elles répondent aux difficultés qu’ils rencontrent avec la santé de leurs vaches. C’est ce qui me tient à cœur! »

Dans les années à venir, Pierre continuera d’être le grand allié de tous ceux qui aiment prendre soin des vaches. Les solutions arrivent. Gardez l’œil ouvert!

 

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