Les premiers seize pour cent - EP 004

Les premiers seize pour cent est la nouvelle série de balados d’Agriculture et Agroalimentaire Canada qui explore les idées les plus fraîches en alimentation et en agriculture. À chaque épisode, découvrez en profondeur un nouveau sujet : les nouvelles pratiques, les idées innovantes et leurs impacts sur l'industrie. Apprenez-en davantage sur le secteur agricole canadien auprès des gens qui font les percées et abattent les barrières! Producteurs et gourmets, scientifiques et hauts dirigeants, toute personne ayant un œil sur l'avenir du secteur, ce balados est pour vous! Un nouvel épisode est publié chaque mois.

Épisode 004 - La mission de la Constellation RADARSAT : l’agriculture de l’espace

Découvrez la mission de la Constellation RADARSAT, les données qui en découlent, son application en agriculture et l’utilisation qu’en font les responsables de l’environnement qui travaillent avec les producteurs agricoles.

Dans cet épisode, nous discutons avec Andrew Davidson, chef de la Section des observations de la Terre d’AAC et Jacqui Empson Laporte, spécialiste en environnement pour le ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires Rurales de l’Ontario.

Transcription

Sara Boivin-Chabot : Bonjour, je m’appelle Sara Boivin-Chabot.

Kirk Finken : Et je suis Kirk Finken. Nous sommes vos fonctionnaires préférés - bientôt devenus.

Sara Boivin-Chabot : J’espère que vous êtes prêts à lancer votre cerveau dans l’espace.

Kirk Finken : Oui, j’ai mis mon casque.

Sara Boivin-Chabot : Il te va vraiment bien!

Kirk Finken : Je ne sais pas comment répondre à cela.

Sara Boivin-Chabot : Donc, vous avez entendu parler de l’utilisation d’images et de données satellitaires dans diverses situations, comme la surveillance de la vitesse et des effets des changements climatiques, la météo, et même l’espionnage.

Kirk Finken : Aujourd’hui, nous examinons l’application de cette technologie en agriculture.

Nous avons parlé à un membre de l’équipe de recherche d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, qui participe à la toute dernière mission de la Constellation RADARSAT lancée en juin 2019.

Narration : 5... 4... 3... 2... 1... allumage... décollage...

Andrew Davidson : Je m’appelle Andrew Davidson. Je suis le gestionnaire des Opérations d’observation de la Terre à Agriculture et Agroalimentaire Canada, et vous écoutez le balado Les Premières Seizes pourcent.

Kirk Finken : Alors, Andrew, pouvez-vous nous donner un aperçu?

En quoi consiste la mission de la Constellation RADARSAT?

Andrew Davidson : En bref, la mission de la Constellation RADARSAT, la MCR, est la plus récente contribution du Canada aux missions spatiales de radar à synthèse d’ouverture. Nous avons lancé RADARSAT-1 en 1995. La mission devait avoir une durée de vie opérationnelle d’environ cinq ans et elle a duré 17 ans. Puis, en 2007, nous avons lancé RADARSAT-2 et elle est encore en cours. Et en 2019, en juin 2019, nous avons lancé la mission de la Constellation de RADARSAT. Et la MCR est différente des autres missions parce qu’au lieu de simplement lancer un satellite, nous en avons lancé trois.

Kirk Finken : Donc, en juin 2019, c’est le lancement...?

Andrew Davidson : Oui

Kirk Finken : Maintenant, en janvier 2020 les données commençait vraiment à circuler.

Andrew Davidson : Oui, c’est en branle. Nous en sommes à l’étape de la mise en service. Nous avons vu des images. Nous avons vu la première image d’ingénierie en juillet, prise en survolant la région nord du Canada; c’était vraiment excitant à voir. Nous avons maintenant accès à certaines images, des images préopérationnelles. Nous les examinons. Nous en évaluons la qualité. Nous essayons de répondre à quelques questions grâce à ça; nous essayons de voir quelles seront les lacunes.

Kirk Finken : Mais lorsque nous avons vu les données... c’est devenu très concret à ce moment-là.

Lorsqu’on examine les ressources agricoles du Canada, la seule façon de vraiment surveiller ces ressources fréquemment est d’utiliser l’observation de la Terre depuis l’espace. Ces données nous permettent donc dorénavant de suivre, sur le plan opérationnel, les conditions tout au long des saisons de croissance, chose que nous n’avons jamais pu faire auparavant.

Kirk Finken : Mais qu’est-ce que ça change?

Andrew Davidson : Les gens disent souvent, par exemple, qu’est-ce que ça change pour les producteurs d’utiliser les données? Et la plupart des producteurs à qui je parle, 99 % d’entre eux, n’utilisent pas directement les données, n’est-ce pas, parce que, vous savez, il faut avoir certains logiciels et une certaine formation scientifique pour pouvoir utiliser ces données efficacement.

Ce qui change la donne, c’est la façon dont ces données seront utilisées par le gouvernement du Canada, mais aussi par le secteur privé, pour mieux surveiller ces ressources. Donc, quand on a des producteurs, par exemple, qui souscrivent à certains services, on commence à penser à des choses comme l’agriculture de précision. Et pour moi, c’est ce qui est vraiment stimulant, ce que nous avons vu avec le lancement de ces types de missions, c’est que ces données sont utilisées de toute une foule de façons innovantes. Des façons que nous n’aurions jamais pu imaginer auparavant, mais tout cela aidera à mieux servir le secteur agricole dans son ensemble en fournissant de l’information plus rapidement et de façon plus détaillée.

Kirk Finken : Vous parlez souvent de développer des outils. Que voulez-vous dire?

Andrew Davidson : Lorsque nous parlons d’outils, nous parlons de l’automatisation de ce processus, n’est-ce pas? Parce que vous pourriez le faire manuellement, mais en le faisant manuellement dans tout le Canada avec tant d’images sur un si grand territoire, il y a plus de place pour l’erreur et cela vous prendrait une éternité. Donc, il s’agit d’outils pour traiter les données. Des outils pour créer des cartes des cultures. Des outils pour, par exemple, modéliser le rendement des cultures. Pour modéliser l’humidité à la surface du sol. Et essentiellement, quand nous parlons d’outils, nous parlons de logiciels autonomes qui nous donnent un certain résultat, que ce soit des cartes du sol en temps quasi réel ou des cartes des cultures ou encore des prévisions de rendement... ce genre de choses.

Kirk Finken : Donc, vous parlez en fait des grandes cultures, des grands champs de culture ou s’agit-il de cultures diverses?

Andrew Davidson : Eh bien, pour la cartographie des cultures, nous obtenons le plus de détails possible; et certaines cultures sont très difficiles à distinguer de l’espace, par exemple les petites céréales. Mais nous cartographions probablement une vingtaine de catégories de cultures au pays. Bien sûr, nous nous intéressons aux grandes cultures, mais nous essayons aussi de cartographier les cultures sur surfaces réduites. Nous les incluons donc, et notre capacité à le faire s’améliore.

Sara Boivin-Chabot : Hé Kirk, tu sais, quand les scientifiques disent qu’ils ne savent pas exactement ce qui va en résulter? J'ai l'impression d'avoir besoin de plus de contexte ou d'explications. Cela me rend nerveux.

Kirk Finken : Oui, je sais, mais là, ce n’est pas comme un voyage sur une autre planète ou quelque chose du genre, il y a des gens de l’industrie qui meurent d’envie de mettre la main sur les données provenant de RADARSAT.

Sara Boivin-Chabot : Comme qui?

Kirk Finken : Comme Jacqui Empson Laporte, spécialiste de l’environnement au ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario. Appelons-la.

Salut, Jackie! C’est Kirk. Comment allez-vous?

Jacqui Empson Laporte : Je vais très bien, merci.

Kirk Finken : Bien. J’ai quelques questions à vous poser.

Alors, comment utilisez-vous les données satellitaires et cartographiques d’AAC?

Jacqui Empson Laporte : Le projet de télédétection a changé et facilité mon travail de gérance environnementale de deux façons différentes. Il nous aide à être plus proactifs et à anticiper les enjeux plutôt que de simplement réagir en cas de problèmes. Par exemple, si nous pouvons voir qu’il y a une tendance à l’augmentation de la production de maïs ou de soya, nous pouvons examiner notre contrôle de l’érosion, nos programmes d’adoption des cultures de couverture, et nous pouvons axer nos programmes de sensibilisation et de financement sur ce genre de pratiques exemplaires de gestion.

La deuxième façon dont la télédétection m’a aidé dans mon travail de gérance de l’environnement, c’est qu’elle m’a donné une source d’information fiable et crédible sur laquelle je peux me fier année après année. Et cette continuité est très, très importante. Donc, non seulement je peux voir les tendances géographiques sur une année, mais je peux voir les tendances sur plusieurs années. Je peux donc voir si les choses changent, et cette source d’information crédible et fiable est inestimable.

Kirk Finken : Et comment cela a-t-il évolué? La télédétection et la cartographie à distance; en quoi cela a-t-il changé votre travail de gérance environnementale au cours des dernières années?

Jacqui Empson Laporte : Le projet de télédétection a changé et facilité mon travail de gérance environnementale de deux façons différentes. Il nous aide à être plus proactifs et à anticiper les enjeux plutôt que de simplement réagir en cas de problèmes. Par exemple, si nous pouvons voir qu’il y a une tendance à l’augmentation de la production de maïs ou de soya, nous pouvons examiner notre contrôle de l’érosion, nos programmes d’adoption des cultures de couverture, et nous pouvons axer nos programmes de sensibilisation et de financement sur ce genre de pratiques exemplaires de gestion.

La deuxième façon dont la télédétection m’a aidé dans mon travail de gérance de l’environnement, c’est qu’elle m’a donné une source d’information fiable et crédible sur laquelle je peux me fier année après année. Et cette continuité est très, très importante. Donc, non seulement je peux voir les tendances géographiques sur une année, mais je peux voir les tendances sur plusieurs années. Je peux donc voir si les choses changent, et cette source d’information crédible et fiable est inestimable.

Kirk Finken : Oui, parlez-nous de la valeur. Quelle est cette valeur pour vous en particulier?

Jacqui Empson Laporte : Bien sûr. Donc, la valeur pour nous est vraiment le fait d’économiser des ressources. Historiquement, nous avons fait une sorte d’exercice de cartographie manuelle des cultures. Nous avions des étudiants qui parcouraient la campagne et qui identifiaient des cultures sur des cartes. Puis nous avons fait notre analyse et une analyse des tendances à partir de ce processus manuel sur le terrain. Maintenant que nous avons une source d’information que nous pouvons utiliser, nous n’avons plus à faire ça. Cela nous permet d’économiser des ressources.

Nous faisons encore une partie de cette démarche à des fins de confirmation, parce nous examinons aussi d’autres choses. Mais nous économisons beaucoup de ressources et nous avons une source d’information crédible sur laquelle nous pouvons nous fier lorsque nous envisageons de concevoir nos programmes environnementaux ou si nous voulons parler à nos agriculteurs des tendances que nous observons dans le paysage.

Kirk Finken : C’est intéressant. Avez-vous aussi une idée de la valeur que cela représente pour le secteur?

Jacqui Empson Laporte : Oui. Une partie de la valeur pour le secteur, c’est que cela constitue un point de départ pour échanger. Une partie de l’aspect de la communication qui est formidable au sujet du programme de télédétection, c’est que nous pouvons prendre ces instantanés et les envoyer sur les médias sociaux et Twitter et susciter une discussion avec nos agriculteurs au sujet de ce que nous voyons à partir de l’information qui est présentée. Ce que je pourrais interpréter comme un problème potentiel de qualité de l’eau, un autre agriculteur peut voir cela sous un angle différent — un angle économique. Ainsi, nous pouvons avoir une conversation à partir de deux points de vue différents.

Sara Boivin-Chabot : Hé, Kirk, as-tu entendu ça?

Kirk Finken : Oui. C’était vraiment subtil, mais je l’ai entendu.

Sara Boivin-Chabot : Oui, c’était le son de 100 000 personnes qui remontent leurs lunettes. Des gens qui font hummm.

Kirk Finken : Le son des agriculteurs, des spécialistes de l’environnement, des mordus des données et des spécialistes de l’espace de partout au pays qui s’intéressent aux possibilités de RADARSAT.

Sara Boivin-Chabot : Oui. Kirk, il semble y avoir beaucoup de choses connues dans ce domaine scientifique. Y a-t-il des inconnues? Je veux dire, y a-t-il des zones inexplorées, qui sont restées dans l’ombre?

Kirk Finken : Bonne question. Voici encore Andrew.

Andrew Davidson : Oui, je pense. Les gens nous posent souvent des questions, et je vais prendre l’exemple de la MRC, c’est un bon exemple. Vous savez, les gens diront, vous savez, il y a un nouveau... un des nouveaux modes de faisceaux sur la MCR : la polarisation compacte. Les gens se demandent ce qu’ils peuvent en faire.

Et ma réponse est... souvent, nous ne savons pas encore tout à fait. Vous savez, nous pensons que cela va avoir des applications absolument fantastiques pour l’agriculture. Nous sommes assez certains que ce sera le cas – surtout sur le plan opérationnel – mais il n’y a pas encore eu beaucoup de travail à ce sujet.

Donc, nous ne sommes pas vraiment dans le noir. Il y a une sorte de... dans bien des cas, il y a des pistes. Peut-être pas toutes bien définies, bien sûr, vous savez, nous élaborons nos recherches et nous allons de l’avant en nous basant sur ce que d’autres ont fait. Mais, oui, il y a... des fois, lorsque nous entrons dans ces domaines où nous disons, oui, cela n’a pas été fait auparavant ou n’a pas été fait beaucoup auparavant, et nous avons l’impression que, oui, nous repoussons ces frontières de la télédétection scientifique. Et vous verrez des recherches de pointe sortir d’ici quelques années sur la base des données que nous publions... que nous obtenons de ce satellite.

Sara Boivin-Chabot : D’accord, d’accord, enlevons nos casques spatiaux, parce qu’il fait chaud ici.

Kirk Finken : Oui, quel soulagement. Je ne sais pas comment les astronautes s’y prennent, mais quoi qu’il en soit... nous allons devoir mettre nos bottes de travail pour le prochain épisode, n’est-ce pas?

D’ici là, vous, les premiers seize pour cent -- les innovateurs et les premiers utilisateurs dans le secteur agricole et alimentaire, vous savez quoi faire...

Sara Boivin-Chabot : N’est-ce pas?

Ensemble : Essayez de nouvelles choses.

Kirk Finken : Mais oui.

Sara Boivin-Chabot : Cette séries de balado, le Premier Seize Pour Cent, vous est présentées par Agriculture et Agroalimentaire Canada.

 

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Épisode 004 - La mission de la Constellation RADARSAT : l’agriculture de l’espace

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