Les premiers seize pour cent - EP 022

Des bovins broutent dans une forêt

Les premiers seize pour cent est la série de balados d'Agriculture et Agroalimentaire Canada qui explore les idées les plus fraîches en alimentation et en agriculture. À chaque épisode, découvrez en profondeur un nouveau sujet : les nouvelles pratiques, les idées innovantes et leurs impacts sur l'industrie. Apprenez-en davantage sur le secteur agricole canadien auprès des gens qui font les percées et abattent les barrières! Producteurs et gourmets, scientifiques et hauts dirigeants, toute personne ayant un œil sur l'avenir du secteur, ce balados est pour vous! Un nouvel épisode est publié chaque mois.

Épisode 022 - L'agroforesterie : la nouvelle science ancienne

Lorsque l'agriculture rencontre la foresterie, le résultat peut avoir un impact surprenant sur l'environnement, les habitats fauniques, la production agricole et plus encore. Le chercheur scientifique d'AAC, Raju Soolanayakanahally, Ph. D. et Kevin Boon, directeur général de la BC Cattlemen's Association, explorent les racines de cette pratique de longue date qu'est l'agroforesterie, et les avantages qu'elle présente pour l'avenir de l'agriculture et les changements climatiques.

Transcription

Kevin : Ma première patronne, quand je suis arrivé ici était Judith Guichon. Et elle est ensuite devenue notre lieutenante-gouverneure en Colombie-Britannique. Elle a beaucoup de valeurs environnementales. Elle a dit un jour, et ça m'a marqué quand je suis arrivé ici, elle a dit : « Vous savez, je crois vraiment que certains de nos meilleurs écologistes portent des bottes de cowboy, pas des sandales. »

Kirk : Bienvenue aux Premiers seize pour cent. Je suis Kirk Finken.

Sara : Et je suis Sara Boivin-Chabot.

Kirk : La voix que vous venez d'entendre est celle de Kevin Boon, un producteur né et élevé sur le ranch familial en Alberta, qui a depuis déménagé en Colombie-Britannique. Il est aujourd'hui directeur général de la BC Cattlemen's Association et il participe à un certain nombre de projets qui traitent du sujet de notre épisode aujourd'hui : l'agroforesterie.

Sara : Et nous avons aussi parlé avec Raju Soolanayakanahally, un chercheur scientifique ici à Agriculture et Agroalimentaire Canada. C'est un de nos experts qui se penchent sur le monde innovant de l'agroforesterie.

Raju : L'agroforesterie est une pratique très ancienne. Même dans les communautés des Premières Nations, l'intégration des arbres fait partie de leur éducation culturelle. Donc on essaye de « redéfinir du vieux vin dans de nouvelles bouteilles ». On essaye de définir l'agroforesterie dans un concept moderne. Mais pour moi, c'est l'une des plus anciennes sciences que tous nos grands-parents ont suivie.

Sara : L'agroforesterie est un concept relativement simple mais vraiment efficace en agriculture. En fait, c'est exactement ce que ça dit : une combinaison d'agriculture et de foresterie. Il s'agit de planter des arbres et des arbustes en combinaison avec des cultures ou des pâturages pour créer des avantages économiques et environnementaux.

Kirk : Et, Sara, ce que moi je trouve intéressant c'est que toi tu as une expérience personnelle dans ce sujet, non?

Sara : Oui, c'était mon sujet de maîtrise! Donc c'est un de mes sujets préférés, et ça va être évident pendant les entrevues. J'étais vraiment enthousiaste, surtout en parlant avec Kevin. Ça fait longtemps que j'ai pas commis « les deux pieds dans la boue », alors écouter tout le travail qu'il se fait en ce moment c'était vraiment intéressant.

Kirk : Pour moi, Raju m'a aussi beaucoup appris sur la science de l'agroforesterie. Comme il le disait, la recherche est nouvelle. Mais la pratique est à peu près aussi vieille que l'agriculture elle-même.

Sara : Donc c'est un sujet avec des racines très profondes?

Kirk : Ha! oui, bien joué.

Sara : Merci, merci. On va commencer avec Raju pour connaître toute l'histoire de l'agroforesterie et savoir pourquoi on étudie encore ces mêmes techniques aujourd'hui. Raju, pouvez-vous nous dire quand l'histoire de l'agroforesterie a commencé au Canada?

Raju : En ce qui concerne le Canada, l'histoire de l'agroforesterie remonte à plus d'un siècle. Si je parle plus particulièrement du point de vue des Prairies, comme l'Ouest canadien depuis 1901, le ministère de l'Agriculture, aujourd'hui appelé Agriculture et Agroalimentaire Canada, produisait des arbres et les distribuaient gratuitement aux agriculteurs du Manitoba, de la Saskatchewan, de l'Alberta et de la région de Peace River en Colombie-Britannique. Chaque année, entre 3 et 5 millions d'arbres étaient expédiés aux agriculteurs des Prairies pour être plantés dans leurs terres agricoles, qu'il s'agisse de plantations brise-vent à la ferme, de plantations riveraines ou autres types de plantation que nous trouvons couramment. Et grâce au Programme de rétablissement agricole des Prairies, les agriculteurs des Prairies ont reçu, au cours des 116 dernières années, plus de 700 millions d'arbres qui ont été plantés dans les prairies. Et si on mesure le nombre de kilomètres de brise-vents plantés en Saskatchewan seulement, il s'agit de 50 000 kilomètres ou plus.

Kirk : Vous avez mentionné quelques termes qu'il faut peut-être détailler ici comme brise-vent et plantations riveraines. Les brise-vents consistent à planter une barrière d'arbres ou d'arbustes pour protéger les cultures du vent et des tempêtes. La plantation riveraine, elle, c'est planter des arbres près des cours d'eau ou d'autres sources d'eau pour réduire l'érosion et le ruissellement. C'est donc deux types d'agroforesterie?

Raju : De manière générale, l'agroforesterie peut être classée en cinq grandes catégories. La première est comme des brise-vents ou des coupe-vents. La deuxième est la culture en bandes ou la culture intercalaire à base d'arbres. Les systèmes sylvopastoraux, les zones tampons riveraines et l'agriculture forestière. Ce sont les cinq pratiques qu'on définit, et chacune d'entre elles a sa propre façon d'intégrer les arbres dans les systèmes agricoles et d'élevage.

Sara : Oui! La culture en bandes, c'est planter des rangées d'arbres et semer les cultures agricoles entre les « bandes ». Ça aide aussi à réduire l'érosion des sols et à recycler les nutriments. Le système sylvopastoral c'est intégrer les arbres, le fourrage et les animaux d'élevage — c'est ce à quoi Kevin s'intéresse. Puis l'agriculture forestière c'est la culture de plantes sous un couvert forestier entretenu, de façon à favoriser l'ombre et la croissance.

Kirk : C'est logique, parce que les différents paysages agricoles n'ont pas les mêmes besoins. Surtout dans un pays aussi grand que le Canada.

Sara : Et surtout à une époque où les changements climatiques perturbent les conditions agricoles de plus en plus chaque année.

Kirk : Oui, non, effectivement, ça aussi. Raju, comment l'agroforesterie cadre avec l'adaptation aux changements climatiques et l'atténuation de ceux-ci?

Raju : Eh bien, c'est une très bonne question, Kirk, parce que nous avons récemment collaboré avec Nature United et pour publier un document intitulé Natural Climate Solutions for Canada. Elle offre de très grandes possibilités d'adaptation et d'atténuation. On a montré le potentiel de séquestration du carbone réalisé par l'intégration d'arbres, qu'il s'agisse de terres agricoles, de zones humides, de prairies ou de paysages forestier. Par exemple, le gouvernement canadien a mis en place un programme de plantation de deux milliards d'arbres afin d'atteindre certains des objectifs d'atténuation de l'Accord de Paris pour 2030 et au-delà, jusqu'en 2050. Si je me limite aux systèmes basés sur les terres agricoles, le document Natural Climate Solutions for Canada a trouvé 11 volets différents qui permettent de piéger davantage de carbone. Et si je me concentre davantage sur les pratiques agroforestières, les cultures intercalaires ou en couloirs à base d'arbres présentent un potentiel. Ensuite, nous avons le sylvopastoralisme qui a un potentiel dans l'est du Canada, principalement dans les régions du Québec et de l'Ontario. Ensuite, nous avons la création de forêts riveraines, au niveau pancanadien que nous pouvons utiliser partout où il y a des étendues d'eau, des ruisseaux et tout. Enfin, pour les prairies, éviter la conversion des brise-vents.

Sara : Et si ces solutions climatiques naturelles pour le Canada sont adoptées, ça va être quoi le résultat?

Raju : Dans l'ensemble, quand on regarde les arbres dans les paysages agricoles, ils ont le potentiel de séquestrer 7,7 mégatonnes d'équivalent en dioxyde carbone par an. Il s'agit des potentiels que nous avons établis d'ici 2030 pour le Canada, d'un océan à l'autre. Donc, ce qui est pris en compte, c'est la stratégie intégrée pour réduire les émissions et aussi pour séquestrer le carbone. Numéro un. Numéro deux : À l'échelle mondiale, le document Natural Climate Solutions for Canada fournis le tiers de toutes les stratégies d'atténuation qui sont requises d'ici 2050. Le Canada est donc un partenaire dans ce domaine. Enfin, la mise en œuvre efficace des propositions du Natural Climate Solutions for Canada est fondée sur le respect des droits, des cultures et des traditions autochtones.

Sara : Wow, ça a l'ait vraiment bien. J'avoue, les changements climatiques, ça m'empêchent parfois de dormir, entre autre parce que j'ai des enfants puis que je pense à leur avenir. Il y a beaucoup de discours pessimistes, fatalistes qui circulent. Avec un fondement scientifique, bien sûr. Mais c'est facile d'oublier, même pour moi qui travaille dans ce Ministère, le nombre de chercheurs, de scientifiques, de biologistes, de chimistes, de physiologistes des plantes qui travaillent tous sur ce problème.

Kirk : Oui, c'est vraiment un soulagement de l'entendre. On veut tous créer une meilleure planète et un environnement plus sain. Et surtout les producteurs. Leurs cultures et leur bétail en dépendent mais on oublie souvent qu'eux autres ils travaillent là-dessus sur les enjeux.

Sara : Exactement. Mais je sais qu'il y a parfois des obstacles ou des hésitations qui peuvent empêcher l'adoption de nouveaux processus comme celui-là. Raju, est-ce que je peux vous poser une question qui, je pense, pourrait préoccuper certains de nos auditeurs? Je sais que vous avez parlé des avantages de l'agroforesterie pour la séquestration du carbone, pour la réduction de l'érosion des sols, la stimulation de la croissance des plantes. Mais quand on parle de la conservation de l'eau, l'agroforesterie c'est un plus, ou est-ce que les producteurs verraient que les arbres qu'ils plantent entrent en compétition pour l'eau avec les cultures?

Raju : Eh bien, nous pouvons l'envisager sous deux angles. En luttant contre la pollution diffuse des eaux douces en plantant des arbres riverains comme des peupliers et des saules le long des cours d'eau, vous pouvez intercepter une grande partie du ruissellement des éléments nutritifs qui se produit lors d'inondations et de précipitations. C'est-à-dire le ruissellement de cette terre végétale riche en éléments nutritifs, qui finira par se retrouver dans les réseaux d'eau douce ou dans les océans, entraîne une eutrophisation ou une prolifération d'algues et une augmentation de la charge en nitrates dans l'eau douce. Tous ces arbres riverains ont un immense potentiel d'interception et d'absorption de l'eau et des éléments nutritifs et en plus permettent d'éviter l'empreinte environnementale sur les étendues d'eau. En ce qui concerne les prairies, l'intégration de brise-vents dans le terres agricoles se traduit par le fait que les arbres entrent en compétition avec les cultures pour les ressources, qu'il s'agisse d'eau ou d'éléments nutritifs. Mais cette concurrence ne s'exerce que jusqu'à une certaine distance. Par exemple, si un peuplier mesure, disons, 15 mètres de haut, il peut exercer une compétition à 15 mètres de sa base dans le système agricole. Mais les avantages de l'arbre pour minimiser l'érosion éolienne, pour minimiser l'érosion du sol et pour retenir la neige pendant les mois d'hiver sont bien plus importants. Il se peut que vous perdiez des avantages dans la zone de 15 mètres, mais les avantages positifs se feront sentir jusqu'à 300 mètres du brise-vent. La raison étant qu'en plus de réduire l'érosion éolienne et de retenir la neige, ces brise-vents ou ces haies naturelles abritent des insectes et des pollinisateurs bénéfiques qui contribuent à améliorer la productivité des cultures grâce à des taux de pollinisation plus élevés. Il y a donc toujours des avantages et des inconvénients lorsque nous plantons. Mais, si on considère l'effet combiné, il y a toujours un avantage net positif pour le producteur.

Kirk : Donc la science produit vraiment des résultats. Mais à quoi ça ressemble sur le terrain?

Sara : Je pense que c'est le temps d'aller voir Kevin Boon. Bonjour, Kevin. Pouvez-vous nous parler de certains de vos projets en tant que directeur général de la BC Cattlemen's Association?

Kevin : Oui, oui, bien sûr. La plupart de nos projets, parce que nous sommes une petite association, ont tendance à dépendre de partenariats avec des chercheurs et avec le gouvernement et avec des entités qui ont d'autres intérêts, mais les nôtres en même temps. On a donc quelques projets en cours, trois ou quatre, l'un d'entre eux est un mini-documentaire intitulé Too Close to Home qui décrit une partie du travail que nous faisons avec le bétail en utilisant les combustibles fins du fourrage sur le terrain, mais de manière à protéger les communautés, les valeurs forestières et certaines des valeurs là-bas. Nous travaillons également avec l'Université Thompson Rivers et le gouvernement dans le cadre d'un projet d'exploitation forestière par bandes. On a fait des projets de coupe sélective de ceintures de sapins dont l'objectif est que vous puissiez récolter de nouveau votre bois dans 25 à 35 ans. Mais, entre-temps, vous avez ouvert la canopée, ce qui permet aux herbes, au fourrage et à d'autres végétaux de pousser en dessous, tout en conservant la valeur de la forêt, ainsi que la capacité de retenir la neige afin d'obtenir des ruissellements appropriés. Et c'est un aspect très important pour pouvoir nourrir le monde, en fait.

Sara : J'aime l'attention portée à la planification à long terme, et pas seulement aux résultats à court terme.

Kirk : Oui mais c'est logique aussi, étant donné la durée de vie des arbres. Ils ne sont pas là que pour comme 6 mois-là.

Sara : Alors, Kevin, ce c'étaient des projets en cours, mais vous en avez un qui est en train de se terminer, non?

Kevin : Oui, en effet. Dans le cadre de l'un des autres projets dans lequel on était impliqués, qui vient de se terminer et qui reposait sur l'Initiative pour l'action climatique, on a créé un outil appelé Projet de résilience des fourrages et de l'eau. On fait des prévisions et on utilise un outil de cartographie pour savoir où on a actuellement besoin d'accès à l'eau et d'aménagements hydrauliques pour que, dans 30 ans, on puisse avoir accès à ce fourrage et que l'industrie forestière soit en santé. Et en élaborant cette carte, on peut travailler avec les Premières Nations, Guide Outfitters et d'autres groupes d'intérêt sur les terres pour leur dire : « Où se trouvent les valeurs et les choses qui sont sur cette carte? ». Il s'agit donc réellement d'élaborer un plan du paysage qui comprend la foresterie et les arbres, car, contrairement à la croyance populaire, nous, on aime vraiment les arbres et on en dépend.

Kirk : Tu sais, c'est un excellent exposé, et une chose importante à retenir. Vu de l'extérieur, il peut y avoir un certain degré de négativisme, ou en tout cas un manque de compréhension de l'agriculture et de la sylviculture et de leurs liens avec les changements climatiques.

Sara : Oui, les gens ne s'attendent pas à voir du bétail dans les forêts, alors ils peuvent penser que ça a un effet négatif sur l'environnement. Kevin, comment le bétail, la faune et la flore interagissent? Est-ce que le bétail met en danger la régénération de la forêt?

Kevin : La faune et le bétail... Ils interagissent très bien ensemble car ils utilisent la même base végétale. Et donc, on les voit souvent au même endroit au même moment. Les arbres sont là et ils sont importants aussi pour la faune, elle a besoin de leur protection contre les éléments. C'est donc important de ne pas s'en débarrasser et de créer cet équilibre. Ils fonctionnent bien ensemble. Et en fait, des fois, s'il n'y a pas assez de chevreuils ou de faune, on a besoin du bétail pour s'assurer du bon déroulement du processus de régénération des fourrages. Parce que c'est la même chose que quand on tond le gazon. Si on le laisse devenir trop long, il ne pousse plus. Et si on le coupe trop court, il lui faut du temps pour repousser. Mais si on le tond à la bonne hauteur, on obtient une belle pelouse saine qui continue de pousser. Et c'est ça l'intention, ou l'objectif, de faire en sorte que le fourrage soit à la bonne longueur et qu'il y ait les bons niveaux de présence combinée de faune et de bétail.

Sara : Ça ressemble vraiment à un écosystème. Bien, c'est un écosystème, mais on le met en évidence... Vous mettez vraiment ça en lumière et aussi le fait que la forêt profite des vaches autant que les vaches profitent de la forêt.

Kevin : On a connu une situation où un organisme de conservation a acheté des terres, et la première chose qu'ils ont dite, c'était : « Nous enlevons le bétail de là parce qu'il est assurément nuisible, entre autre pour toutes les espèces en péril. » Et au bout de cinq ou six ans, ils sont allés dans un ranch et ils ont dit : « On a besoin de votre bétail parce qu'on a constaté que son départ a modifié ce qui attirait les animaux au départ. On veut qu'ils reviennent, alors on a besoin du bétail. » On a donc réintroduit, ou ils ont réintroduit le bétail pour cette raison. Il s'agit donc de bien comprendre l'ensemble du paysage. Et pour y arriver, les groupes doivent s'unir pour comprendre la valeur de chaque chose et essayer de s'adapter et de construire une meilleure relation de travail pour tous ceux impliqués. Mais il faut aussi comprendre que certains groupes d'intérêts paient les droits d'occupation et gèrent ces terres le mieux possible à d'autres fins.

Kirk : Dans le même esprit rassembleur, quel message vous voulez passer, en tant que producteur engagé dans l'agroforesterie?

Kevin : Il s'agit de savoir comment sensibiliser le public à cette valeur, parce que les gens, à bien des égards, considèrent l'agriculture comme allant de soi, parce qu'ils ont toujours eu de la nourriture dans leur assiette, sans nécessairement comprendre comment ou ce qu'il faut pour qu'elle y arrive. Et parfois, on doit faire des choses pas nécessairement très belles, mais on les fait pour eux. Et ça fait partie de ce qu'est la gestion de ces terres, on travaille pour eux et pour nous. Et je pense que c'est un message qu'on ne partage pas assez. Moi, je suis passionné par ce que fait notre secteur en agriculture. Et est-ce qu'on le fait parfaitement? Bien sûr que non. Mais est-ce qu'on essaie? Sans aucun doute. Et est-ce qu'on est prêts à intégrer, en particulier lorsqu'on voit la jeune génération s'y intéresser, de nouvelles techniques et de nouvelles méthodes, et à tirer des leçons du passé? On est tellement pris par ce qu'on peut changer qu'on oublie qu'on n'a pas besoin de tout changer. On doit juste perfectionner ce que nous faisons.

Kirk : Je pense que ça résume vraiment l'état de l'agroforesterie aujourd'hui. C'est autant l'innovation pour l'avenir que la sagesse du passé.

Sara : Oui, c'est loin d'être un concept nouveau. Comme je te disais, je travaillais là-dessus il y a des années. Mais l'agroforesterie est en constante évolution, elle s'inspire des idées nouvelles comme des idées anciennes et cherche à les affiner. Tout ça dans le but de créer des avantages économiques, environnementaux et sociaux.

Kirk : Sara, j'aimerais juste revenir à Raju, parce que j'ai une dernière question pour lui. Raju, après tout ce que Kevin et vous, vous nous avez décrit sur l'état actuel de l'agroforesterie, je voudrais savoir : la suite des choses, ça sera quoi? Quelle est votre vision pour l'avenir?

Raju : C'est une très bonne question, Kirk. Au mois de juillet de cette année, on va recevoir le Congrès mondial de l'agroforesterie ici, au Canada, pendant la semaine du 17 juillet. Ça va avoir lieu dans la ville de Québec. Ce Congrès attire des chercheurs, des praticiens et des agriculteurs du monde entier. De 130 à 160 pays environ y seront représentés. Le thème du Congrès de cette année est « En transition vers un monde viable ». Et il y a de nombreuses transitions qui ont lieu dans le cadre de ce thème. L'une de ces transitions est la transition vers un climat viable. Les changements climatiques sont un gros problème. Et de plus en plus on observe les caprices de la nature, comme les sécheresses intenses ou les canicules plus fréquentes, les inondations... Alors, l'intégration d'arbres pourrait contribuer à réduire certaines de ces empreintes négatives et aider à baisser la température, à séquestrer le carbone et à atténuer le réchauffement climatique. Et c'est là que l'agroforesterie peut contribuer à atténuer certains de ces problèmes. Et pour les pays en développement en particulier, c'est la façon la plus économique et la plus formidable d'avoir un potentiel d'atténuation du climat.

Kirk : Sara, t'as le sourire fendu jusqu'aux oreilles!

Sara : Oui! J'adore ça. L'agroforesterie, l'action concrète contre les changements climatiques, c'est vraiment mon truc. On ne la pas entendu dans l'épisode, mais on en avait parlé avec Kevin à un projet qu'ils ont eu où est-ce que les vaches broutaient le sous-bois puis ça diminuait les risques d'incendies. Puis ça protégeait, comme, les villes autour. Je trouvais ça vraiment intéressant parce que c'est comme l'agriculture qui a des retombées auxquelles on ne s'attend vraiment pas.

Kirk : Non, mais effectivement. Dans le même sens pour moi, c'était les sciences ... la science était intéressante, mais la science humaine en arrière de tout ça, quand Kevin il a parlé des projets diverses sur lequel il a travaillé, il y avait aussi une grande collaboration avec les intervenants vraiment diverses comme les municipalités, comme les producteurs agricoles, comme les communautés autochtones aussi. Moi, j'adore ça. Comme, s'annonce bien parce que historiquement c'était pas des collaborateurs, ça.

Sara : Non, puis je pense que dans les projets dont Raju nous a parlé aussi il y avait toujours cette collaboration-là avec les communautés.

Kirk : Bon, bien, en fait, je pense que je commence vraiment à voir les arbres qui cachent la forêt.

Sara : T'avais hâte de la placer, celle-là!

Kirk : C'est clair! Et si vous avez hâte d'écouter le prochain épisode des Premiers seize pour cent, n'oubliez pas de vous abonner sur votre plateforme de balado préférée pour ne rien manquer.

Sara : Oui, on a vraiment des sujets intéressants à venir.

Kirk : Aussi intéressants pour toi que l'agroforesterie?

Sara : Hum, presque! Mais je suis sûre que mon intérêt va faire comme les arbres, il va aller en grandissant.

Kirk : OK, je pense qu'on va s'arrêter ici.

Sara : Ici, dans la forêt de Colombie-Britannique avec les vaches?

Kirk : Bon, c'est vraiment le temps de conclure.

Sara : Mais d'ici la prochaine fois, on sait quoi faire?

Kirk : Explorez. Et peut-être essayer de faire des meilleures blagues.

Sara : Arrête de prendre ombrage.

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Épisode 022 - L'agroforesterie : la nouvelle science ancienne

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