Contamination de l’eau par les pesticides

Table des matières

Sommaire

  • Les pesticides protègent les cultures des pertes de rendement et de la baisse de qualité causées par les mauvaises herbes (herbicides), les insectes (insecticides, acaricides) et les maladies (fongicides, bactéricides), et permettent d’éviter les pertes économiques qui en découlent.
  • Les pesticides peuvent passer des terres cultivées à l’environnement général, affectant l’eau potable, les terres et la faune aquatique.
  • L’indicateur du risque de contamination de l’eau par les pesticides évalue le risque que les pesticides utilisés dans les exploitations agricoles atteignent les plans d’eau et suit l’évolution de ce risque dans le temps et dans l’espace.
  • Dans l’ensemble, le risque de contamination de l’eau par les pesticides sur les terres agricoles du Canada a augmenté au fil du temps.
  • Le risque est le plus élevé dans les régions où un pourcentage important des terres cultivées est traité avec des pesticides et où le ruissellement de surface dû à la pluie et à la fonte des neiges est plus important en raison d’un climat relativement humide.
  • Les producteurs peuvent réduire le risque de contamination de l’eau par les pesticides en adoptant des pratiques de gestion bénéfiques (PGB) qui réduisent le ruissellement ou l’érosion du sol, et en adoptant une lutte antiparasitaire intégrée. Ces options comprennent l’application :
    • de la bonne quantité;
    • au bon endroit;
    • au bon moment;
    • du bon type de pesticide;
    • avec la technologie adéquate (ou la plus appropriée);
    • et en suivant les bonnes méthodes d’application.

La contamination de l’eau par les pesticides au Canada : pourquoi est-ce important?

Les pesticides aident les producteurs agricoles à protéger le rendement et la qualité des cultures en réduisant les mauvaises herbes, les insectes et les maladies des plantes. Cependant, les pesticides appliqués aux cultures peuvent avoir un impact négatif sur l’environnement et réduire les bénéfices lorsqu’ils sont appliqués inutilement ou de manière inappropriée.

Des pesticides ont été trouvés dans les eaux de surface et les eaux souterraines partout au Canada. Cela présente un risque pour la santé humaine en affectant l’eau potable, ainsi que pour les plantes et les animaux terrestres et aquatiques. La toxicité varie considérablement d’un pesticide à l’autre; toutefois, au Canada, des lignes directrices pour les milieux aquatiques et l’eau potable n’ont été établies que pour quelques pesticides agricoles. La toxicité est liée à la chimie des ingrédients ainsi qu’à la quantité, à la durée et à la fréquence de l’exposition à des pesticides individuels ou à des combinaisons de pesticides.

De nombreuses espèces animales en péril au Canada (c’est-à-dire les espèces qui risquent de disparaître du Canada et du monde) utilisent à un moment ou à un autre de leur cycle de vie des plans d’eau situés sur des terres agricoles ou à proximité. Pour contribuer à la protection de ces espèces, il est important de connaître les impacts de l’agriculture sur leur santé et leur habitat. Dans certains cas, la réglementation provinciale ou fédérale (comme la Loi sur les espèces en péril ou les lois provinciales sur la faune) peut également exiger la protection de ces espèces ou de leurs habitats (voir l’indicateur de la disponibilité des habitats fauniques sur les terres agricoles).

Outre les impacts environnementaux et écologiques, les pesticides perdus dans l’environnement général ont également un impact économique. Premièrement, les pesticides perdus sur les exploitations agricoles ne protègent pas efficacement les cultures. Deuxièmement, les producteurs devront acheter et appliquer des pesticides supplémentaires pour protéger leurs cultures, ce qui augmente les dépenses et prend plus de temps.

Une bonne gestion des pesticides est donc avantageuse pour les producteurs et pour l’environnement. En utilisant les pesticides de manière optimale, les producteurs  peuvent gagner du temps et économiser des ressources et de l’argent, tout en réduisant les impacts environnementaux. De plus, le gouvernement du Canada publie des rapports sur le risque de contamination de l’eau par les pesticides sur les terres agricoles. Ces rapports informent les Canadiens sur la santé des terres agricoles au Canada et mettent en évidence les améliorations à apporter aux pratiques agricoles.

Qu’est-ce qui détermine le risque de contamination de l’eau par les pesticides?

Comme le Canada présente une grande diversité de conditions climatiques, de types de paysages et de pratiques agricoles, il est difficile d’évaluer le risque de contamination de l’eau par les pesticides. Le risque de contamination de l’eau par les pesticides est élevé lorsque le taux d’application est élevé ou lorsque les résidus de pesticides peuvent être facilement transportés jusqu’à l’eau. Dans l’ensemble, les Prairies ont le pourcentage le plus élevé de terres agricoles traitées avec des fongicides (lutte contre les maladies fongiques) et des herbicides (lutte contre les mauvaises herbes). L’utilisation de fongicides a augmenté dans les Prairies (de 2 % à 9 % des terres cultivées au cours des dix dernières années). Cela peut s’expliquer par le fait que davantage de terres font l’objet d’un travail réduit du sol, ce qui peut accroître le risque de maladies fongiques telles que la fusariose de l’épi des céréales ou la pourriture sclérotique du canola. En outre, une plus grande quantité de fongicide est nécessaire dans les climats plus humides. Le travail réduit du sol nécessite également une utilisation accrue d’herbicides pour lutter contre les mauvaises herbes.

L’Ontario, les Prairies et le Canada atlantique ont le pourcentage le plus élevé de terres agricoles traitées avec des insecticides. Parce que les fruits sont très vulnérables aux infestations d’insectes, les cultures fruitières nécessitent généralement plus d’applications d’insecticides que les grandes cultures.

L’utilisation des pesticides peut varier considérablement d’un secteur à l’autre d’une même province. Par exemple, dans la vallée du bas Fraser en Colombie-Britannique (où le climat est plus humide et où la production fruitière est importante), l’utilisation de pesticides est élevée. Dans les régions agricoles du Nord de la Colombie-Britannique (qui sont plus sèches et où l’on trouve majoritairement des systèmes de production de grandes cultures et des pâturages), l’utilisation des pesticides peut être faible.

Les pesticides sont transportés vers les plans d’eau par le vent ou l’eau. De nombreux facteurs physiques et chimiques influencent la quantité de pesticides transportés vers les plans d’eau. Les pesticides appliqués peuvent être déplacés par la dérive des vapeurs, l’érosion éolienne des sols traités, les dépôts secs et le lessivage par les pluies. Ces particules peuvent ensuite être transportées par lixiviation ou par ruissellement. Le climat, les caractéristiques du sol et les pratiques agricoles peuvent également influencer le risque que ces pesticides atteignent les plans d’eau.

Le principal moyen par lequel les pesticides sont transportés est le ruissellement de surface. La quantité déplacée par ruissellement dépend de la quantité de précipitations et du taux d’humidité du sol au moment de celles-ci. Le taux d’humidité du sol varie selon la fréquence, la durée et l’intensité des précipitations, la texture du sol et les pratiques agricoles comme le type de culture et le travail du sol. C’est dans le Canada atlantique que l’on observe le nombre moyen de jours avec ruissellement de surface le plus élevé (42); viennent ensuite l’Ontario et le Québec (environ 30), la Colombie-Britannique (21) et les Prairies (11).

Les changements climatiques devraient contribuer à accroître le risque de contamination de l’eau par les pesticides. Par exemple, les périodes de précipitations excessives ou extrêmes peuvent accroître le transport des pesticides vers les plans d’eau en raison de l’augmentation du ruissellement ou du drainage en surface.

Indicateur de risque de la contamination de l’eau par les pesticides

L’indicateur de risque de la contamination de l’eau par les pesticides quantifie le risque que des pesticides soient transportés jusque dans les plans d’eau. L’indicateur reflète également les variations dans l’espace et les changements dans le temps.

L’indicateur prend en compte la manière dont les pratiques agricoles influent sur l’utilisation des pesticides et la manière dont les pesticides sont transportés par l’eau. Pour évaluer ces éléments, la quantité de pesticides transportée dans l’environnement avoisinant est estimée au moyen des données relatives à l’utilisation des pesticides dans l’ensemble du Canada; des taux d’application et de la gestion des pesticides; des caractéristiques du sol et du paysage; des conditions météorologiques quotidiennes; et des propriétés des pesticides.

Étant donné que plus d’un pesticide peut être appliqué dans un champ, l’indicateur prend en compte la quantité et la concentration totales de tous les pesticides appliqués. Le risque global est évalué comme très faible, faible, modéré, élevé ou très élevé en fonction de la concentration des pesticides et de la quantité qui est transportée dans l’eau. Le Canada ne disposant pas de lignes directrices relatives à la qualité de l’eau en lien avec les mélanges de pesticides, l’indicateur repose sur la directive européenne sur la qualité de l’eau potable (une concentration de 0,5 microgramme par litre = 5 parties par million).

L’indicateur de risque de la contamination de l’eau par les pesticides est calculé tous les cinq ans. Il aide le gouvernement à connaître l’état et l’évolution du risque de contamination de l’eau par les pesticides sur l’ensemble des terres cultivées du Canada. Cela permet de cerner les endroits où les pratiques agricoles doivent être modifiées pour réduire le risque.

Risque de contamination de l’eau par les pesticides au Canada : situation actuelle et évolution dans le temps

Situation actuelle

Des régions à risque élevé ou très élevé sont présentes dans chaque province où l’on trouve une combinaison d’utilisation de pesticides, de climat plus humide et de systèmes de production agricole nécessitant une application importante de pesticides.

En 2021, le risque de contamination des eaux souterraines était très faible pour la majorité du Canada. Toutefois, le risque de ruissellement en bordure de champ était plus élevé : environ 70 % des terres cultivées présentaient un risque faible ou très faible et environ 5 % des terres cultivées présentaient un risque très élevé. Les zones à risque élevé se trouvaient principalement sur l’Île-du-Prince-Édouard, dans les plaines à forêts mixtes de l’Ontario et du Québec, et dans la Région des prairies-parcs.

Dans les Prairies, où la superficie traitée par les pesticides est importante, une grande partie des terres cultivées présentait un risque faible ou très faible. Cela s’explique par le climat sec (peu de jours de ruissellement) et par le nombre plus faible d’applications de pesticides par an. Toutefois, des zones à risque élevé et très élevé sont présentes dans certaines régions plus humides des Prairies où certaines cultures nécessitant une utilisation importante de pesticides sont courantes (par exemple, la région de la rivière Rouge au Manitoba et la région de la forêt-parc en Alberta).

Risque de contamination de l'eau par les pesticides sur les terres cultivées au Canada selon les pratiques de gestion de 2021

Évolution dans le temps

Entre 1981 et 2006, le risque de contamination de l’eau par les pesticides est resté relativement stable, la grande majorité des terres agricoles (90 %) présentant un risque moins élevé (classes de risque faible et très faible). En 2021 toutefois, ce pourcentage est tombé à 70 %; le pourcentage de terres agricoles à risque modéré est passé de 3 % à 15 %, et le pourcentage de terres agricoles à risque plus élevé (classes de risque élevé et très élevé) est passé de 5 % à 16 %.

Évolution du risque posé par les pesticides de 1981 à 2021

Comment réduire le risque de contamination de l’eau par les pesticides?

Les stratégies visant à réduire le risque de contamination de l’eau par les pesticides comprennent la réduction de la quantité de pesticides utilisée (n’appliquer que lorsque cela est nécessaire), la réduction de la persistance ou du mouvement des ingrédients des pesticides, ou la réduction du risque de transport des pesticides vers les eaux de surface ou les eaux souterraines.

Le ruissellement de surface est la principale force qui entraîne les pesticides vers les plans d’eau. Il est essentiel que les pesticides ne soient appliqués qu’avec les technologies d’application recommandées, à la bonne dose, au stade optimal de la culture, lorsque le seuil économique est atteint (c’est-à-dire lorsque le bénéfice potentiel en termes de rendement ou de retour sur investissement est supérieur au coût de l’application), et lorsque les conditions météorologiques sont favorables. Les avis de pulvérisation locaux, les modèles bioclimatiques (qui prévoient l’apparition d’insectes envahissants ou de maladies à partir des prévisions météorologiques) et la surveillance des maladies, des insectes et des mauvaises herbes sur le terrain (par exemple, les pièges à spores pour déceler les maladies fongiques) peuvent aider les producteurs à savoir quel est le meilleur moment pour appliquer des pesticides.

Les pratiques de gestion bénéfiques (PGB) qui réduisent le ruissellement ou l’érosion du sol, ou qui augmentent la teneur en matière organique du sol, réduiront le transport des pesticides.

Les pratiques de gestion bénéfiques

  • L’aménagement de zones tampons riveraines, la culture en courbes de niveau, la culture en bandes et les systèmes de travail réduit ou nul du sol. Le travail réduit du sol diminue le ruissellement des pesticides, mais il nécessite souvent plus d’herbicides. Il est donc nécessaire d’adopter des approches intégrées de gestion des risques en soupesant les avantages et les risques.
  • L’intégration d’approches de lutte antiparasitaire combinant des mesures culturales et biologiques avec des méthodes chimiques.
  • L’examen des champs pour s’assurer que l’application de pesticides est nécessaire.
  • La rotation des cultures pour réduire la pression des insectes et des maladies.
  • La rotation des ingrédients actifs des pesticides afin de réduire au minimum la résistance des organismes nuisibles.

Les recherches en cours devraient porter sur les PGB propres aux pesticides, sur les cultures résistantes aux organismes nuisibles et sur les ingrédients actifs des pesticides qui sont moins persistants et moins mobiles dans l’environnement.

Description de l'image ci-dessus

Une infographie montre un paysage agricole avec des cultures, un tracteur, du sol et du bétail dans un pâturage situé près d’un paysage naturel où se trouvent un cours d’eau, une forêt et des animaux sauvages. Des zones de texte sont placées à côté d’éléments précis des paysages afin d’identifier leur lien avec les indicateurs de durabilité agricole. Une zone de texte identifie chacun des indicateurs suivants : couverture du sol, particules, matière organique du sol, érosion du sol, salinisation du sol, azote, pesticides, phosphore, ammoniac, gaz à effet de serre, coliformes et habitat faunique. Des flèches sont utilisées pour relier les zones de texte afin de montrer les liens entre les éléments.

Les indicateurs agroenvironnementaux (IAE) d’Agriculture et Agroalimentaire Canada sont comme un instantané à fondement scientifique de l’état actuel des performances agroenvironnementales du Canada et de leurs tendances en ce qui concerne la qualité des sols (matière organique du sol, érosion du sol, salinisation des sols), la qualité de l’eau (azote, pesticides, phosphore, coliformes), la qualité de l’air (particules, ammoniac, émissions de gaz à effet de serre) et la gestion des terres agricoles (utilisation des terres agricoles, couverture du sol, habitat faunique). Même si les résultats des indicateurs sont présentés séparément, les agroécosystèmes sont complexes, et de nombreux indicateurs sont donc interreliés. Cela signifie que les changements notés concernant un indicateur peuvent être associés à des changements touchant d’autres indicateurs également.

Indicateurs connexes

Autres sources et téléchargements

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