Matière à réflexion : on estime que la moitié de l’approvisionnement alimentaire du Canada est gaspillée, ce qui représente environ 50 milliards de dollars de pertes. Pire encore, 1 ménage canadien sur 7 souffre d’une forme quelconque d’insécurité alimentaire. Même notre environnement est touché : quand les aliments se décomposent dans les sites d’enfouissement, ils dégagent des gaz à effet de serre nuisibles, que l’on estime à 8 % des émissions mondiales.
Notre système alimentaire doit être plus équitable et efficace, de la ferme à la table. Leanne Wilson le sait bien et elle transforme cette matière à réflexion en action.
Le gaspillage alimentaire, un problème croissant
Se décrivant comme « une fille des Prairies », Leanne a consacré la majeure partie de sa carrière à l’agriculture, notamment en passant quatre ans à l’autre bout du monde pour travailler à Horticulture Australia. Elle s’est jointe à Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) il y a quatre ans à titre de directrice associée du Centre de recherche et de développement de St. John’s.
À son arrivée, on lui a remis un laissez-passer de sécurité et un bureau avec une jolie vue, et elle a immédiatement demandé s’il était possible de faire don des récoltes excédentaires.
Cette question épineuse a tourmenté les scientifiques, les techniciens de laboratoire et d’autres chercheurs pendant des années. La majeure partie des cultures horticoles périssables récoltées dans les centres de recherche d’AAC ont toujours été compostées et réintégrées à la terre pour l’enrichir en éléments nutritifs. Or, il y avait amplement de fruits et légumes excédentaires pour créer un sol riche pour le programme de recherche et fournir des repas sains à des familles dans le besoin. Le projet est devenu plus pressant en raison de la COVID-19, puisque les besoins en matière de dons alimentaires ont été les plus élevés depuis des décennies.
Leanne a pris cette tâche à cœur. Malgré tous les défis auxquels le monde entier était confronté pendant la pandémie à l’échelle mondiale, elle voulait faire une humble contribution positive. « Il est important de montrer que nous essayons, à notre manière, de réduire le gaspillage alimentaire », affirme Leanne.
Leanne et son équipe de St. John’s se sont donc mis au travail en vue de réaliser ce qui allait vite devenir un travail accompli avec amour.
Réagir au gaspillage alimentaire
Quand le gouvernement du Canada a tenu les consultations publiques sur la toute première Politique alimentaire pour le Canada en 2017, les Canadiens ont clairement indiqué vouloir faire partie de la solution au problème du gaspillage alimentaire. Ils ont exercé des pressions pour que le gaspillage alimentaire devienne l’un des quatre premiers domaines d’action de la nouvelle politique. Pour donner encore plus d’élan au changement, AAC a lancé le Défi de la réduction du gaspillage alimentaire, qui est un incubateur des meilleures idées en vue de produire le plus grand impact.
Sortir de la zone de confort
Comme pour beaucoup de bonnes idées, la partie la plus difficile était la mise en œuvre.
Leanne était relativement nouvelle au gouvernement et elle estimait qu’elle pouvait présenter de nouvelles idées et faire sortir un peu le Ministère de sa zone de confort : « Beaucoup de personnes appuyaient l’idée. Parfois, il faut simplement faire un peu de travail sur le terrain pour faire bouger les choses. »
La première étape consistait à s’assurer que le plan correspondait à la norme élevée des valeurs et de l’éthique du gouvernement du Canada. Puisque la vente de ces fruits et légumes périssables n’était pas une solution viable, le Ministère devait suivre les règles sur le don d’articles de valeur. Leanne et son équipe ont créé un projet pilote qui accordait aux stations de recherche d’AAC le pouvoir de faire don de leurs récoltes excédentaires.
Après avoir mis un plan en place, Leanne et son équipe ont dû relever un nouveau défi : trouver un moyen de faire parvenir les fruits et légumes frais aux gens. Quoique souhaitable, le dépôt de paniers d’aliments sur le pas de la porte n’était pas une option réaliste. L’aide d’une source fiable pouvant distribuer les aliments de manière équitable était nécessaire.
Créer un élan pour changer les choses
Pour que cela se concrétise, Leanne s’est associée à l’équipe de GCSurplus à Services publics et Approvisionnement Canada. GCSurplus vend au grand public des biens excédentaires du gouvernement, comme des meubles et des véhicules, grâce à un site d’enchères en ligne et fait don des biens excédentaires à des organismes admissibles. C’était la collaboration idéale entre deux ministères et l’équipe de GCSurplus a créé un projet pilote avec Banques alimentaires Canada, organisme de confiance qui pouvait distribuer les aliments rapidement.
Comme Josée Doucet, directrice principale de GCSurplus le dit : « C’est une excellente façon de redonner au nom d’une fonction publique unie et d’optimiser les ressources globales pour le Canada ».
Quel a été le résultat de toute cette innovation et de ce travail d’équipe?
Banques alimentaires Canada de St. John’s a reçu 550 livres de carottes et plus de 10 000 livres de pommes de terre. Sur la côte ouest, le Centre de recherche et de développement de Summerland d’AAC en Colombie‑Britannique a fait don de 1 000 livres de pommes à des banques alimentaires. Et ce n’est que le début. Alors que l’initiative prend de l'ampleur, Leanne s’attend au cours de la prochaine année à recevoir plus de dons en provenance des centres de recherche à travers le pays.
« Les fruits et légumes sains donnés grâce au programme ont permis à des banques alimentaires choyées de les ajouter aux produits frais qu’elles offrent, affirme Kirstin Beardsley, PDG de Banques alimentaires Canada. Les banques alimentaires cherchent toujours à offrir des aliments plus frais parce que les fruits et légumes aident à créer un solide fondement de santé et que les clients et les membres de leur famille souhaitent vivement en obtenir. » Elle ajoute que le droit d’avoir accès à suffisamment d’aliments frais et sains est une partie importante de la vision de l’organisation, soit « un Canada où personne ne souffre de la faim ».
Étant donné le succès remporté par le projet pilote, Leanne espère qu’il servira de modèle à d’autres projets. Quand il s’agit de réduire le gaspillage alimentaire, d’accroître la sécurité alimentaire et de protéger l’environnement, chaque effort de ce genre peut se multiplier rapidement. « Nous devons tous faire notre part et nous pouvons faire notre part, ajoute Leanne. En fin de compte, c’est un processus simple. »
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