Lutter contre la chrysomèle rayée du concombre et la chrysomèle maculée du concombre

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Chaque année, les producteurs canadiens attendent avec impatience la récolte de leurs cultures. Ils passent d’innombrables heures dans les champs à préparer la saison des récoltes et investissent de façon importante dans des produits de protection des cultures. On s’imagine donc qu’il peut être très décevant de constater que sa récolte est détruite par des ravageurs comme la chrysomèle rayée du concombre et la chrysomèle maculée du concombre.

Suzanne Blatt (Ph. D.), entomologiste chercheuse d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), ne connaît que trop bien cette situation. En tant que spécialiste de la recherche sur la lutte intégrée contre les ravageurs des fruits et des légumes au Centre de recherche et de développement de Kentville (CRDK), Mme Blatt a commencé à travailler sur le projet portant sur la chrysomèle rayée du concombre et la chrysomèle maculée du concombre en 2020, en collaboration avec Perennia Inc. Elle et son équipe ont effectué des recherches pour mettre au point une méthode durable qui permet de protéger les cultures contre ces coléoptères nuisibles.

Rayée ou maculée : identifier les chrysomèles indigènes

La chrysomèle rayée du concombre (Acalymma vittatum) et la chrysomèle maculée du concombre (Diabrotica undecimpunctata) sont des ravageurs courants en Nouvelle-Écosse pendant la saison de croissance. Les deux chrysomèles sont petites, jaune vif et mesurent entre 0,5 et 1 centimètre de long. La chrysomèle rayée du concombre porte trois bandes noires sur le dos, tandis que la chrysomèle maculée du concombre porte une dizaine de taches noires sur le dos. Comme ces coléoptères adorent se nourrir des cucurbitacées (melons, citrouilles, courgettes, courges et concombres), il sera difficile de cultiver de telles plantes dans les champs qui ont été envahis par ces ravageurs.

Les individus adultes de la chrysomèle rayée du concombre et de la chrysomèle maculée du concombre passent l’hiver dans les haies qui bordent les champs et se déplacent dans ces derniers à la fin du printemps et au début de l’été, il est donc difficile de les éliminer. Cette année, les coléoptères sont arrivés au début du mois de juin au Centre de recherche et de développement de Kentville, mais, en raison des changements climatiques, il n’est pas rare que les producteurs les aperçoivent plus tôt dans la saison.

Dommages causés aux cultures

La chrysomèle rayée du concombre et la chrysomèle maculée du concombre sont une préoccupation agricole pour les producteurs, car un grand nombre de ces ravageurs peut se nourrir de cucurbitacées nouvellement transplantées ou en germination et les détruire. Les chrysomèles adultes se nourrissent des feuilles et des fleurs, tandis que les larves vivent dans le sol et se nourrissent des racines de ces plantes. Ces deux types de dommages nuisent à la capacité de croissance des plantes. Si ces ravageurs sont assez nombreux, ils grugeront la fleur, et les producteurs ne récolteront rien au cours de la saison.

Ces coléoptères transmettent également le flétrissement bactérien. Le flétrissement bactérien est une maladie qui réduit la capacité des plantes à fonctionner correctement, et les feuilles finissent par mourir. Une plante qui perd ses feuilles ne pourra pas produire une courge assez grosse. La chrysomèle rayée du concombre et la chrysomèle maculée du concombre portent la bactérie dans leur système digestif et la transmettent à la plante dont elles se nourrissent.

« Les jardiniers amateurs comme les producteurs commerciaux peuvent perdre leurs plants de courges et de courgettes à cause de ces coléoptères. Pour le jardinier amateur, cette perte correspond à une perte de légumes frais qu’il a cultivés, mais, pour le producteur commercial, elle correspond à une perte de revenus. Ces deux coléoptères se développent bien en Nouvelle-Écosse et “quelques coléoptères” peuvent rapidement devenir “quelques milliers de coléoptères” dans une culture de courges. »

-  Suzanne Blatt (Ph. D.), Entomologiste chercheuse, Agriculture et Agroalimentaire Canada

Essais et erreurs des cultures-pièges

En 2020, Mme Blatt et son équipe ont d’abord étudié l’utilisation de cultures-pièges et de plantes compagnes (capucines) comme stratégie de détournement stimulo-dissuasif dans une culture de courges. Les capucines (plantes compagnes) agissaient comme répulsif et éloignaient les coléoptères de la culture, tandis qu’une autre variété de courge appelée en anglais Baby Blue Hubbard (culture-piège) avait été plantée autour de la culture. La culture-piège attirait les coléoptères qui venaient se nourrir et pondre leurs œufs dans ce nouvel endroit. Lorsque la taille des populations de coléoptères était faible à modérée, Mme Blatt a observé que les dommages causés à la culture étaient moindres dans les parcelles où une culture-piège était utilisée, et que la plante compagne avait subi des dommages.

Lorsque l’équipe a répété l’essai en 2021, les populations de coléoptères avaient augmenté de manière considérable et créaient une pression tellement importante que l’équipe n’a pas vu d’avantages à l’utilisation de cultures-pièges ou de plantes compagnes. Elle a cependant appris deux faits intéressants qui l’aidera à poursuivre ses recherches :

  1. La courge musquée est la courge la moins susceptible d’être endommagée par le ravageur;
  2. La présence de capucines (plante annuelle aux feuilles comestibles) modifie l’endroit où la punaise de la courge (un autre ravageur de la courge) pond ses œufs.

« Nous étions prudemment enthousiasmés par nos résultats de 2020, car ces stratégies ont été utilisées par des jardiniers amateurs et ont connu un certain succès. Des études menées aux États-Unis ont montré un large éventail d’effets selon la combinaison plante de courge et culture-piège et la pression des ravageurs. Les travaux que nous avons menés soulignent la nécessité de gérer la culture-piège d’une manière qui permet de réduire les effets de la deuxième vague d’adultes et l’alimentation des larves. »

-  Suzanne Blatt (Ph. D.), Entomologiste chercheuse, Agriculture et Agroalimentaire Canada

Prochaines étapes de la recherche

Alors que la recherche exploratoire de Mme Blatt sur les moyens d’empêcher la chrysomèle rayée du concombre et la chrysomèle maculée du concombre de détruire les cucurbitacées se poursuit, la prochaine étape consiste à perfectionner le système de culture-piège. Cet été, Mme Blatt combinera l’utilisation d’une culture-piège avec des nématodes entomopathogènes (un groupe de vers filiformes microscopiques qui infectent les insectes présents dans le sol et libèrent une bactérie qui provoque la mort) pour tenter de réduire les effets de la deuxième vague d’adultes. Son équipe travaillera avec des courges, des brocolis et des radis.

L’utilisation de nématodes entomopathogènes n’est pas une pratique nouvelle, mais le produit peut devenir coûteux pour les producteurs commerciaux. Madame Blatt espère que l’application de ces nématodes uniquement sur la culture-piège permettra de réduire le coût (puisque le prix sera davantage comparable à celui d’un pesticide). Cette méthode pourrait également réduire le besoin d’effectuer un passage supplémentaire du tracteur dans le champ, ce qui permettrait de gagner du temps et d’économiser du carburant et donc de réduire globalement l’empreinte carbone de la production de légumes.

Réalité

  • La chrysomèle maculée du concombre est plus répandue dans le sud des États-Unis, mais s’est déplacée jusqu’en Nouvelle-Écosse au cours des dernières années.

Galerie de photos

chrysomèle maculée du concombre et la chrysomèle rayée du concombre sur une feuille

La chrysomèle maculée du concombre (à gauche) et la chrysomèle rayée du concombre (à droite), les ravageurs qu’étudie Mme Blatt.
Cette photo est offerte par Ric Bessin de l’Université du Kentucky, Département d’entomologie

fleur jaune abîmée

L’étendue des dommages causés à une fleur par le coléoptère. Les coléoptères ont commencé à gruger la tige de la plante derrière la fleur, ce qui signifie qu’aucune courge ne sera produite.

cultures poussant dans le champ

Système de culture-piège utilisé par Mme Blatt et son équipe au CRDK.
Remarque : Il s’agit d’un système de culture-piège pour le brocoli et le chou nappa, car il est difficile de voir les systèmes de culture-piège pour les courges.

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