Séparer l’ivraie du bon grain : Les chercheurs d’AAC s’attaquent aux mauvaises herbes les plus rebelles de l’Ouest

Planifier une entrevue

Relations avec les médias
Agriculture et Agroalimentaire Canada
1-866-345-7972
aafc.mediarelations-relationsmedias.aac@agr.gc.ca

L’agriculture soutient les moyens de subsistance au cœur d’innombrables collectivités des Prairies et fournit des aliments nutritifs aux Canadiens et au monde entier. Elle est aussi un moteur essentiel de l’économie canadienne, le secteur agricole et agroalimentaire des Prairies représentant 22,5 G$ en 2022. Il est donc extrêmement important de protéger la santé et la productivité de nos terres agricoles.

L’une des plus grandes menaces pour les terres cultivées des Prairies en est une que nous connaissons tous, que l’on soit agriculteur, amateur de pelouse ou jardinier amateur; on parle ici, bien sûr, des mauvaises herbes. Les mauvaises herbes peuvent constituer un problème parce qu’elles accaparent des ressources (par exemple, eau, lumière et nutriments) nécessaires à ce que nous essayons de cultiver, interfèrent entre autres avec la santé du sol et l’irrigation, et peuvent même perturber la biodiversité de l’écosystème. Bien que toutes les mauvaises herbes ne soient pas nocives, certaines espèces sont si envahissantes qu’elles menacent de proliférer de façon débridée et de prendre le contrôle de vastes superficies.

Mais heureusement, les chercheurs d’Agriculture et Agroalimentaire Canada viennent à la rescousse. Dans les Prairies, une poignée de chercheurs spécialisés dans les mauvaises herbes ont formé une sorte de super équipe. Ces humbles héros travaillent ensemble pour aider les agriculteurs de l’Ouest à protéger leurs champs contre les mauvaises herbes les plus malfaisantes. Adoptant une approche multidimensionnelle, parfois appelée « lutte intégrée contre les mauvaises herbes », ils tirent parti de leurs forces respectives et collaborent pour découvrir les solutions les plus efficaces. Et bien qu’ils aient tous différents superpouvoirs, en s’associant, ils créent une équipe formidable dans la lutte contre les mauvaises herbes les plus redoutables.

Julia Leeson : Traqueuse de mauvaises herbes

Avant de vous attaquer à un problème, vous devez d’abord le comprendre. Julia Leeson, biologiste de la surveillance des mauvaises herbes au Centre de recherche et de développement de Saskatoon, effectue dans les Prairies des relevés sur le terrain afin d’obtenir un portrait plus précis des mauvaises herbes causant des problèmes dans les champs des producteurs. Voyez-la comme une surveillante des écarts de conduite des mauvaises herbes : elle assure un suivi des plus grandes fauteuses de trouble et des endroits où elles sont regroupées.

Étant donné que les mauvaises herbes ne connaissent pas de frontières, il est important que tous les membres de l’industrie agricole s’unissent afin de surveiller leur progression dans le paysage et partager leurs données sur les meilleures pratiques pour les combattre. Cela s’inscrit dans ce qu’on appelle un système de biovigilance.

Mme Leeson travaille en étroite collaboration avec ses partenaires provinciaux pour surveiller et cartographier les infestations de mauvaises herbes, et elle s’intéresse également aux mauvaises herbes dans différents types de systèmes agricoles. Elle participe par exemple à un projet qui étudie l’impact des limites naturelles et plantées sur les mauvaises herbes, et à d’autres projets qui explorent l’interaction entre les mauvaises herbes et les systèmes de production biologique.

L’enquête sur les mauvaises herbes dans les Prairies se déroulera sur une période de quatre ans; plus de 4 000 champs seront visités dans les régions agricoles des trois provinces des Prairies. Les enquêtes similaires ont été menées de la même façon au cours des 50 dernières années, ce qui permet d’établir des comparaisons et d’évaluer les changements dans les populations de mauvaises herbes.

Charles Geddes : Guerrier champion sur le terrain des kochias

Parfois, plus vous attaquez une mauvaise herbe problématique, plus elle devient forte. En effet, comme le méchant dans un film qui ne cesse de devenir plus imposant et plus puissant au fur et à mesure que les héros s’attaquent à lui, certaines mauvaises herbes sont très habiles pour s’adapter aux tactiques courantes d’éradication telles que les herbicides. C’est ce qui motive Charles Geddes, chercheur scientifique au Centre de recherche et de développement de Lethbridge, à étudier les mauvaises herbes qui ne semblent plus être touchées par les traitements courants que les producteurs pulvérisent dans leurs champs. C’est ce qu’on a appelé la « résistance aux herbicides ». Le kochia (une mauvaise herbe touffue envahissante dont une seule plante est capable de produire 30 000 graines) est l’un des meilleurs exemples de ce phénomène problématique.

Cette mauvaise herbe s’est en effet avérée être un adversaire de taille. En provenance du sud-ouest, souvent sous forme de virevoltants, elle est répandue dans les champs des Prairies, en particulier dans le sud de l’Alberta et l’ouest de la Saskatchewan. Dans certaines régions, au fil des ans, cette mauvaise herbe gênante a évolué pour devenir résistante à de nombreuses catégories traditionnelles d’herbicides. Sa capacité d’adaptation la rend non seulement difficile à éliminer, mais aussi plus forte et plus résiliente, ce qui lui permet de concurrencer avec succès les cultures et de se propager plus rapidement. M. Geddes a exploré des moyens de lutter contre les mauvaises herbes telles que le kochia en les rendant à nouveau vulnérables aux traitements sûrs et économiques utilisés par la plupart des producteurs. Il cherche à savoir si nous pourrions modifier la structure génétique de l’herbe afin de revenir en arrière dans l’adaptation rapide dont le kochia a fait preuve, c’est-à-dire qu’il veut déterminer si nous pourrions transformer le lion à son état initial de chaton et permettre aux producteurs de reprendre le contrôle de leurs champs.

Et parce que nous savons que nous ne pouvons pas lutter contre ce que nous ne comprenons pas, M. Geddes travaille également en étroite collaboration avec Julia Leeson pour sonder les producteurs. Les données de l’enquête nous permettent d’avoir une image plus claire de la répartition des mauvaises herbes résistantes aux herbicides et elles nous aident à suivre la propagation de la résistance. Ces données sont inestimables pour notre super équipe de chercheurs, afin qu’ils puissent aider les agriculteurs à ajouter les bons outils à leur coffre et à mieux lutter contre les mauvaises herbes dans leurs champs.

Shaun Sharpe : Enfumer l’ennemi

Les travaux de M. Geddes et de nombreux autres chercheurs montrent clairement que la lutte contre les mauvaises herbes ne doit pas se limiter aux herbicides. Bien que la pulvérisation des cultures demeure un outil important pour les producteurs, une combinaison d’approches est nécessaire pour minimiser la résistance aux herbicides et améliorer la production des agriculteurs.

Shaun Sharpe, chercheur au Centre de recherche et de développement de Saskatoon, a aussi répondu à l’appel pour découvrir de nouvelles armes dans la lutte contre les mauvaises herbes. La clé du son travail consiste à réduire l’infestation de mauvaises herbes avant même qu’elles ne puissent se régénérer et vaincre les herbicides.

Un des projets sur lesquels il travaille vise à stimuler les graines de mauvaises herbes à émerger à l’automne, puis à laisser le gel tuer les jeunes plantes fragiles. On rendrait ainsi leurs graines incapables de donner lieu à de nouvelles pousses au printemps, ce qui réduirait leur impact sur la récolte de l’année suivante.

Mais qu’utilise un superhéros pour stimuler la croissance des mauvaises herbes ennemies? La vision aux rayons X? Les éclairs? Non! De la fumée, bien sûr! En fait, pas de la vraie fumée, mais un composé également connu sous le nom d’acide pyroligneux ou de vinaigre de bois, un produit dérivé du brûlage de matériaux végétaux. Ce produit est connu des amateurs de saucisses comme de la fumée liquide, un agent aromatisant. Tiens, prends ça, mauvaise herbe!

Mais pourquoi la fumée stimule-t-elle la croissance des plantes? Bien que le sujet soit toujours à l’étude, les chercheurs croient que ce produit pourrait fournir un signal de survie « terre brûlée », comme celui qui déclenche la repousse rapide des communautés végétales après un incendie. Il s’agit ici d’utiliser le vinaigre de bois pour inciter les graines à pousser au « mauvais » moment de l’année, puis à mourir de froid, ce qui ferait baisser leur densité dans le lit de semences au fil du temps. Le résultat : moins de mauvaises herbes à tuer, et par conséquent moins de risque de résistance aux herbicides.

M. Sharpe étudie actuellement la question du vinaigre de bois dans les serres en espérant déterminer un calendrier d’application approprié pour les essais au champ à plus grande échelle.

Ce n’est qu’une des nouvelles approches qu’il mijote dans son laboratoire. Lui et le reste de la super équipe explorent tous les aspects de la lutte contre les mauvaises herbes, y compris l’interruption de leur cycle de croissance avant qu’elles ne représentent un gros problème.

Breanne Tidemann : Porter le coup fatal

Puisque nous savons maintenant que nous ne pouvons pas « pulvériser » le problème des mauvaises herbes, Mme Breanne Tidemann, chercheuse au Centre de recherche et de développement de Lacombe, se concentre également sur l’étude de stratégies à multiples facettes dans la lutte contre les mauvaises herbes. L’une des solutions envisagées est le contrôle des graines de mauvaises herbes durant la récolte. Cette tactique découle de notre sensibilisation croissante à la résistance aux herbicides qui, en partie grâce au travail de notre super équipe, devient de plus en plus claire.

L’idée derrière cette stratégie est que de nombreuses espèces de mauvaises herbes produisent des graines au moment précis où la culture est prête pour la récolte. À ce moment, les graines des mauvaises herbes sont dispersées partout, prêtes à surgir et à causer des problèmes durant des années... et plus il y a de graines, plus il y a de problèmes. Il est donc logique d’essayer de limiter ces petites pestes avant qu’elles n’aient une chance de faire des ravages. Un des outils essayés par Mme Tidemann est le broyeur à impact physique. Cette pièce d’équipement sépare les graines de mauvaises herbes de la récolte et les écrase littéralement, les rendant ainsi inoffensives et incapables de donner lieu à de jeunes pousses l’année suivante.

L’une des difficultés à surmonter pour les producteurs voulant adopter cette approche est son coût; en effet, le coût d’achat de l’équipement nécessaire est actuellement plutôt élevé. Ainsi, Mme Tidemann travaille à la fois à démontrer l’efficacité de cette stratégie (afin que les producteurs puissent décider eux-mêmes si elle est valable dans le cadre de leurs opérations) et à explorer des moyens moins coûteux pour les producteurs de contrôler les graines de mauvaises herbes dans leurs champs durant la récolte.

Dans l’ensemble, Mme Tidemann espère que ce sera un outil de plus dans le coffre des agriculteurs, et elle est très heureuse de poursuivre son travail avec la super équipe afin de découvrir d’autres nouvelles solutions pour les producteurs canadiens.

La super équipe s’en occupe!

Ce ne sont là que quelques-unes des façons dont les scientifiques d’AAC sortent des sentiers battus et aident les producteurs à reprendre le contrôle de leurs champs avec de nouvelles stratégies de lutte intégrée contre les mauvaises herbes. Ensemble, ils continuent de trouver des moyens innovants de s’appuyer sur le travail de leurs collègues et de concevoir de nouvelles armes dans la lutte contre les mauvaises herbes. Ce type de collaboration a lieu partout au pays pour de nombreux types de cultures, par exemple dans le cas de l’étude de la chasse aux mauvaises herbes avec des désherbants à projectile : Les chasseurs de mauvaises herbes du Canada s’intéressent aux solutions de rechange naturelles aux herbicides.

La lutte contre les mauvaises herbes peut être difficile et complexe, mais il nous faut absolument trouver des solutions. Les Canadiens et les gens du monde entier dépendent des aliments produits par nos agriculteurs. Quatre-vingts pour cent des terres agricoles du Canada sont dans les Prairies, et nous avons la chance d’avoir une super équipe de chercheurs dédiée à la lutte aux mauvaises herbes qui aide nos agriculteurs et producteurs à combattre leurs plus grands ennemis.

Faits saillants

  • La gestion des mauvaises herbes est difficile et complexe, mais notre super équipe de chercheurs sur les mauvaises herbes des Prairies travaille en collaboration afin d’offrir aux producteurs de nouvelles façons de protéger leurs champs.
  • En adoptant une approche à multiples facettes appelée « lutte intégrée contre les mauvaises herbes », les chercheurs mettent en commun leurs différentes forces pour aider les agriculteurs à ajouter les bons outils à leur coffre et lutter plus efficacement contre les mauvaises herbes.
  • En collaborant avec leurs collègues de l’équipe et avec d’autres chercheurs, les scientifiques de la super équipe en apprennent davantage sur les mauvaises herbes dans les champs des producteurs et trouvent de nouvelles solutions pratiques qui améliorent l’efficacité des méthodes traditionnelles de lutte contre les mauvaises herbes.

Galerie de photos

Femme debout dans un champ de canola vert tenant une planchette à pince.
Breanne Tidemann, chercheuse scientifique au Centre de recherche et de développement de Lacombe, debout dans un champ de canola pendant les essais au champ.
Homme accroupi dans un champ de blé brun doré, avec un équipement d’irrigation en arrière-plan.
Charles Geddes, chercheur scientifique au Centre de recherche et de développement de Lethbridge, s’accroupit dans une parcelle d’essai de blé d’hiver.
Un petit plant de kochia à balais pousse dans un champ sec où le sol est craqué.
Un petit plant de kochia à balais poussant dans un champ.

Renseignements connexes