Helen Tai (Ph. D.)
Chercheuse scientifique – Génétique et génomique des végétaux
Centre de recherche et de développement de Fredericton
Pourquoi êtes-vous devenue scientifique?
J'ai toujours été fascinée par les choses vivantes et leur fonctionnement. Je viens aussi d'une famille de scientifiques — mon père était sélectionneur de pommes de terre au Centre de recherche et de développement de Fredericton. Donc, même si je n'ai pas commencé par l'étude des végétaux (mon doctorat portait sur la génétique des mammifères) je me sens très chanceuse de revenir là où j'ai grandi, pour étudier les pommes de terre. J'imagine que le dicton est vrai : la pomme ne tombe pas loin de l'arbre!
Nous vous présentons Helen Tai (Ph. D.)
Profil
Qu'aimez-vous le plus dans votre travail?
Le travail de recherche est stimulant; je peux faire des découvertes sur des faits scientifiques fondamentaux et les appliquer pour améliorer les cultures et leur production. Un autre aspect qui me plaît est le travail avec mes collègues d'Agriculture et Agroalimentaire Canadas (AAC) et à l'extérieur d'AAC. Le milieu scientifique et la communauté d'AAC comptent des personnes formidables.
Qu’est-ce qui est le plus génial dans votre domaine scientifique?
Le coût du séquençage de l’ADN a baissé de façon radicale au cours des 20 dernières années : il est environ dix milliers de fois inférieur. Cela a entraîné des changements majeurs dans la façon dont nous étudions la biologie et l’agriculture, a créé d’énormes quantités de connaissances et a augmenté notre capacité de mettre au point des cultures et des stratégies de gestion des cultures améliorées.
Quel est votre plat préféré?
Il y en a beaucoup, mais en voici deux : les croustilles et les petits pains à la pâte de haricots rouges cuits à la vapeur.
Quelle est la chose la plus drôle qui vous soit arrivée au travail?
On nous a demandé de préparer des résumés de nos documents scientifiques à l'aide d'un système en ligne et nous avons été plusieurs à avoir de la difficulté à entrer les renseignements au moment du lancement initial du logiciel. J'ai décidé d'essayer le système en entrant un résumé de deux mots seulement : « étude fantastique ». Je n'ai jamais reçu de confirmation que mon résumé avait été envoyé correctement, donc je me suis dit que ça ne fonctionnait pas et j'en ai fait part à la direction.
Quelques semaines plus tard, j'ai reçu un courriel disant que j'étais invitée à agir à titre de mentor pour des résumés « en fonction du résumé que j'avais soumis ». Je devine que mon « étude fantastique » a fini par se rendre jusqu'à quelqu'un dans le système.
Les plantes sauvages apparentées sont toujours les bienvenues dans le laboratoire
Imaginez rassembler 200 plantes sauvages apparentées du monde entier afin d'en découvrir les meilleures caractéristiques : c'est ce que la sélectionneuse de pommes de terre d'Agriculture et Agroalimentaire Canada Mme Helen Tai (Ph. D.), voit tous les jours. Au Centre de recherche et de développement de Fredericton, son équipe et elle étudient la grande diversité génétique que présentent les pommes de terre de partout dans le monde — y compris les espèces sauvages et exotiques — afin de produire des pommes de terre de meilleure qualité pour les Canadiens.
Certaines variétés avec lesquelles ils travaillent, qui peuvent provenir d'aussi loin que le Pérou, sont apparentées à des pommes de terre d'ici. Ces pommes de terre provenant des quatre coins du monde ont des mécanismes de défense naturels qui leur ont permis de traverser le temps en luttant efficacement contre les maladies et les organismes nuisibles. Et Mme Tai est une grande adepte.
« Les populations de pommes de terre sont une ressource inestimable, dit-elle. Nous reconnaissons que la grande diversité de pommes de terre ne se retrouve peut-être pas chez d'autres espèces végétales. »
Récemment, elle a fait appel à certaines de ces espèces sauvages pour combattre le redoutable doryphore de la pomme de terre. Il s'agit d'un petit insecte rayé qui cause plus de dommages que tout autre insecte à la culture canadienne de la pomme de terre, évaluée à 1 milliard de dollars, et il est difficile de l'endiguer. Les producteurs ont besoin de pesticides puissants pour lutter contre ces insectes, mais au fil du temps, les pesticides cessent de fonctionner, car les insectes développent une résistance.
Certaines pommes de terre exotiques produisent leurs propres substances chimiques naturelles qui permettent d'éloigner les ravageurs. Par exemple, les doryphores n'aiment pas le goût des feuilles de ces variétés, et ils vont donc les éviter.
Voilà un indice pour Mme Tai. Les membres de son équipe et elle ont découvert des gènes qui repoussent les ravageurs et ils ont été en mesure de sélectionner de nouvelles variétés de pommes de terre qui résistent aux doryphores. De fait, dans des recherches expérimentales, le nombre de doryphores de la pomme de terre qui se nourrissaient des végétaux avait diminué de moitié.
Les nouvelles variétés exigent moins de pesticides, ce qui est meilleur pour l'environnement, font économiser les agriculteurs et ravissent les consommateurs. C'est pourquoi, dans le laboratoire de Mme Tai, les plantes sauvages apparentées sont toujours les bienvenues.