José Ramón Úrbez-Torres (Ph. D.)
Chercheur scientifique - Phytopathologie
Centre de recherche et de développement de Summerland
Pourquoi êtes-vous devenue scientifique?
Je crois avoir commencé à travailler un été comme étudiant de premier cycle dans un centre de recherche. J'ai fait un travail très intéressant dans les vignobles, où je surveillais les populations de papillons nocturnes qui endommageaient les raisins. C'était fascinant de penser que, grâce à mon travail, d'autres chercheurs pourraient créer des modèles de populations de papillons nocturnes qui indiqueraient aux viticulteurs le moment exact où ils devaient utiliser des outils de gestion des cultures pour contrôler ces organismes nuisibles. Aujourd'hui, de nombreuses années plus tard, je suis toujours aussi curieux et émerveillé par nos résultats de recherche. C'est sûrement la raison pour laquelle je suis devenu chercheur.
Nous vous présentons José Ramón Úrbez-Torres (Ph. D.)
Profil
Qu'aimez-vous le plus dans votre travail?
Parmi les nombreuses choses que j'aime dans mon travail, il y a les gens avec qui je travaille. Nous avons une excellente équipe de scientifiques, de techniciens et d'étudiants qui effectuent tous des recherches fantastiques. J'aime aussi voir que des viticulteurs et des producteurs de fruits de verger utilisent personnellement et adaptent bon nombre des solutions que nous fournissons grâce à nos recherches.
Qu'est-ce qui est le plus génial dans votre domaine scientifique?
Je suis phytopathologiste; pour dire les choses simplement, je suis médecin des plantes. Je trouve absolument génial d'utiliser la recherche ainsi que les outils que nous mettons au point pour diagnostiquer des maladies, repérer des germes dans des cultures et trouver une solution pour aider le producteur. À l'instar d'un médecin, je découvre quels germes causent la maladie, puis je fournis une ordonnance.
Quel a été le plus grand défi que vous ayez jamais affronté dans votre carrière?
Le fait de me trouver à 10 000 km de toute ma famille.
Quelle est la question la plus courante que les gens vous posent au sujet de votre travail?
« Les plantes tombent malades, vraiment? »
Quelle est la chose la plus drôle qui vous soit arrivée au travail?
Une année, un ours a mangé les pommes sur notre parcelle de recherche. C'est assez courant ici à Summerland. L'été, des ours viennent souvent se promener près de nos parcelles de recherche et mangent parfois les fruits que nous étudions. C'est ce qui arrive lorsqu'une station de recherche se trouve en pleine nature.
Un matin, nous avons trouvé des pommes à moitié mangées et quelques arbres endommagés par des ours. Nous savions qu'il s'agissait d'ours parce qu'ils avaient « marqué leur territoire » partout. Heureusement, nous avons toujours des arbres supplémentaires sur nos parcelles les plus vulnérables et nos recherches n'ont donc pas été compromises.
La passion pourrait être l’arme ultime pour aider les vins canadiens à réussir
Chaque raisin canadien qui devient du vin doit d'abord survivre à diverses maladies.
L'un de ces ennemis est la maladie de l'enroulement. Considérée comme l'une des maladies les plus destructrices pour la santé des vignes dans le monde, elle est causée par plusieurs virus qui se combinent pour retarder le mûrissement des fruits et en diminuer la qualité.
M. José Ramón Úrbez-Torres (Ph. D.), un phytopathologiste d'Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), explique ceci : « Une fois qu'elle attaque, la maladie peut diminuer le rendement des raisins de près de 40 %. Cela peut être dévastateur pour les agriculteurs, les viticulteurs locaux et le tourisme viticole, car faute de raisins sains, on obtient un vin qui n'est pas de grande qualité ».
Un autre ennemi est la maladie de la tache rouge. Les recherches effectuées en collaboration avec Mme Pat Bowen, M. Carl Bogdanoff et M. Kevin Usher au Centre de recherche et de développement de Summerland d'AAC, en Colombie-Britannique, ont montré que les raisins infectés mûrissaient plus tard, avaient une couleur différente et étaient plus petits, ce qui réduit la qualité et la valeur des vins produits à partir de ces raisins.
M. Úrbez-Torres signale que « la méthode classique d'utilisation des pesticides chimiques pour lutter contre les maladies de la vigne est remplacée par des méthodes plus écologiques. Les consommateurs et les agriculteurs cherchent des méthodes de rechange pour gagner cette bataille. La pression est forte pour trouver des solutions. »
Par exemple, pour combattre les maladies, M. Úrbez-Torres et ses collègues travaillent avec des agriculteurs locaux depuis cinq ans. Ils sensibilisent les cultivateurs au sujet des maladies, des germes en cause et, dans certains cas, des insectes qui les propagent. Le but est d'utiliser tous les renseignements à sa disposition pour mettre au point et en œuvre des stratégies régionales visant à limiter la propagation des virus.
« Ces connaissances ne sont pas sorties de nulle part, dit M. Úrbez-Torres. Il a fallu des années pour cartographier et surveiller la propagation naturelle des virus. De plus, grâce à la collaboration de l'entomologiste d'AAC, M. Tom Lowery, nous avons découvert quels insectes apportaient la maladie aux végétaux, avons étudié la biologie de la maladie et avons mis à l'essai des moyens de la combattre naturellement ».
« Mes collègues et moi sommes passionnés par ce que nous faisons. Le Canada possède une industrie vinicole primée qui produit plus de 250 millions de bouteilles par année. Nous ne pouvons pas laisser tomber les agriculteurs, les vignerons et les Canadiens. C'est une bataille que nous continuerons de mener pour que les gens puissent lever leur verre de vin canadien et dire que c'est le meilleur vin qu'ils n'aient jamais goûté. »