Sylvie Cloutier (Ph. D.)
Chercheuse scientifique – généticienne moléculaire
Centre de recherche et de développement d'Ottawa
Pourquoi êtes-vous devenu scientifique?
Je suis une personne naturellement curieuse qui remet tout en question. La profession de scientifique satisfait ma curiosité et me permet d'avoir un large champ de prise de décision : des idées à l'exécution, en passant par les résultats et l'impact. C'est très gratifiant.
Nous vous présentons Sylvie Cloutier (Ph. D.)
Profil
Quel aspect de votre travail préférez-vous?
C'est tout sauf ennuyeux – je ne pourrais pas faire un travail répétitif – car les défis sont vastes et constants. Je façonne mes activités dans une large mesure parce que je suis le moteur du changement en générant des idées. La stimulation est permanente. Bien que le sens de l'aventure ne soit pas pour tout le monde, je trouve passionnant de toujours être à l'aube de quelque chose de nouveau.
Quelle est la question la plus courante que l'on vous pose sur votre travail?
C'est quand les gens me demandent : « Que faites-vous dans la vie? ». Je leur réponds que je suis une généticienne moléculaire et que je travaille sur le blé et le lin. Habituellement, c'est une mauvaise façon de commencer une conversation.
Quel a été le plus grand défi que vous ayez rencontré dans votre carrière?
Le programme de doctorat nous forme à certains aspects de la science, mais nous ne recevons pas de formation officielle sur les compétences non techniques qui font de nous de meilleurs gestionnaires, joueurs d'équipe et leaders, par exemple. Pourtant, ces compétences sont extrêmement importantes, car pour être un bon scientifique, il faut exercer ces compétences et bien d'autres encore, qu'il faut acquérir et améliorer tout au long de sa carrière pour réussir.
Qui a inspiré votre carrière ou qui est votre idole?
Frederick Sanger. Il a remporté non pas un, mais deux prix Nobel, dont un pour avoir développé la méthodologie de séquençage de l'ADN. Pourtant, il était décrit comme une personne humble qui adhérait aux plus hauts standards, et ne cherchait pas à attirer l'attention ou à accéder au pouvoir.
Quel est votre plat favori?
Le pain, bien sûr. Chaud, humide et beurré.
Blé canadien : grillé par le monde entier
Imaginez-vous dégustant des rôties chaudes recouvertes de beurre crémeux et de confiture sucrée. Y a-t-il quelque chose de plus délicieux avec votre tasse de café ou de thé chaud du matin?
Il y a de fortes chances que le blé qui sert à la préparation de vos rôties et du déjeuner de millions de personnes dans le monde entier soit cultivé par des agriculteurs canadiens. Et ces agriculteurs sont soutenus par des chercheurs d'Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), comme la scientifique Sylvie Cloutier, généticienne moléculaire.
« Le blé canadien nourrit le monde, indique Mme Cloutier. Notre réputation internationale pour la production de blé de la plus haute qualité me rend fière. »
Depuis plus de 100 ans, les chercheurs d'AAC ont consacré leur carrière à l'amélioration du rendement et de la qualité des variétés de blé cultivées au Canada. Les résultats ont été payants.
Aujourd'hui, le Canada est l'un des plus grands exportateurs de blé au monde, avec une récolte annuelle de 5 milliards de dollars. Le blé canadien représente une part importante des calories et des protéines consommées chaque jour dans le monde.
Mais il y a un problème : les inondations, les sécheresses, les maladies et les organismes nuisibles sont de plus en plus fréquents, ce qui rend la croissance du blé et des autres cultures plus difficile.
C'est là qu'intervient le savoir-faire moléculaire de Mme Cloutier. Elle travaille à la découverte de ce qu'on appelle les « gènes de résistance au stress » dans l'ADN des blés sauvages ou moins adaptés, afin que les sélectionneurs de végétaux puissent ensuite les incorporer dans les variétés canadiennes actuelles à forte production que les agriculteurs canadiens aiment cultiver.
De tels gènes se produisent naturellement lorsque différentes variétés s'adaptent à leur environnement d'origine et aident une espèce à survivre. Certains de ces gènes aident les variétés à mieux résister à des maladies particulières ou à supporter des mauvaises conditions de culture qui favorisent les maladies.
Mme Cloutier cherche des gènes de résistance au stress dans d'autres populations de blé, au pays et à l'étranger. On peut parfois observer des preuves de gènes de résistance dans des champs où quelques plantes restent sur pied après que les conditions météorologiques ou la maladie ont anéanti le reste.
Au plan moléculaire, cette recherche est un processus très précis. Parfois, on a l'impression de chercher la proverbiale aiguille dans la botte de foin.
Mais grâce à la technologie, de meilleurs outils de dépistage génétique facilitent la tâche. En redécouvrant cette diversité génétique perdue, nous améliorons la sécurité alimentaire à l'échelle mondiale. Mme Cloutier sait que cela en vaut la peine – pour le Canada et le monde entier.