Cultiver l’espoir : Dave Kranenburg réinvente le marché public pour réduire le gaspillage alimentaire

Défi de réduction du gaspillage alimentaire d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC).

Malgré ce que l’on peut penser, la réussite n’est pas qu’un coup de chance : il faut aussi souhaiter apprendre, s’adapter et, surtout, prendre des risques et tenter quelque chose de nouveau. Dave Kranenburg, producteur, a pris un tel risque lorsqu’il a troqué son bureau du centre-ville pour un terrain boisé et vallonné de 70 acres. Avec son bagage de connaissances en technologie, Dave ne connaissait pas grand-chose à l’agriculture. Maintenant, il conjugue ses nouvelles connaissances avec son savoir-faire en technologie pour aider ses pairs agriculteurs à nourrir plus de Canadiens et Canadiennes, et à réduire le gaspillage alimentaire.

Cultiver la constance

Dave et son épouse Emily à Kendall Hills Farm

Dave et son épouse Emily à Kendall Hills Farm

Écouter les oiseaux gazouiller dans le couvert forestier n’a fait que confirmer ce que Dave savait déjà : déménager avec sa famille pour prendre les rênes de Kendal Hills Farm, qui appartenait aux parents de son épouse, était la bonne décision. Ce n’est pas tout le monde qui aime se lever aux premières heures du jour et travailler pendant de longues journées, mais Dave adore ça. En fait, la seule chose qu’il n’arrivait pas à supporter, c’était la quantité de déchets alimentaires qu’il produisait. Après avoir discuté avec d’autres producteurs au marché, Dave a constaté qu’il devait composer avec un problème qui nuisait à bien de petits producteurs : on cultive et on espère.

« C’est l’approche sur laquelle la plupart des petits producteurs doivent compter, explique Dave. On cultive des aliments et on espère que quelqu’un les achètera au marché. »

Malheureusement, ce n’était pas toujours le cas. Les ventes aux restaurants et aux petits épiciers n’étaient jamais garanties, et une présence à un marché public pouvait faire une aussi grande différence que quelques gouttes de pluie. Non seulement cette stratégie fondée sur l’espoir influait sur les résultats financiers des producteurs, mais aussi elle était à l’origine d’une grande partie du gaspillage alimentaire des petites fermes.

Il devait bien y avoir un moyen de remplacer des ventes espérées par des ventes garanties. Mais comment?

Entre l’entretien de la ferme, le travail au marché et le temps passé avec sa famille, Dave a commencé à mettre à l’essai différents moyens de garantir des acheteurs pour ses produits. Il a essayé de créer une boutique en ligne, d’encourager ses clients à réserver et venir ramasser leurs denrées, et de permettre aux restaurants de faire des commandes jusqu’à un an d’avance. Bien que ces efforts aient contribué à éliminer le gaspillage, Dave savait que c’était possible d’en faire plus. Mais ce n’est qu’au printemps 2020, au moment des fermetures liées à la pandémie, que Dave a pu consacrer à son site Web le temps et l’attention nécessaires.

C’est alors que tout a changé.

Plonger dans le monde virtuel

Dans les quelques jours qui ont suivi le début de la période d’isolement en raison de la pandémie, Dave a lancé un marché public en ligne, en quelque sorte. Au lieu de créer une boutique destinée seulement à la vente de ses propres produits, l’idée de Dave s’est transformée en marché pour toutes les petites fermes de la région du Grand Toronto.

« Ça ne m’intéressait pas d’appeler mon site “Kendal Hills Farm” et d’y offrir seulement des produits de mes amis, se rappelle Dave. Ce n’était plus seulement la boutique de notre ferme. La situation avait changé. C’est alors que je me suis dit que c’était le moment de voir jusqu’où on pouvait pousser cette idée. »

Le marché public en ligne de Dave, qui porte le nom de Graze & Gather (anciennement le Virtual Farmers Market, ou le marché public virtuel), sert de distributeur pour les producteurs, qui peuvent y vendre leurs produits alimentaires avant même la récolte. Les producteurs font connaître les rendements attendus, et Dave publie les stocks sur le site Web. Une fois que le produit est vendu, il est récolté, emballé et livré directement au domicile du client. Et plus important encore, le site Web fonctionne comme un magasin zéro déchet.

Et ça fonctionnait! Le site Web était une solution gagnante pour tous ceux qui l’utilisaient : les producteurs pouvaient enfin compter sur des acheteurs garantis pour leurs produits, et les consommateurs avaient accès à des aliments frais de la ferme même s’ils ne pouvaient se rendre à un marché public.

Dave tient des champignons shiitake, « huître bleue » et « huître perlière »

Dave tient des champignons shiitake, « huître bleue » et « huître perlière »

Mais qu’advenait-il des produits que les producteurs ne vendaient pas par l’entremise du site Web? Ce n’est pas parce que le site Graze & Gather n’engendrait aucun gaspillage alimentaire qu’il n’y avait aucun gaspillage au bout du compte. Le gaspillage se trouvait ailleurs. Dave savait que son travail était loin d’être terminé, mais il avait besoin d’un coup de pouce pour traverser la ligne d’arrivée.

Heureusement, une possibilité s’est présentée lorsque Dave a pris connaissance du Défi de réduction du gaspillage alimentaire d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC).

Remettre en question le modèle d’affaires

Défi de réduction du gaspillage alimentaire d’AAC : volets Modèles d’affaires

Dans le cadre de la Politique alimentaire pour le Canada, AAC a lancé le Défi de réduction du gaspillage alimentaire, aussi appelé « le Défi », le 19 novembre 2020. Le Défi a été créé pour accélérer et faire avancer le déploiement de diverses solutions de haut calibre au gaspillage alimentaire au Canada. Il consiste en trois phases de production de rapports, durant lesquelles les innovateurs rivalisent pour obtenir une subvention d’un montant plus élevé selon les résultats de leur projet. Le Défi comporte deux groupes de volets : Technologies novatrices et Modèles d’affaires. Dans les volets Modèles d’affaires, les candidats doivent présenter un modèle qui appuie une solution prête à être commercialisée et propose un moyen innovateur de faire des affaires de manière à prévenir ou à réacheminer les déchets alimentaires.

AAC était à la recherche de projets innovateurs à financer, et l’idée de Dave convenait tout à fait. Il a proposé de structurer le marché en ligne en système de vente en gros circulaire, de sorte que les aliments imparfaits et moins attrayants qui ne pouvaient être vendus aux consommateurs soient plutôt vendus aux restaurants et fabricants de produits alimentaires. Les chefs cuisiniers et fabricants transformeraient ensuite ces aliments en denrées non périssables que les consommateurs pourraient acheter sur le site Web.

Dave a mis toutes les chances de son côté et présenté une demande. Et ses efforts ont été récompensés : son équipe et lui se sont rendus en demi-finale et ont obtenu une subvention de 100 000 $!

« Que ça fait du bien de gagner, mentionne Dave. Le lancement du marché public virtuel, c’était comme sauter du haut d’une falaise et construire l’avion en tombant. Nous avions l’impression de bien faire les choses du point de vue des petites fermes, mais en devenant demi-finalistes, nous avons obtenu une validation externe d’experts qui reconnaissaient notre potentiel. »

Malheureusement, Dave et son équipe ne se sentaient pas prêts à passer à la prochaine étape en raison de la complexité de leur travail. Cependant, ils ont tout de même connu du succès en investissant dans les gens et en faisant croître l’entreprise : avec le prix en argent, Dave a embauché des gens connaissant bien l’industrie agricole pour qu’ils collaborent directement avec les producteurs. De plus, pour élargir l’offre de la boutique et améliorer sa capacité, Dave a investi dans la technologie pour pouvoir gérer l’imposant catalogue et les espaces d’entreposage au froid supplémentaires.

Pour Dave, le succès du marché public en ligne a prouvé qu’il est possible de mettre en place un système alimentaire local plus efficace et plus rentable. Il lui a aussi permis de constater qu’il est encore possible de l’améliorer pour exploiter son plein potentiel. En continuant d’élargir un réseau de petites fermes, il espère accroître le rayon de livraison et nourrir encore plus de familles. Changer un système demande beaucoup de travail, mais, qu’il s’agisse des produits alimentaires que Dave vend ou des efforts qu’il déploie, rien n’est perdu.

 

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