Les premiers seize pour cent - EP 010

Les premiers seize pour cent est la nouvelle série de balados d'Agriculture et Agroalimentaire Canada qui explore les idées les plus fraîches en alimentation et en agriculture. À chaque épisode, découvrez en profondeur un nouveau sujet : les nouvelles pratiques, les idées innovantes et leurs impacts sur l'industrie. Apprenez-en davantage sur le secteur agricole canadien auprès des gens qui font les percées et abattent les barrières! Producteurs et gourmets, scientifiques et hauts dirigeants, toute personne ayant un œil sur l'avenir du secteur, ce balados est pour vous! Un nouvel épisode est publié chaque mois.

Épisode 010 - La santé mentale à la ferme

Dans cet épisode, nous parlons avec la Dr Briana Hagen de l'adaptation des programmes de santé mentale aux besoins des agriculteurs. Elle explique comment la santé mentale en agriculture est fondamentalement différente de celle des autres secteurs. Elle propose des solutions et des programmes efficaces dans tout le pays, notamment le programme "En tout connaissance", qu'elle a contribué à développer à l'Université de Guelph.

Transcription

Briana : J’aime tellement ça. Travailler avec la communauté agricole a été un défi, mais dans tous les sens positifs du terme. Et en travailler avec les agriculteurs, en particulier, ils forment un groupe de personnes motivées. Et lorsqu'ils sont engagés dans quelque chose, ils sont tout à fait déterminés à l'améliorer.

Sara : Bienvenue au « Premier seize pour cent. » Je suis Sara Boivin-Chabot.

Kirk : Et je suis Kirk Finken. Cet épisode concerne la santé mentale à la ferme. Ça peut être un sujet lourd. Mais nous allons faire comme les agriculteurs… mettre nos bottes de travail et y arriver. Nous allons éclairer ce sujet.

Sara : La voix que vous avez entendue était celle du Dr Briana Hagen. Elle est l’une des plus importantes spécialistes du Canada en santé mentale dans le secteur agricole. Elle est basée au Manitoba et travaille avec l'Université de Guelph.

Kirk : Avec la contribution des agriculteurs, la Dre Hagen et ses collègues ont réalisé de nombreuses études nationales et élaboré un programme appelé « En toute connaissance. » Il a été largement testé sur le terrain. Et il est en cours de livraison dans plusieurs provinces. Ce que nous avons appris avec Dr Hagen, c'est que la question de la santé mentale dans l'agriculture est fondamentalement différente de celle des autres secteurs.

Sara : En discutant avec elle, nous avons acquis des connaissances et entendu des messages que nous pouvons partager pour améliorer la santé mentale - dans nos fermes, dans nos familles et dans notre secteur. Écoutez bien…

Kirk : Docteur Hagen, vous avez dit que vous aimiez travailler avec les agriculteurs en raison de leur mentalité de terre à terre. Ils sont à part! Quels sont facteurs de stress qui sont spécifiques aux agriculteurs? Et en quoi cela influencent leurs expériences en matière de santé mentale?

Briana : Il y en a beaucoup, je pense; vous savez, des choses comme la météo et les finances, les rendements - des choses comme ça. Des défis avec leur culture ou leur troupeau. Mais il y a des choses qui viennent avec cela et je pense qu'il est vraiment important d’en parler. Dans le cadre de mon travail de doctorat, j'ai réalisé soixante-quinze entretiens individuels approfondis avec des agriculteurs. Et les gens ont beaucoup parlé du fait que l'héritage agricole était un énorme facteur de stress pour eux. Donc, les gens veulent continuer l'héritage de leur ferme familiale où ils cultivent de façon similaire pendant des générations, mais la terre ne le permet plus, ou les changements des conditions météorologiques ne le permettent pas. Et vous pouvez imaginer comment cet impact peut s’aggraver au fil du temps quand vous avez été élevé pour remarquer des choses ou des tendances qui se sont produites année après année. Et puis, celles-ci évoluent maintenant assez radicalement et assez rapidement, de sorte que ça a des conséquences, entre autres, sur la santé mentale. Les gens se sentent comme un échec. Ils n'apprennent pas bien ou ils ne cultivent pas bien, ou ils n’écoutent pas bien la génération précédente, alors qu'en réalité, les conditions météorologiques changent rapidement de façon extrêmes. Et puis, ça fait des tensions entre les générations d'agriculteurs qui essaient de comprendre comment aller de l'avant d'une manière qui honore l'héritage. Vous pouvez donc imaginer que ça a d'énormes répercussions sur la santé mentale à l'avenir.

Sara : Dans ce que vous dites, j’entends que plusieurs des facteurs de stress des producteurs, ce sont des choses qu’ils ne peuvent pas contrôler.

Briana : Exactement! Le plus grand thème général des facteurs de stress est ce manque de contrôle. Alors, vous savez, les gens parlent de stress et de diminution de leur stress pour améliorer leur santé mentale et ils parlent de prendre le contrôle de la situation. Alors, qu’est-ce que les producteurs vont faire avec ça? Ils ne peuvent pas contrôler certaines de ces situations.

Sara : Et est-ce que la COVID a augmenté tout cela?

Briana : La COVID ajoute du stress aux agriculteurs du Canada. Les choses sont différentes dans la façon dont ils déplacent leurs récoltes ou dans la façon dont les prix changent. Ce sont des choses qui changent encore rapidement en raison de la COVID. Ça ajoute un autre facteur de stress qu’ils doivent gérer, pour l’entreprise et avec leur famille. Est-ce que les enfants vont à l'école ou est-ce qu’ils restent à la maison? Il y a du stress supplémentaire pour tout le monde.

Sara : En parlant de famille, dans vos entretiens, avez-vous constaté qu'il y avait aussi des différences de genre ou des facteurs liés au genre?

Briana : Oui, le genre était quelque chose dont on a aussi beaucoup parlé. Le stress d'être une femme était quelque chose dont les agricultrices ont beaucoup parlé; ne pas être prises au sérieux, avoir cette énorme charge de travail familial qui s'ajoute à leur charge de travail agricole et leurs responsabilités qui étaient plus traditionnelles pour les agricultrices. Mais maintenant qu’elles ont des rôles différents, la charge de travail n'a pas changé. Il est devenu de plus en plus grand. Et cela est devenu une lutte et un stress. Vous pouvez donc voir comment ça peut avoir un impact un peu différent pour les femmes par rapport aux hommes, ça peut avoir un impact différent sur les familles et aussi avoir un impact différent sur la ferme en fonction de la taille.

Kirk : Et dans vos études, quels sont les impacts que vous voyez sur la santé mentale des producteurs?

Briana : Certains des impacts sont assez graves. Par exemple, notre étude a montré que plus d'un tiers des agriculteurs qu’on a interrogés pouvaient être classés comme souffrant de dépression. Cinquante-huit pour cent pourraient être classés comme souffrant d'anxiété. L'épuisement professionnel était élevé par rapport aux autres professions et aux données normatives. La résilience était plus faible. Et je tiens à dire que les mesures que nous avons utilisées n'étaient pas juste une question : êtes-vous en dépression? Oui ou non? On a utilisé des outils cliniques validés, des échelles qui mesurent la probabilité qu'une personne doive subir un dépistage supplémentaire pour dépression ou anxiété. Donc, cette enquête a été faite en 2016 et on est en fait sur le point de déployer la prochaine itération. Nous serons donc en mesure de comparer les tendances au fil du temps très, très prochainement. Mais c'est une enquête nationale que nous avons menée qui portait sur environ onze cents agriculteurs à travers le Canada. Ces résultats étaient donc un peu surprenants, mais pas choquants. Mais ce sont certainement les effets négatifs du stress. Et puis les autres impacts dont on entend parler, ce sont les gens qui quittent l'agriculture. C’est trop stressant. Ils tombent malades et puis ils s'en vont. Ou pour les femmes, elles ne vont pas dans l'agriculture ou elles partent, elles abandonnent l'agriculture ou elles obtiennent des emplois hors de la ferme, des choses comme ça. Ce sont quelques-uns des impacts les plus importants. Et puis, dans d'autres pays, nous n'avons pas mesuré ça statistiquement au Canada, mais de façon anecdotique, nous savons ceci: que les agriculteurs se suicident. Et dans d'autres pays, nous savons qu'ils se suicident à un rythme assez alarmant par rapport à d'autres professions.

Kirk : Wow. Vous nous avez donné ici une image très claire et qui donne à réfléchir. Et je peux imaginer que dans les circonstances particulières des agriculteurs, il peut être difficile de demander de l’aide aussi, n’est-ce pas?

Briana : Oui, je pense que la seule chose dont nous n'avons pas vraiment parlé en termes de différence d’enjeux, c’est l'accès aux soins et l'accès aux soins qui sont accessibles aux agriculteurs eux-mêmes, qu’ils sont prêts à aller chercher. C'est un peu différent, je pense, par rapport à un centre urbain, simplement la géographie. Le fait de devoir se rendre dans un centre urbain pour se faire soigner n'est pas nécessairement une option pour tous les producteurs. Le coût est une autre chose, quand quelqu'un se sent incroyablement stressé, il y a de fortes chances que des soucis financiers en fassent partie. Donc, s'ils ont les moyens de se faire soigner et qu'ils doivent ensuite voyager, s'absenter de la ferme pour conduire des heures vers un centre pour recevoir des soins, la probabilité que ça se produise est plus faible.

Kirk : Je pense qu'il y a aussi un obstacle s'ils recherchent des soins dans un milieu rural ou dans une petite ville, n’est-ce pas?

Briana : Oui, il est possible qu'ils ne se sentent pas à l'aise de chercher des soins dans leur communauté, parce que leur anonymat pourrait être compromis. Et ils ne veulent pas que quelqu'un voit leur camion à l'extérieur de la clinique et sache qu'ils ont besoin de soins. Donc, toute stigmatisation autour de la santé mentale qui existe encore pourrait avoir des répercussions plus importantes sur les agriculteurs que peut-être dans un centre urbain où vous avez cet anonymat lorsque vous cherchez de l'aide. C'est peut-être quelque chose que la COVID… ça serait une lueur d'espoir de la COVID, parce qu’on utilise maintenant ces types de téléservices pour tellement de choses que j'espère que cela se répandra dans les zones rurales. Et peut-être qu'ils pourront accéder aux soins d’une façon plus acceptable pour eux; ça pourrait être en face à face, mais pas en personne.

Sara : Est-ce qu’il y a quelque chose dans la culture agricole elle-même qui rend plus difficile le traitement de la santé mentale?

Briana : Cent pour cent. C’est quelque chose dans notre recherche qu’on a trouvé et qu’on a appelé la « crédibilité agricole ». Et la crédibilité agricole ressortait quand on parlait de l'accès aux soins. Pour un agriculteur par exemple - je n'oublierai jamais son histoire - il en est arrivé à un point où les choses allaient vraiment mal pour finalement décider de prendre la décision d'aller accéder aux soins, juste à l'extérieur de sa communauté. Mais il y est allé. Et le conseil que lui a donné le médecin généraliste à ce moment-là était de prendre deux semaines de congé. En tant qu'agriculteur, c’était pas une option. Et cet agriculteur, qui avait mis beaucoup de temps à se rendre dans ce bureau pour se faire dire « OK, prenez des semaines de congé, deux semaines loin de votre travail. » Il s’est levé, il n’a pas dit un mot, il a quitté le bureau et a décidé qu'il ne chercherait plus jamais d'aide pour sa santé mentale. Donc, avoir une compréhension par ces fournisseurs de service de santé, qu’ils connaissent la vie quotidienne de l'agriculture ou simplement avoir des connaissances agricoles, d’être en mesure d'aider de manière à ce que les stratégies soient utiles pour les producteurs, c’est quelque chose qui doit être fait.

Kirk : Ce sont de nombreux facteurs et problèmes uniques. Alors par où commencez-vous?

Briana : On peut commencer à la base et créer une sorte de formation d'alphabétisation agricole ou un programme ou simplement présenter des choses simples pour aider les fournisseurs de soins de santé mentale. Pour les aider à être plus pertinent en milieu rural, à connaître les tenants et aboutissants de l'agriculture pour mieux servir cette communauté.

Sara : Si je comprends bien, les vétérinaires semblent jouer un rôle important dans la stratégie globale de santé mentale du secteur.

Briana : Oui, oui. Alors je pense que tu as raison, qu'ils font partie d’une sorte d’équipe de première ligne. Et je pense que c'est parce que les agriculteurs ont des relations avec leurs vétérinaires. Alors, vous savez, les vétérinaires viennent faire des bilans de santé mensuels du troupeau. Ils remarquent quand, par exemple, les agriculteurs parlent, qu’ils peuvent être déprimés ou extrêmement anxieux. Ils le remarquent dans leur bétail ou ils le remarquent dans leur étable. Leurs étals ne sont pas aussi propres que d’habitude. Le fermier lui-même fait les cent pas pendant tout le temps où vous lui parlez dans la grange. Il y a donc ces indices propres à la ferme qui n'ont pas été abordés dans le type précédent de formations sur la littéracie en santé mentale. Donc, tout ça pour dire que les vétérinaires sont des gens qui, selon les agriculteurs, devraient être formés à la littéracie en santé mentale parce qu'ils se confieraient à eux. Mais cela étant dit, les vétérinaires ne sont pas des professionnels de la santé mentale. Ils avaient donc besoin d'outils pour être en mesure d'identifier une situation qui se passait et pour savoir ensuite quoi faire, parce qu'il n'appartient pas à un vétérinaire d’être un soutien en santé mentale à temps plein. Mais, quand les vétérinaires le remarquent, ils sont aussi des personnes, et ils se soucient des gens avec lesquels ils travaillent, ils voulaient donc des outils pour pouvoir avoir une conversation et passer ensuite à l'étape suivante de « qu’est-ce qu’on fait? » C'était donc une des intentions de ce projet, et en particulier de la formation « En toute connaissance », et on a aussi formé des vétérinaires, et on continue à le faire.

Sara : La formation que vous avez développée ne s'adresse donc pas uniquement aux agriculteurs.

Briana : Oui, oui, à cent pour cent, la formation en santé mentale n'est pas réservée aux agriculteurs. Elle est créé par des agriculteurs, pour la communauté agricole. C'est donc pour les agriculteurs eux-mêmes, et puis tous ces interlocuteurs qui s'impliquent et aiment nos agriculteurs. Donc, les conseillers agricoles, les banquiers, les gens du ministère de l’agriculture en Ontario, les gens qui travaillent pour les organisations provinciales, les conducteurs de camions à lait, les gens qui écrivent dans « Better Farming. » Vous savez, ça a été essentiellement développé pour quiconque travaille dans son rôle quotidien avec un agriculteur.

Kirk : Et comment votre programme est-il spécifique à la ferme?

Briana : Vous avez peut-être entendu parler des premiers soins en santé mentale. Les premiers soins en santé mentale, c’est un programme étalon, merveilleux pour une population générale qui enseigne essentiellement aux gens la santé mentale. Donc, développer des connaissances, puis renforcer la confiance et la capacité afin d'être en mesure de parler aux autres de la santé mentale, de reconnaître les signes et les symptômes de problèmes de santé mentale et de savoir comment intervenir ou aider à mener à une intervention. Mais ce que nous avons découvert lorsque on a essayé d'introduire ça dans les communautés agricoles, c'est que ça n'a pas fonctionné aussi bien qu’on le voulait. Pas parce que la programmation elle-même était mauvaise. Le problème était plus en termes de coût et de temps. C'est un programme intensif en personne de deux jours. Et il y a un coût associé. Prendre congé de la ferme pour suivre ce type de formation n'était pas accessible à beaucoup des personnes à qui nous voulions l’offrir. Et ça semblait aussi un peu plus centré sur la ville que ce que nos agriculteurs ne voulaient vraiment. Ils n'ont pas trouvé beaucoup d'exemples auxquels ils s’identifiaient et ils voulaient pouvoir ancrer leurs connaissances dans l'agriculture. On a donc créé un nouveau programme, où tous les exemples sont des exemples agricoles, toutes les luttes de santé mentale dont on parle, sont reliées au contexte de l'agriculture ou à la réalité d'un agriculteur. Et le programme est offert par des professionnels de la santé mentale qui sont également des agriculteurs, ou mariés à un agriculteur, ou qui ont grandi dans une ferme. Ils ont donc ce contexte, cette crédibilité agricole dont les gens avaient vraiment besoin pour se connecter avec le matériel. Je pense donc qu'une programmation comme celle-là, évaluée formellement et dont on sait que ça fonctionne, la mise en œuvre de ces programmes dans nos communautés agricoles, je pense que c’est une excellente façon de commencer.

Sara : Et qu’est-ce qu’y programme ensuite? Est-ce que vous l’implantez dans d'autres provinces?

Briana : Oui, les envoyer dans toutes les autres provinces est quelque chose qui, à mon avis, est essentiel. On devait simplement s’en assurer. Une des choses qui nous passionne évidemment, c’est de nous assurer que ces choses fonctionnent avant de les étendre et de les rendre nationales, car si elles ne fonctionnent pas et que vous les apportez aux communautés agricoles sans évaluation appropriée, elles tombent à plat. Et vous n'allez pas réussir à convaincre les agriculteurs de revenir au prochain programme que vous essayez. On voulait donc prendre le soin et le temps nécessaires pour s’assurer qu’on développait le programme avec les agriculteurs, mais aussi avec toutes les preuves nécessaires pour développer un programme qui ait du sens, puis le tester et s’assurer qu’il y ait des impacts à long terme sur les connaissances et la confiance au sujet des problèmes de santé mentale et sur la façon d'intervenir et sur la façon de discuter de ces problèmes. On a donc fait un suivi de six mois de cette formation pour nous assurer que les impacts de la formation duraient et ils ont duré. Alors maintenant, on a atteint le point où on est prêts à le lancer partout. Et c'est ce qui se passe maintenant. Donc, cela prend plus de temps, mais j'espère que ça signifie qu'il s'agit davantage d'une solution permanente et pas seulement d'un type de type de programme à court terme. Ça ne dure pas.

Kirk : Vous devez être témoin de grandes avancées.

Briana : On a récemment eu une session et nous avons présenté ce qui se passait avec nos recherches. Et après la session, l'organisateur m’a contacté pour me dire, vous savez, cette personne ne voulait pas parler directement, mais elle voulait vous faire savoir qu'elle participait à la formation. Son mari n'y participait pas, mais il était là et écoutait en arrière-plan, car ils étaient chez eux à cause de la COVID. Mais il était là et son mari a lutté contre ce qu'elle appelle la dépression, mais qu’il n'a pas voulu le nommer pendant des années. Et donc, elle a suivi la formation pour le soutenir, plus que pour elle-même - ce que nous avons beaucoup entendu de la part des gens qui venaient à la formation « En toute connaissance », c'est « je ne fais pas ça pour moi. Je le fais pour quelqu'un que j'aime ou quelqu'un de mon entourage »). Et elle a dit qu'après avoir écouté en arrière-plan, il s'est assis et a en quelque sorte participé un peu à mi-parcours. Et à la fin de cette formation, il a pu mettre des mots sur ce qu'il ressentait et a dit, « Tu sais quoi? Je pense que cela pourrait être une dépression, et je pense que je suis prêt à tendre la main s'il y a quelqu'un qui a cette crédibilité agricole à qui parler. » Et dans notre formation, nous donnons une liste de ressources dans la région. Et ils ont dit que le lendemain matin était le premier matin en trois ans où il se levait enthousiaste à l’idée d’aller à la ferme. C'est énorme. Ce n'était pas juste un anecdote, mais un réel impact, ça s'est produit hier et voici ce qui s'est passé aujourd'hui grâce à ça. Ça a été puissant pour moi, et j'espère que c’est ça qui se produit dans les cuisines, dans les fermes au fur et à mesure qu’on avance.

Sara : C’est une belle histoire, et c’est un producteur qui a obtenu de l’aide quand il en avait besoin, et c’est un avancement pour que d’autres l’obtiennent aussi.

Kirk : Tu sais, le simple fait de pouvoir faire la lumière sur toute cette question donne, pour moi, de l’espoir. Et on espère que c'est aussi vrai pour vous – nos auditeurs.

Sara : « En toute connaissance » est un programme de littéracie en santé mentale. C’est un programme bilingue. Ça s’adresse aux producteurs, aux travailleurs étrangers temporaires, aux travailleurs locaux, à toute personne du secteur agricole. Chaque session dure environ 3 heures et demie. En plus des informations générales sur le stress, les traumatismes, l'anxiété, la dépression, la consommation de substances et le suicide, les participants peuvent s'attendre à couvrir les signes avant-coureurs de ces conditions-là - ceux à surveiller à la fois en eux-mêmes et chez les autres. Le programme donne aussi des conseils sur la façon de fournir un soutien et de diriger les gens vers une aide supplémentaire.

Kirk : Au Québec, vous avez le programme d'aide aux producteurs offert par l'UPA. Vous pouvez les appeler au 1-888-687-9197. Dans les autres provinces, il y a d'autres ressources intéressantes. Un bon point de départ est sur le site de votre ministère de l’agriculture provincial. Ou vous pouvez aussi consulter, en anglais, le site-web Do More Ag, donc ça s’écrit www.domore.ag.

Sara : Donc, jusqu'à notre prochain épisode, tu sais quoi faire.

Kirk : Oui, je le sais. Je vais explorer. Et je vais explorer surtout de nouvelles façons de prendre soin de la santé mentale dans notre secteur.

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Épisode 010 - La santé mentale à la ferme

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