Le présent rapport donne un aperçu des principaux investissements et des principales initiatives du gouvernement fédéral dans le cadre de la Politique alimentaire pour le Canada entre 2019 et 2024. Il présente les progrès réalisés en ce qui a trait au traitement des graves problèmes du système alimentaire et remplit les engagements en matière de rapport pris lorsque la Politique alimentaire a été mise en place.
L'alimentation est essentielle pour la santé de la population, de l'environnement et de l'économie du Canada, et la Politique alimentaire pour le Canada a été créée pour favoriser une participation inclusive et des mesures coordonnées qui ensemble améliorent et soutiennent la sécurité alimentaire, la durabilité et la croissance économique.
Dans le cadre de la Politique alimentaire pour le Canada, des investissements considérables ont été faits pour améliorer l'accès aux aliments sains, renforcer les liens entre les systèmes alimentaires et contribuer à la sécurité alimentaire dans les communautés, en particulier dans les communautés autochtones et du Nord. Les réalisations comprennent le financement de plus de 1 000 projets d'infrastructures alimentaires communautaires, l'élaboration d'une politique et d'un programme national en matière d'alimentation dans les écoles du Canada, et le soutien de 50 initiatives visant à améliorer la production locale et les systèmes alimentaires dans les territoires. De plus, on a appuyé 42 solutions innovantes pour réduire les pertes et les déchets alimentaires. Parmi les principales avancées en matière de coordination des politiques, on compte la création du Conseil consultatif de la politique alimentaire du Canada, qui a fourni des conseils ministériels, facilité les dialogues nationaux et contribué à l'élaboration des démarches nationales du Canada dans le cadre du Sommet sur les systèmes alimentaires des Nations Unies.
À l'avenir, la Politique alimentaire pour le Canada reposera sur les réalisations en soutenant une plus grande collaboration entre les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux et au sein des communautés du pays afin d'améliorer les systèmes alimentaires et de combler d'importantes lacunes. Les prochaines initiatives viseront à renforcer les investissements en matière de sécurité alimentaire communautaire afin de créer des systèmes alimentaires résilients et d'améliorer les conditions sociales et économiques de la population canadienne.
Politique alimentaire pour le Canada
La Politique alimentaire pour le Canada (la « Politique alimentaire ») fournit un cadre afin d'améliorer la collaboration au gouvernement et avec divers intervenants et partenaires dans le but de relever les principaux défis des systèmes alimentaires canadiens. Elle décrit une vision et définit les résultats prioritaires pour améliorer la planification à long terme de l'ensemble des priorités alimentaires. Elle présente le Conseil consultatif de la politique alimentaire du Canada, qui est chargé de conseiller le ministre. Des investissements ciblés à l'appui de la Politique alimentaire ont permis de combler les principales lacunes visant à améliorer l'accès aux aliments sains en appuyant les liens entre les systèmes alimentaires canadiens, à accroître la sécurité alimentaire dans les communautés autochtones et du Nord et à réduire le gaspillage alimentaire.
Accroître l'accès aux aliments sains
Le fait d'avoir accès à des aliments sains et de faire des choix nutritifs a une incidence considérable sur la santé des Canadiens et des Canadiennes. De nombreuses communautés canadiennes ont du mal à se procurer des aliments sains et salubres en raison de plusieurs facteurs, comme l'isolement géographique, des ressources économiques limitées et des infrastructures inadéquates. Dans le cadre de la Politique alimentaire, le gouvernement du Canada a lancé le Fonds des infrastructures alimentaires locales (FIAL) et l'initiative de lutte contre la fraude alimentaire. Il a également intégré dans les lettres de mandat des ministres des engagements visant à renforcer la sécurité alimentaire dans les écoles.
Fonds des infrastructures alimentaires locales
Le gouvernement du Canada a investi 70 millions de dollars sur cinq ans (de 2019 à 2024) dans le FIAL pour aider les organismes communautaires à rendre les aliments sains plus accessibles. En mars 2024, on avait approuvé un montant de 65,3 millions de dollars pour financer 1 112 projets, qui comprenaient l'achat d'équipement à petite échelle et des initiatives à grande échelle de production et de distribution. Une analyse du programme interne a montré que le financement du FIAL a renforcé la capacité d'organismes comme les banques alimentaires et les jardins communautaires à offrir des aliments nutritifs et culturellement adaptés à un plus grand nombre de personnes confrontées, ou menacées, par l'insécurité alimentaire grâce à des fonds visant à améliorer l'infrastructure. Les bénéficiaires du FIAL ont confirmé que les projets avaient été efficaces pour augmenter la capacité à cultiver, à entreposer et à distribuer des aliments sains plus régulièrement et plus rapidement.
De plus, l'analyse du programme a montré qu'en moyenne, les bénéficiaires du financement du FIAL ont indiqué une augmentation de la disponibilité des aliments pour les clients, du volume d'aliments fournis, du nombre de repas servis et du nombre de clients servis. La grande majorité des bénéficiaires ont noté une amélioration quant à la disponibilité des aliments sains et nutritifs et a leur accès, en soulignant les effets positifs des fonds du FIAL pour renforcer les systèmes alimentaires, encourager les partenariats et améliorer la sécurité alimentaire.
Lutter contre la fraude alimentaire
La lutte contre la fraude alimentaire est une initiative menée par l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) pour assurer la salubrité et la juste représentation des aliments vendus au Canada. Grâce à un investissement de 24,4 millions de dollars sur cinq ans (2019-2024) et à un montant supplémentaire de 5,2 millions de dollars, l'ACIA a renforcé les efforts visant à prévenir, à détecter et à décourager la fraude alimentaire. Les principales mesures comprennent la surveillance et l'analyse des risques, des campagnes d'information publique, la collaboration avec des homologues internationaux et la surveillance ciblée des produits de base à haut risque comme le miel, le poisson et l'huile d'olive. L'ACIA a réussi à porter en justice de nombreux cas de fraude alimentaire et à sensibiliser le public grâce à une vaste campagne d'information, qui a pris la forme de balados et de vidéos sur des sujets précis, comme la falsification du miel et l'étiquetage trompeur du poisson. L'ACIA reconnaît que la fraude alimentaire est un défi mondial et participe à des efforts internationaux dans le but d'échanger les meilleures pratiques et de collaborer avec d'autres pays.
Programme national d'alimentation scolaire
C'est dans le cadre de la Politique alimentaire du budget de 2019 que l'engagement à œuvrer en faveur d'un Programme national d'alimentation scolaire a initialement été pris. Par la suite, le gouvernement du Canada a collaboré avec des intervenants ainsi que des partenaires provinciaux, territoriaux et autochtones lors de réunions bilatérales et de tables rondes thématiques, ainsi qu'avec le Conseil consultatif de la politique alimentaire du Canada et le Conseil canadien de la jeunesse agricole. Le public a également été consulté au moyen d'un questionnaire en ligne. Les commentaires par rapport au processus d'engagement ont orienté la Politique nationale en matière d'alimentation dans les écoles, qui décrit la vision et les objectifs à long terme du gouvernement pour les programmes relatifs à l'alimentation dans les écoles au Canada. Le budget de 2024 prévoyait un investissement d'un milliard de dollars sur cinq ans (2024-2029) pour un Programme national d'alimentation scolaire.
Liens avec les systèmes alimentaires canadiens
Le secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire est un des principaux éléments de l'économie canadienne, et comprend de nombreuses industries comme celle de l'horticulture, des céréales et de la viande. À mesure que les systèmes alimentaires évoluent, on demande de plus en plus de transparence, ce qui reflète les valeurs et les priorités de la population canadienne.
Ainsi, l'initiative Agri-communication a été mis en place afin de valoriser la contribution des agriculteurs et de l'industrie alimentaire et d'accroître la fierté à leur égard, et de renforcer la confiance du public. Agri-communication a permis d'établir plus de 200 partenariats et de susciter un grand intérêt, qui s'est notamment traduit par 30 millions de visionnements sur les médias sociaux et par la sensibilisation de plus de 3 millions de personnes au Canada lors d'événements. En outre, plus de 6,5 millions de dollars ont été alloués à 24 projets visant à sensibiliser les consommateurs et à promouvoir des pratiques respectueuses de l'environnement. Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) a également lancé la campagne Du cœur dans chaque bouchée et a modernisé la marque Canada afin d'encourager la promotion de l'agriculture durable. Les études commandées par AAC visaient à approfondir la compréhension du changement de perceptions des consommateurs par rapport aux aliments et aux pratiques durables.
Soutenir la sécurité alimentaire dans les communautés autochtones et du Nord
Les systèmes alimentaires du Nord sont confrontés à des défis et à des occasions uniques, qui reposent sur trois domaines interreliés : le régime de marché (aliments nationaux et importés), l'alimentation locale (aliments traditionnels et sauvages) et un système en expansion d'aliments cultivés localement (comme les serres communautaires et les marchés agricoles).
Afin de renforcer et de soutenir les systèmes alimentaires dans les communautés autochtones et du Nord éloignées, le gouvernement du Canada a créé le Fonds des initiatives pour les communautés nordiques isolées (FICNI). Ce fonds renforce l'agriculture locale et les systèmes alimentaires communautaires dans les territoires, et il est axé sur des solutions innovantes visant à améliorer la sécurité alimentaire et à réduire la dépendance aux aliments importés. Grâce aux 15 millions de dollars alloués dans le budget de 2019, le FICNI a soutenu une cinquantaine de projets, dont près de la moitié ont profité à des bénéficiaires autochtones. On peut citer à titre d'exemple le financement destiné à revitaliser le troupeau de rennes du delta du Mackenzie et à la mise en place d'un abattoir mobile au Yukon. De plus, le Défi innovation alimentaire dans le Nord du FICNI a permis de verser près de 5 millions de dollars à des projets innovants menés par des communautés qui visent à améliorer les systèmes alimentaires locaux, comme un service d'abonnement pour les aliments traditionnels à Iqaluit et une cuisine d'enseignement pour les jeunes des Premières Nations à Whitehorse. Cette approche à multiples facettes a permis d'aborder les défis et les occasions uniques liés aux systèmes alimentaires du Nord, tout en favorisant le développement économique et la sécurité alimentaire dans les communautés autochtones.
Avant le lancement de la Politique alimentaire, l'Énoncé économique de l'automne 2018 a mis en place un financement pour la Subvention pour le soutien aux chasseurs-cueilleurs, qui améliore l'accès aux aliments traditionnels en soutenant la chasse traditionnelle, la cueillette et le partage des aliments dans les communautés isolées.
Réduire le gaspillage alimentaire
Les pertes et le gaspillage alimentaires (PGA) sont un problème important au Canada. En 2019, lors du lancement de la Politique alimentaire pour le Canada, un rapport de Deuxième récolte, La crise évitable du gaspillage alimentaire, estimait que plus de la moitié (58,1 %) de l'approvisionnement alimentaire du pays était jetée chaque année. Les consommateurs et les entreprises alimentaires du Canada ont pris des mesures pour réduire les PGA et une version du rapport actualisé en 2024 (en anglais seulement) souligne que le volume total de PGA généré par le système alimentaire a diminué de 20 %, avec une réduction de 30 % du gaspillage alimentaire dans les ménages. Cela montre que les entreprises alimentaires et les ménages canadiens sont de plus en plus efficaces en matière d'alimentation. Toutefois, près de la moitié de l'approvisionnement alimentaire (46,5 %) est encore perdue ou gaspillée. De plus, le gaspillage alimentaire évitable (c'est-à-dire les aliments qui étaient comestibles à un certain point et qui auraient pu être consommés s'ils avaient été mieux gérés) a augmenté de 6,5 %, atteignant une valeur d'environ 58 milliards de dollars par an. Cela montre que les PGA restent un fardeau économique et environnemental important et qu'il faut en faire plus pour réduire les PGA et rendre les systèmes alimentaires canadiens plus efficaces et plus durables.
L'une des mesures clés de la Politique alimentaire a été un investissement de 20 millions de dollars en 2020 pour lancer le Défi de réduction du gaspillage alimentaire afin de trouver des solutions innovantes et créatives au problème lié aux PGA. Le Défi a reçu près de 600 candidatures dans divers domaines d'innovation visant à créer des solutions efficaces pour lutter contre les PGA. Le Défi comporte deux groupes de volets : les volets des modèles d'affaires portaient sur la prévention et le réacheminement des déchets alimentaires et les volets des nouvelles technologies visaient à prolonger la durée de vie des aliments périssables et à transformer les déchets alimentaires en produits utiles. Grâce à une approche progressive, 42 organisations ont reçu du soutien pour faire avancer les solutions de lutte contre les PGA dans le cadre des deux volets du défi. Le Défi a également soutenu les bénéficiaires au moyen d'activités comme l'encadrement et le développement des compétences, l'exposition aux médias, le renforcement des capacités organisationnelles et les occasions d'établir des partenariats collaboratifs.
Au printemps 2024, 2 bénéficiaires ont été annoncés dans le cadre du volet des modèles d'affaires et 2 autres ont été annoncés dans le cadre du volet des nouvelles technologies. L'approche inclusive du Défi, combinée à des stratégies efficaces d'analyse comparative entre les sexes plus pendant ses quatre années d'existence, a permis d'avoir une forte représentation des groupes méritant l'équité à chacune des trois étapes. Il fallait notamment atteindre la parité hommes-femmes à chaque étape du Défi ainsi que parmi les bénéficiaires ultimes. Outre le Défi, le gouvernement du Canada approfondit sa connaissance des PGA grâce à la recherche, à la collaboration avec des intervenants et à des cadres de mesure permettant de suivre les progrès accomplis. AAC s'efforce également de réduire sa propre empreinte en matière de PGA en donnant ses surplus alimentaires et en échangeant des pratiques exemplaires avec d'autres ministères et organismes fédéraux, dont en collaborant avec le Centre pour un gouvernement vert du Secrétariat du Conseil du Trésor (SCT) du Canada.
Initiatives de lutte contre la COVID
La pandémie de COVID-19 a gravement perturbé les systèmes alimentaires du Canada, en particulier les secteurs de la restauration et de l'hôtellerie, ce qui a entraîné des surplus de nourriture qui ne pouvaient pas être vendus par des canaux de distribution. La pandémie a également aggravé les problèmes de sécurité alimentaire des ménages, ce qui a mis une pression supplémentaire sur les banques alimentaires qui ont dû accroître leurs services à un moment où leurs modes de fonctionnement étaient perturbés par des protocoles d'éloignement physique.
Dans le cadre de la lutte contre la COVID-19, le gouvernement du Canada a mis en œuvre deux initiatives de financement. Le Programme de récupération d'aliments excédentaires a permis de verser 50 millions de dollars à des organisations capables de réacheminer efficacement les surplus alimentaires hautement périssables des producteurs et des transformateurs et de les redistribuer aux personnes menacées par l'insécurité alimentaire. Le Fonds d'urgence pour la sécurité alimentaire a permis de verser 330 millions de dollars aux banques alimentaires locales et aux organisations de secours pour aider à accroître la distribution de denrées alimentaires aux personnes menacées par l'insécurité alimentaire. Un rapport de 2021 de la vérificatrice générale a indiqué que ces programmes d'urgence étaient essentiels pour soutenir les systèmes alimentaires canadiens pendant la pandémie et a souligné qu'il fallait améliorer la préparation aux situations d'urgence à l'échelle nationale.
Gouvernance de la Politique alimentaire
Des mesures coordonnées et cohérentes sont nécessaires pour faire face aux conséquences sociales, sanitaires, environnementales et économiques liées à l'alimentation et pour s'attaquer aux problèmes alimentaires complexes. Afin d'améliorer la collaboration sur les questions prioritaires, la Politique alimentaire a mis en place le Conseil consultatif de la politique alimentaire du Canada (CCPAC).
Le CCPAC a été créé en 2021 en tant qu'organe consultatif externe chargé de fournir des conseils sur les principales priorités du ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire afin d'atteindre les objectifs de la Politique alimentaire. Les conseils que le CCPAC a fournis au ministre ont orienté des politiques et des investissements clés relatifs à l'alimentation, comme les investissements pour l'alimentation dans les écoles et la sécurité alimentaire communautaire dans le cadre du budget de 2024.
Participation à des initiatives internationales
En 2021, Affaires mondiales Canada et AAC ont codirigé la participation du Canada au Sommet sur les systèmes alimentaires des Nations Unies, qui comprenait de vastes consultations avec les intervenants et les partenaires dans le cadre des concertations des États membres. AAC a également dirigé une réponse fédérale coordonnée, en élaborant le document sur les démarches nationales du Canada afin de promouvoir un changement positif dans les systèmes alimentaires canadiens et de faire des progrès en vue d'atteindre les objectifs de développement durable des Nations Unies et de la vision de la Politique alimentaire pour le Canada.
Voie à suivre
La Politique alimentaire pour le Canada continuera à servir de cadre pour promouvoir des mesures coordonnées et combler d'importantes lacunes afin d'améliorer les résultats dans le domaine de l'alimentation. Elle permettra de mettre en place des systèmes alimentaires plus résilients qui soutiennent les objectifs sociaux, sanitaires, environnementaux et économiques, et de soutenir les progrès continus. Il s'agit notamment de s'appuyer sur les nouveaux investissements et ceux qui sont déjà prévus dans le budget de 2024 pour améliorer la sécurité alimentaire locale et l'accès à des aliments ayant une importance culturelle. Les principaux investissements comprennent un milliard de dollars sur cinq ans pour le Programme national d'alimentation scolaire, 62,9 millions de dollars pour renouveler le Fonds des infrastructures alimentaires locales, dont 20,2 millions de dollars pour le Fonds pour l'infrastructure alimentaire scolaire, et 14,9 millions de dollars pour étendre le Fonds des initiatives pour les communautés nordiques isolées à l'ensemble de l'Inuit Nunangat, 25,1 millions de dollars pour élargir le Programme canadien de contrôle de la salubrité des mollusques et 2,8 millions de dollars pour soutenir la mise en œuvre des mesures du Plan d'action de la Loi sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, en renforçant la capacité des organisations inuites à codévelopper des options législatives et politiques pour la production, la vente et le commerce d'aliments traditionnels et locaux.