Jacqueline Dwyer et Noel Livingston unissent la culture, les communautés et les récoltes à Toronto
Tout a commencé par une fraise.
Lorsque Jacqueline Dwyer cherchait un moyen de montrer à ses enfants le pouvoir de la terre, elle a commencé à cultiver des fraises avec eux, déclenchant ainsi un amour à vie pour la terre et la culture des aliments. Rapidement, son jardin du centre-ville de Toronto produisit nombre de fraises et de légumes qu'elle commença à partager avec ses voisins. Jaqueline et son partenaire Noel Livingston étaient loin de se douter que ce jardin serait le début d'un vaste récit unissant nourriture, culture et communauté.
Partir de zéro
Jacqueline et Noel viennent de Jamaïque, où la nourriture fait partie intégrante de la culture. Ils voulaient partager ce lien important avec leur communauté au Canada, mais ils ont vite découvert que de nombreux membres de la communauté avaient du mal à trouver des aliments frais, sains et culturellement appropriés, en particulier les aliments jamaïcains traditionnels. Ils voulaient cultiver eux-mêmes ces légumes, mais cela nécessitait des outils et de l'espace pour jardiner, ce qui n'était pas facile à trouver dans le centre-ville de Toronto. Le couple s'est donc inscrit à un programme d'agriculture urbaine, ce qui leur a donné accès à des outils de jardinage et à un terrain de près de 100 mètres carrés dans le Parc Downsview.
Alors que les jours laissaient place aux semaines et que les graines se transformaient en récoltes, il est devenu évident pour le couple qu'ils faisaient quelque chose de bien. « Nous avons eu beaucoup de succès la première année », se souvient Jacqueline de son apprentissage de la culture à grande échelle. « Cela nous a motivés dans notre démarche. » Ils ont récolté plus de produits qu'ils n'en avaient eux-mêmes besoin et ont pu partager le reste de leurs récoltes avec leur communauté.
Cet esprit communautaire a incité Jacqueline et Noel à fonder le Toronto Black Farmers Collective en 2013. Cette nouvelle ferme prioriserait l'abordabilité et l'accessibilité des aliments, tout en mettant la communauté et leurs aliments traditionnels au premier plan. Le maïs, les haricots et les betteraves pousseraient désormais côte à côte avec le calalou, l'okra (gombo) et les piments Scotch Bonnet, des aliments communs à certaines cultures caribéennes. Puis, pendant que leur ferme urbaine se développait, le couple a également soutenu de nombreux nouveaux agriculteurs qui se sont aussi emparés de truelles pour apprendre à cultiver leurs propres aliments. Le projet de ferme urbaine axée sur la communauté était une réussite, mais Jacqueline et Noel voulaient aller encore plus loin.
Un collectif rassembleur
Ils ont alors réfléchi à comment le Toronto Black Farmers Collective pourrait sensibiliser les gens au rôle important que jouent les aliments traditionnels dans la vie d'une communauté. Résultat : ils ont cofondé un marché afro-caribéen, vendu leurs produits lors de festivals d'aliments culturels et développé un jardin pédagogique dans leur ferme urbaine. De plus, ils ont contribué à faire reculer les « déserts alimentaires » — c'est-à-dire les zones où les gens n'ont généralement pas accès à des aliments abordables et nutritifs — en organisant des marchés éphémères pour y vendre leurs produits.
Le couple travaille chaque jour à renforcer le lien entre l'alimentation et la culture. Ils veulent s'assurer que les membres de leur communauté ont non seulement accès à des aliments frais et sains, mais aussi à des aliments qui sont culturellement importants pour eux. Avec l'aide d'autres organisations et d'agriculteurs, ils utilisent le pouvoir des aliments pour donner aux communautés culturelles un sentiment d'appartenance au Canada. « Nous travaillons dur pour produire nos aliments, accroître nos connaissances et valoriser notre culture afin de ne pas perdre notre sens de l'identité », déclare fièrement Noel.
Jacqueline a parcouru un long chemin depuis sa première fraise. Avec le Toronto Black Farmers Collective, Noel et elle établissent un lien essentiel entre les gens et leur nourriture, en veillant à la santé et au bien-être de leurs communautés. Car, comme Jacqueline et Noel le savent très bien, les générations futures récolteront les fruits des graines que nous semons aujourd'hui.
Qu'est-ce qu'un aliment culturellement approprié?
Les aliments culturellement appropriés sont des aliments qui sont importants et significatifs pour une société ou un groupe social. La préparation et la consommation d'aliments contribuent également à leur pertinence culturelle et peuvent renforcer le lien entre un individu et sa communauté au sens large. Les avantages sont nombreux : régimes alimentaires plus sains, réduction du gaspillage alimentaire, plus grande sécurité alimentaire et préservation des traditions et du patrimoine culturel.