La famille Van Winden mise sur le travail d’équipe pour éliminer un ravageur nuisible dans son exploitation familiale multigénérationnelle
La production agricole exige souvent d’excellentes compétences en résolution de problèmes. Les propriétaires et les travailleurs de Delfland à Napierville, au Québec, le savent bien. Lorsqu’ils ont découvert qu’un insecte dévastateur menaçait une de leurs cultures, ils se sont tournés vers un groupe de chercheurs pour mettre leurs idées en commun et trouver une solution.
Au-delà de l’exploitation familiale
Delfland, une exploitation familiale, est à l’avant-garde de l’innovation agricole depuis de nombreuses années. Depuis 1984, elle est membre du Consortium PRISME, une association de producteurs de légumes et de professionnels de la recherche spécialisés dans l’élaboration et la mise en œuvre de bonnes pratiques agricoles (BPA).
Yvon Van Winden, copropriétaire de l’exploitation avec d’autres membres de la famille, agit à titre de mentor sur la ferme et est responsable de la collaboration avec le Consortium PRISME. « Chaque ferme travaille avec PRISME pour trouver des solutions à des problèmes particuliers », explique Yvon.
Une culture à risque et une solution possible
Par le passé, les propriétaires de Delfland ont collaboré avec le Consortium PRISME pour protéger leurs cultures d’oignons contre un ravageur à l’aide de mouches stériles. Cette tactique de lutte antiparasitaire a été observée par des membres du Consortium lors d’une visite en Hollande, aux Pays-Bas. Elle consiste à soumettre les mouches à un traitement à la lumière et à la radiation pour les stériliser. Les mâles stériles sont ensuite marqués et libérés dans les champs. Lorsqu’ils se reproduisent avec des mouches femelles fertiles, leurs larves deviennent également stériles, ce qui interrompt le cycle de reproduction du ravageur et l’empêche de détruire la prochaine culture.
Récemment, alors qu’un autre ravageur — la mouche du chou — menaçait les cultures de daïkon de la ferme, Yvon savait qu’il devait communiquer de nouveau avec le Consortium. PRISME réalisait à cette époque des recherches avec d’autres exploitations sur l’utilisation de mouches stériles pour protéger les cultures de la famille du chou. Le Consortium élevait les mouches et les vendait aux producteurs qui en avaient besoin. Il s’agissait d’un processus coûteux, mais les propriétaires de Delfland espéraient que cette solution fonctionnerait de nouveau, étant donné qu’ils avaient réussi à protéger leurs cultures d’oignons en utilisant des mouches stériles.
Les larves de la mouche du chou détruisent tout le système racinaire en creusant des tunnels, ce qui rend le légume racine (dans ce cas-ci, le daïkon) non comestible.
La lumière au bout du tunnel
Le projet nécessiterait beaucoup de temps et d’efforts : de trois à quatre saisons pour atteindre une efficacité optimale. Yvon savait que l’exploitation aurait besoin d’aide. Il s’est donc immédiatement tourné vers sa belle-sœur Lucie Leblanc, ancienne enseignante en agriculture douée en résolution de problèmes, pour obtenir un soutien agronomique. Elle est intervenue avec plaisir pour aider à sauver les cultures de daïkon de l’exploitation.
Lucie a commencé par étudier le cycle de vie des mouches, en faisant remarquer qu’il y avait trois « vagues » de couvées pendant la saison, chacune devenant progressivement plus petite. Grâce à un peu d’adaptation, Lucie était convaincue qu’il était possible de libérer des groupes de mouches stérilisées en tandem avec chaque vague, permettant seulement aux mouches stériles de se reproduire. Pour une protection accrue, Lucie a eu l’idée de couvrir les cultures avec des filets pour empêcher les mouches de s’échapper afin de réduire le risque que des mouches fertiles se reproduisent.
Les résultats ont été immédiats : les pertes de daïkon sont passées de 50 % à 3–4 % en une seule saison, et ont diminué de 90 % après quatre saisons. Grâce à cette technique, la ferme a également été en mesure de réduire de près de 80 % son utilisation de pesticides chimiques traditionnels, un avantage supplémentaire pour l’environnement. Comme le dit Lucie : « J’aimerais beaucoup que les gens des autres provinces connaissent cette technique de lutte antiparasitaire. Ce que nous avons appris pourrait aider d’autres fermes au Canada. »
Qu’est-ce que le daïkon?
Originaire de l’Asie de l’Est, le daïkon, ou radis blanc, est un légume racine tubulaire long et un aliment de base populaire dans de nombreux plats asiatiques. La culture de cette plante est bénéfique pour l’environnement puisque les plantes aident à ameublir les sols compactés et à récupérer les nutriments perdus.