Connaissances retrouvées

Kassandra Bird adopte les pratiques traditionnelles de cueillette pour renouer avec ses racines

Lorsque Kassandra Bird a perdu sa grand-mère, elle a eu peur d’avoir raté sa chance de se renseigner sur les plantes qui poussent à l’intérieur et aux alentours de la forêt boréale située près de sa communauté d’Air Ronge, dans le nord de la Saskatchewan. Mais Kassandra, ou « Kassy », a rapidement découvert qu’elle pouvait renouer avec sa culture et ses ancêtres d’une façon inattendue.

À la croisée des chemins

Kassy, une membre de la bande indienne de Lac La Ronge, est d’abord attirée par une carrière en menuiserie. Mais tout cela change lorsqu’elle voit son père partir à la recherche de plantes dans la forêt pour Boreal Heartland Herbal Products Ltd., une entreprise locale. Kassy, qui souhaite passer du temps à l’extérieur et gagner de l’argent pour aider sa famille, demande un jour à son père de l’accompagner au travail. Elle est loin de se douter qu’une simple journée la pousserait à changer ses plans de carrière.

« Toute ma vie, j’ignorais que ces plantes que je voyais en parcourant les sentiers étaient celles que j’utilisais et que j’infusais, a expliqué Kassy. Et elles sont délicieuses! » Les plantes peuvent être utilisées partout : dans les aliments et la nutrition comme dans la médecine et les soins de la peau. Elle se met donc à la recherche de plantes et, bientôt, commence à en récolter pour Boreal Heartland et à préparer du thé pour la boutique de l’entreprise.

Kassy est toutefois déterminée à poursuivre sa carrière en menuiserie. Elle quitte Boreal pour terminer sa 12e année et se prépare en vue de ses études en menuiserie. Alors qu’elle travaille sur sa demande d’admission, elle sent l’appel de la terre, comme s’il lui restait des choses à apprendre au sujet de la forêt de sa jeunesse.

Renouement des liens

Kassy termine ses études et soumet sa candidature pour la formation d’apprenti charpentier-menuisier. Mais son avenir à Air Ronge ne quitte pas ses pensées. Sa vocation se précise lorsqu’elle revoit Randy Johns, cofondateur et gestionnaire de Boreal Heartland. Randy, un agriculteur du sud de la Saskatchewan, est arrivé dans la région en 1978 et s’est instruit auprès d’amateurs et d’amatrices de plein air des Cris des bois qui possédaient beaucoup d’expérience. Il collabore avec la Keewatin Community Development Association pour mettre sur pied Boreal Heartland à titre d’entreprise appartenant à des Autochtones en 2017. L’entreprise vend alors des chanterelles et des thés préparés à l’aide d’ingrédients locaux récoltés. Sa mission comporte trois volets : célébrer l’habitat de la forêt boréale, fournir des emplois locaux et promouvoir les pratiques de cueillette durable.

Randy se souvient de Kassy. Il voit en elle l’avenir de l’entreprise et de la communauté. Il ne tarde pas à lui offrir un emploi à temps plein pour préparer des thés vendus partout au Canada.

Kassy saute sur l’occasion. Sa passion pour la forêt boréale n’avait pas du tout changé pendant la fin de ses études.

Elle apprend tout ce qu’elle peut au sujet de la cueillette durable de plantes. Par exemple, la « règle de trois » : il faut laisser le tiers des plantes pour les animaux, un autre tiers pour leur revitalisation, puis le dernier tiers peut être récolté aux fins de la consommation humaine.

Kassy devient rapidement une experte dans les plantes locales et les pratiques exemplaires en matière de récolte. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle reçoive une promotion et devienne gestionnaire de la production de thé. Elle fait des présentations aux membres de la communauté locale, recrute des cueilleurs et supervise la production de tous les thés, champignons et herbes de Boreal Heartland. Sa réputation grandit au même rythme que l’entreprise. En effet, les habitants du coin l’arrêtent souvent sur la rue pour lui demander de quelles plantes et quelles herbes elle a besoin.

Même si la menuiserie demeure une partie de sa vie, Kassy croit fermement qu’elle a découvert sa véritable vocation. La révélation des secrets des plantes qui la mystifiaient autrefois l’a rapprochée de ses ancêtres. « J’apprends tant de choses que mes grands-parents n’ont pas vraiment pu me montrer, explique-t-elle. C’est un des aspects qui m’apporte le plus de bonheur dans mon travail. Je ne pourrais pas imaginer un meilleur emploi. »

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