L’art de transformer les sous-produits animaux inutilisés en nouveaux produits
Ben Wiper a une compétence particulière. Cette habileté sous-estimée, mais particulièrement précieuse, il l’a développée au fil des divers emplois qui ont ponctué sa carrière. Ben est passé maître dans l’art de transformer. Que ce soit à titre de directeur général, directeur des finances ou consultant en TI, il a toujours accueilli positivement le changement. C’est ce point de vue bien personnel qui lui a donné la capacité de voir le potentiel dans ce que nous cherchons tous à ignorer : les déchets.
Un marché non exploité
Même si les entreprises agricoles et agro-alimentaires canadiennes s’efforcent de réduire les déchets autant que possible, la tâche s’avère parfois difficile. Les déchets d’origine animale, comme les os et le suif (la graisse des animaux), sont souvent considérés comme des sous-produits inutilisables, et ils sont difficiles à éliminer de façon sécuritaire.
Ben l’a constaté au moment de s’associer à une entreprise de transformation du poisson à Terre-Neuve-et-Labrador. Le recyclage des déchets constituait une solution, mais Ben avait le sentiment qu’on pouvait faire mieux.
Et qu’est-ce qui est préférable au simple recyclage des déchets? Le suprarecyclage! « Il y avait beaucoup de matières non utilisées, se rappelle Ben lorsqu’il parle de son passage dans cette entreprise. Je souhaitais trouver une façon de réutiliser les matières pour en faire des produits commercialisables. »
Puisqu’il avait porté bien des chapeaux au cours de sa carrière, Ben n’a eu aucune difficulté à apprendre et à s’adapter. Sa nouvelle passion pour la valorisation des déchets l’a incité à quitter son emploi pour démarrer sa propre entreprise. Il a ainsi ajouté deux nouvelles cordes à son arc, soit celles de fondateur et de président-directeur général.
Pas de gaspillage, pas de pénurie
En 2017, Ben fonde donc l’entreprise 3F Waste Recovery. Il s’attaque d’abord au poisson puis inclut rapidement le bétail et la foresterie. Avec son équipe, il trouve des façons innovantes de suprarecycler les sous-produits d’animaux et de poissons rejetés par l’agriculture et la pêche. L’entreprise utilise les sous-produits de façon efficace et judicieuse, par exemple en extrayant la lanoline (graisse) de la laine de mouton inutilisable pour fabriquer des produits de soins personnels, puis en utilisant les restants pour en faire un produit isolant. D’autres produits sont également suprarecyclés, dont le suif, transformé en savon, ou le fumier, transformé en compost.
Et 3F Waste Recovery ne s’arrête pas là! Ben s’intéresse de plus en plus aux engrais et prévoit enrichir les additifs de sol en y ajoutant de la farine d’os (os d’animaux finement broyés). « Cela équivaut à optimiser le sol en temps réel, affirme-t-il. En apprenant à mieux réguler la santé des végétaux, nous changerons la donne. »
Il est parfois difficile de voir dans les déchets autre chose qu’une nuisance, et il est facile de ne plus s’en occuper une fois que ces déchets sont à la poubelle. Mais Ben et son équipe voient leur potentiel et donnent une nouvelle vie à ce qui semble inutilisable. C’est un changement de mentalité qui est essentiel pour notre environnement, et c’est grâce à des esprits innovants comme celui de Ben qu’il sera possible de transformer de façon plus écologique dans le futur.
Qu’est-ce que le suprarecyclage?
Transformation suprême, le suprarecyclage permet de convertir un déchet apparemment inutilisable en nouveau produit, parfois de meilleure qualité.