Bilan du Laboratoire vivant – Québec 2020-2023

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L’heure du bilan a sonné. Voici les résultats du projet Laboratoire vivant – Québec 2020-2023, mené par l’Union des producteurs agricoles, qui s’est conclu avec succès.

Un bref récapitulatif du projet

Le projet Laboratoire vivant – Québec s’inscrivait dans le cadre de l’Initiative des laboratoires vivants (2018-2023). L’objectif était d’appliquer une approche d’innovation agricole de type « laboratoire vivant » dans la région du lac Saint-Pierre, un élargissement du fleuve St-Laurent, situé entre les municipalités de Sorel-Tracy et de Trois-Rivières. Mené par l’Union des producteurs agricoles, le Laboratoire vivant – Québec a été réalisé en collaboration avec Agriculture et Agroalimentaire Canada ainsi que plusieurs autres partenaires de la région.

Les producteurs agricoles, les chercheurs, les communautés autochtones et d’autres partenaires du milieu (voir la liste des collaborateurs ci-dessous) ont ainsi collaboré de façon étroite en situation réelle de production afin d’innover, de partager les connaissances et de codévelopper des pratiques permettant d’atténuer les impacts environnementaux liés à l’agriculture. Ils se sont concentrés principalement sur la santé des cours d’eau, la santé et la fertilité des sols et sur la biodiversité en milieux agricoles.

Le succès de cette nouvelle méthode en innovation agricole se trouve dans les liens rapprochés entre la science et la réalité des producteurs et de leur communauté puisque les travaux sont menés directement à la ferme lorsque possible et approprié. Cette association favorise l’innovation et l’adoption rapide de pratiques de gestion bénéfiques et elle permet de mieux cibler la recherche scientifique et le partage de technologies agricoles bénéfiques.

Des méthodes de travail innovantes

Plusieurs bons coups ont le mérite d’être soulignés, comme la mise en place de méthodes de travail innovantes. À titre d’exemple, la création de cellules d’innovation thématiques, c’est-à-dire de sous-groupes de producteurs, de chercheurs et d’autres partenaires au sein du projet, a favorisé l’exploration approfondie de cinq grands thèmes :

  1. Gestion des sols et des fertilisants
  2. Aménagement de bandes riveraines
  3. Alimentation et gestion des effluents d’élevages
  4. Gestion des cours d’eau
  5. Maintien et réintroduction d’espèces végétales clés pour la Nation W8banaki

Cette subdivision en cellules a permis de concevoir des ateliers plus spécifiques et a facilité l’innovation, la cocréation, les échanges sur les expériences vécues et le partage des résultats et des connaissances acquises.

La préparation de rapports individuels personnalisés pour les producteurs a, quant à elle, permis à plus d’une quarantaine de producteurs et de conseillers agricoles d’approfondir leurs connaissances ou de se familiariser avec certaines pratiques de gestion bénéfiques comme les cultures de couverture, la réduction des apports de fertilisants, les bandes riveraines et leur impact sur la biodiversité et la gestion de l’eau par le contrôle de la nappe et le bassin de rétention. Cette approche personnalisée a été grandement appréciée par les producteurs agricoles.

De plus, l’embauche d’un spécialiste en innovation ouverte, au départ du projet, a été un élément crucial. Cet expert a aidé l’équipe de coordination et les participants à bâtir un environnement de travail cocréatif pour soutenir des activités innovantes et collaboratives et pour mener des ateliers de codéveloppement efficaces. En somme, la collaboration entre tous les membres du projet de laboratoire vivant et les organismes régionaux a permis la réalisation de plus d’une vingtaine d’études à la ferme. Les travaux ont donc été très fructueux.

Des constats clairs et d’autres à approfondir

Les chercheurs projet Laboratoire vivant – Québec ont fait plusieurs constatations. La première est liée aux bandes riveraines, qui sont des zones de végétation le long des rivières ou des ruisseaux qui sont souvent riches en diversité microbienne, entomologique (pollinisateurs) et aviaire (oiseaux). Trois types de bandes riveraines ont été étudiés :

  • la bande riveraine herbacée, composée de graminées, de plantes mellifères et d’autres plantes de faible croissance;
  • la bande riveraine arbustive, souvent composée d’un mélange d’arbustes et de plantes herbacées;
  • la bande riveraine arborée, composée d’arbres, d’arbustes et de plantes herbacées.

Quelle que soit la végétation présente dans les bandes riveraines, les chercheurs ont constaté que la biodiversité des pollinisateurs était élevée, avec une moyenne de 21 espèces par type de bande riveraine. Bien que variant fortement d’une année à l’autre, la diversité globale des espèces de pollinisateurs présentes dans les bandes était équivalente, mais la composition réelle des espèces différait d’un type à l’autre. La grande majorité des pollinisateurs trouvés étaient indigènes, ce qui signifie qu’ils sont bien adaptés pour la pollinisation des plantes indigènes et qu’ils peuvent avoir des incidences positives sur la communauté. Le type de végétation établi dans les bandes influence également la séquestration du carbone, qui est plus rapide à court terme dans les prairies et plus progressive dans les arbustes et les arbres.

Une deuxième constatation concerne les cultures de couverture, qui ont le potentiel de fournir de l’azote à la culture suivante et d’améliorer la santé du sol. Pour les trois sites évalués en 2022, l’utilisation de cultures de couverture a permis de réduire la dose d’azote optimale pour la production de maïs grain de 36 kg à 8 kg par hectare. Sur le site où la contribution de l’azote était la plus élevée, la libération est devenue plus importante entre le début et la mi-juillet, ce qui suggère une libération plus tardive de l’azote que ce qui était initialement prévu avec les cultures de couverture. Il a également été constaté que les cultures de couverture et les cultures intercalaires dans le maïs augmentaient la stabilité du sol et sa résistance à l’érosion et réduisaient le compactage du sol, améliorant ainsi la circulation de l’eau et de l’air et les conditions de croissance des racines. Les sols couverts de cultures contiennent également plus d’enzymes réduisant l’oxyde nitreux, un puissant gaz à effet de serre, ce qui indique que les cultures de couverture peuvent réduire le potentiel d’émission d’oxyde nitreux des sols agricoles.

Dans le cadre du projet Laboratoire vivant - Québec, un site agroforestier établi en 2012 a été échantillonné à l’automne 2021 par des scientifiques d’Agriculture et Agroalimentaire Canada afin de déterminer le taux de séquestration du carbone et la qualité du sol. Les résultats ont montré que le taux de séquestration du carbone était particulièrement élevé au cours des 10 premières années suivant l’établissement d’une parcelle agroforestière. En effet, la parcelle agroforestière a accumulé 1,3 tonne de carbone par hectare et par an de plus que la parcelle témoin (sans arbres) dans les 20 premiers centimètres du sol. La diversité de champignons qui colonisent les racines a également augmenté dans la parcelle agroforestière par rapport au champ témoin dépourvu d’arbres, ce qui est positif parce que cela facilite l’absorption des nutriments par la culture.

Les chercheurs ont également établi que la biométhanisation du lisier à l’aide de la technologie à basse température mise au point par Agriculture et Agroalimentaire Canada était possible et pouvait donc être utilisée pour produire de la bioénergie, tout en ayant le potentiel de réduire les émissions de gaz à effet de serre à la ferme.

Enfin, une enquête socioéconomique chez les producteurs de la région du lac Saint-Pierre a permis de relever que les principaux incitatifs à l’adoption de pratiques bénéfiques pour l’environnement sont :

  • de prendre soin de l’environnement;
  • de se conformer aux règlements;
  • d’améliorer la qualité du sol et de l’eau;
  • de s’adapter aux changements climatiques;
  • d’accroître la rentabilité de la ferme.

D’un autre côté, les principales barrières sont l’impression d’un manque d’appui financier, le risque de réduction des rendements agricoles et les coûts initiaux élevés.

L’aventure se poursuit

L’Initiative des laboratoires vivants 2018-2023 a été une réussite telle qu’Agriculture et Agroalimentaire Canada a décidé de poursuivre son soutien financier en mettant en place 14 nouveaux projets de laboratoires vivants partout au pays dans le cadre du programme Solutions agricole pour le climat — Laboratoires vivants lancé en 2021. Depuis, le Québec a démarré deux nouveaux projets soit le projet Laboratoire vivant – Lait carboneutre avec les Producteurs de lait du Québec et le projet Laboratoire vivant – Racines d’avenir avec l’Union des producteurs agricoles. Ces deux projets permettront de poursuivre les méthodes initiées dans le projet Laboratoire vivant – Québec et de contribuer aux efforts pour développer les innovations qui vont séquestrer et stocker le carbone et réduire les émissions de gaz à effet de serre, dans une optique de lutte contre les changements climatiques.

« Les bénéfices de l’approche des laboratoires vivants ont été démontrés grâce aux retombées positives des premiers projets de laboratoires vivants au pays. Mes collègues chercheurs et moi-même sommes engagés à perpétuer le concept de laboratoire vivant avec deux nouveaux projets au Québec. C'est tout le secteur agricole qui bénéficie des découvertes innovantes des producteurs agricoles et des scientifiques impliqués dans ces projets. »

– Georges Thériault, coordonnateur scientifique des Laboratoires vivants-Québec, Agriculture et Agroalimentaire Canada

« L’approche des laboratoires vivants permet de valoriser l’expertise des producteurs et productrices agricoles au même titre que celle d’autres experts. C’est gagnant à long terme pour pérenniser l’adoption de pratiques agricoles innovantes avec des impacts positifs pour les entreprises agricoles et l’environnement. »

– Chantal Foulds, coordonnatrice du projet pour l’Union des producteurs agricoles

Identification des trois lieux analysés dans la région du lac Saint-Pierre, situé entre les municipalités de Sorel-Tracy et de Trois-Rivières.

Collaborateurs

  • Agriculture et Agroalimentaire Canada
  • Producteurs participants des trois bassins versants
  • Confédération de l'Union des producteurs agricoles du Québec (Collaborateur principal)
  • Canards Illimités Canada
  • Conservation de la nature Canada
  • Fédération régionale de l'UPA-Montérégie
  • Fédération régionale de l'UPA-Centre-du-Québec
  • Fédération régionale de l'UPA-Mauricie
  • Fédération régionale de l'UPA-Lanaudière
  • Fondation de la faune du Québec
  • Environnement et Changements Climatiques Canada
  • L'organisme de bassin versant AGIR-Maskinongé
  • Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec
  • Ministère de l'Environnement et de la Lutte aux Changements Climatiques du Québec
  • Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec
  • Nation Waban-Aki
  • Pêches et Océans Canada
  • Ressources Naturelles Canada
  • Université du Québec à Trois-Rivières
  • Université Laval
  • Université McGill

Galerie de photos

Deux chercheures qui prélèvent des échantillons dans un étang.

Deux chercheures en action sur le terrain qui prélèvent des échantillons et des données.

Des scientifiques d’Agriculture et Agroalimentaire Canada s’adressent à des producteurs et des partenaires

Les scientifiques (Etienne Lord, Jean-Philippe Parent et Jacynthe Masse), les producteurs et les partenaires se rencontrent périodiquement pour échanger leurs idées et apprendre de chacun.

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