L’exportation vers le Vietnam : guide à l’intention des entreprises canadiennes

Résumé

L’exportation vers le Vietnam : guide à l’intention des entreprises canadiennes (le Guide) est une ressource pancanadienne destinée à guider les petites et moyennes entreprises (PME) du secteur agroalimentaire sur la façon d’exporter au Vietnam et de tirer parti des avantages de l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP). Il permet de savoir où se trouvent les débouchés et fournit des renseignements sur ce que les entreprises canadiennes doivent prendre en considération avant d’exporter, y compris les étapes qu’elles doivent franchir avant d’entrer sur le marché. Le guide comprend une liste de vérification sommaire permettant aux entreprises de « cocher » leurs tâches de préparation au marché.

Le guide s’adresse principalement aux entreprises qui ont une expérience préalable de l’exportation de produits agricoles et agroalimentaires du Canada et qui ont déjà entrepris une étude de marché suffisante pour déterminer que le Vietnam est une destination d’exportation viable.

La croissance rapide du marché vietnamien, conjuguée à l’accès amélioré au marché dans le cadre de l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP), offre des débouchés intéressants aux exportateurs canadiens de produits agroalimentaires. La population du pays est estimée à 98,5 millions d’habitants en 2021, dont plus de 45 % sont âgés de 25 à 54 ans. La classe moyenne vietnamienne, qui a été classée en 2021 au septième rang mondial pour sa croissance, devrait atteindre 23,2 millions de personnes d’ici 2030. Ces groupes de consommateurs représentent un groupe démographique important pour la consommation de produits alimentaires et de boissons.

Par rapport à l’Occident, les consommateurs vietnamiens mangent plus souvent au restaurant et leur régime alimentaire se compose principalement de riz et de nouilles de riz, d’herbes fraîches, de fruits et légumes, de tofu, de viande et de poissons et fruits de mer. Les fruits locaux comprennent les ananas, les noix de coco, les bananes, les longanes, les litchis, les mangues, les ramboutans et d’autres fruits tropicaux. Les aliments d’origine animale représentent près de 20 % des protéines totales consommées au Vietnam. Les protéines animales les plus courantes sont le porc, la volaille et les poissons et fruits de mer. Bien que la consommation de viande bovine soit relativement faible en raison de son prix élevé, elle augmente en même temps que la richesse. De même, la consommation de lait, bien que relativement faible par rapport à la consommation moyenne de lait en Asie, est en augmentation.

Les habitudes alimentaires des Vietnamiens ont évolué au cours des deux dernières décennies, sous l’effet de la croissance économique du pays et d’une plus grande exposition à la nourriture occidentale. Les modes de vie trépidants et stressants ont entraîné une augmentation des ventes de confiseries, de collations et de produits de malbouffe. Cela dit, la sensibilisation croissante aux risques pour la santé stimule la demande de produits alimentaires sains, et les consommateurs sont prêts à dépenser davantage pour des produits alimentaires biologiques et naturels. Les consommateurs préfèrent de plus en plus les fruits et légumes biologiques et sans pesticides, et on constate une demande croissante de fruits importés. La pandémie de Covid 19 a également intensifié l’attention portée à la santé et au bien-être, avec une demande particulièrement croissante de produits sûrs, hygiéniques et destinés à renforcer l’immunité.

Si les entreprises locales dominent toujours le marché des aliments et boissons emballés, les acteurs étrangers ont réussi à accroître leur présence en proposant des produits de qualité et en établissant des relations solides. Selon Statista, la valeur totale des ventes au détail de produits alimentaires et de boissons était estimée à 54,9 milliards USD en 2021, soit une contribution représentant près de 16 % du PIB du pays. Fitch Solutions estime qu’un ménage vietnamien moyen consacrera 20,8 % de son budget total à l’alimentation en 2025.

La plupart des produits destinés à la consommation atteignent les rayons des chaînes alimentaires de détail par l’intermédiaire d’importateurs/distributeurs. Les principaux canaux de vente sont le commerce de détail traditionnel, le commerce de détail moderne, la restauration et le commerce électronique. Le commerce traditionnel, qui comprend les marchés traditionnels de produits frais et les petites boutiques familiales, représente le canal le plus important au Vietnam, tant sur le plan du nombre de points de vente que de la valeur des ventes. Les chaînes modernes d’hypermarchés et de supermarchés ne cessent d’accroître leur part de marché. Les plateformes de commerce électronique sont également en plein essor au Vietnam, et la pandémie a encore accéléré la croissance de ce secteur. Selon Statista, les recettes du commerce électronique pour le segment de l’alimentation et des boissons devraient croître à un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 34,8 %, passant de 642 millions USD en 2020 à 2,9 milliards USD en 2025.

Le Vietnam possède également l’une des industries d’alimentation animale les plus développées de la région, et les intrants destinés à ce secteur constituent une part importante des importations agricoles.

Conformément à la demande croissante du marché, les importations agroalimentaires totales du Vietnam ont augmenté pour atteindre un TCAC de 7,4 % entre 2016 et 2020. Les importations en provenance du Canada ont augmenté à un TCAC de 29,2 %, ce qui indique une pénétration croissante des produits agroalimentaires canadiens sur le marché. Toutefois, un important potentiel de croissance reste à exploiter. Les exportateurs canadiens ont fait les plus grandes percées sur le marché de la viande au Vietnam, les importations de porc et de bœuf ayant été multipliées par 5,8 et 4,4 respectivement en 2020. Les importations de ces deux produits ont été stimulées par le PTPGP. En ce qui concerne les fruits de mer, les crabes et les homards sont les principaux produits de la mer exportés par le Canada. Le Canada est également devenu le quatrième fournisseur de blé du pays (9 % de la valeur des importations).

Le PTPGP, qui a été signé en 2018, a amélioré l’accès au marché pour les exportateurs canadiens qui souhaitent exporter au Vietnam. Une fois l’Accord pleinement mis en œuvre, le Canada bénéficiera d’un accès en franchise de droits au Vietnam pour 94 % de ses exportations de produits agricoles et agroalimentaires. Cela permettra au Canada d’égaliser les chances avec ses concurrents régionaux qui bénéficient déjà d’un accès privilégié au marché vietnamien grâce à des accords de libre-échange (ALE).

Les entreprises doivent respecter les règles d’origine qui définissent la proportion de la production qui doit avoir lieu au Canada ou dans un autre pays du PTPGP pour que leurs produits puissent être admissibles au traitement tarifaire préférentiel en vertu du PTPGP.

Il est conseillé aux exportateurs canadiens qui cherchent à tirer parti de ces débouchés de procéder à une évaluation préliminaire du marché vietnamien et de choisir un modèle commercial approprié (ventes directes ou par l’intermédiaire d’un partenaire de distribution). Les exportateurs peuvent ensuite préparer un plan de marché détaillé, comprenant le positionnement des produits, la stratégie de prix, la stratégie de distribution, les plans de promotion, les considérations logistiques et les besoins en financement.

Par la suite, des réunions peuvent être organisées avec des partenaires ou des clients locaux. La participation à des salons professionnels consacrés à l’alimentation et aux boissons permet également de nouer des contacts.

Une fois les accords commerciaux conclus et avant d’entamer les exportations, les exportateurs canadiens devront comprendre les exigences d’importation détaillées applicables à leur(s) produit(s) et accomplir les procédures de préexportation, telles que la demande d’ajout d’un établissement à la liste approuvée pour l’exportation de denrées alimentaires d’origine animale vers le Vietnam, l’enregistrement des produits alimentaires et l’assurance que les étiquettes sont conformes aux exigences locales. Les partenaires de distribution locaux au Vietnam aident généralement à satisfaire à certaines exigences réglementaires, telles que l’enregistrement des produits alimentaires.

Les lois générales et les exigences réglementaires relatives à la vente de produits agricoles et agroalimentaires au Vietnam comprennent la législation sur la salubrité des aliments, l’inspection des aliments, l’enregistrement des produits, les exigences en matière d’étiquetage et l’annonce de la conformité (pour obtenir la déclaration du certificat de conformité). Le gouvernement vietnamien exige que les produits alimentaires possèdent des certificats d’exportation, tels qu’un certificat de vente libre, un certificat d’analyse, etc. avant d’être importés au Vietnam. En outre, il existe des exigences de conformité pour certaines catégories de produits, telles que la mise en quarantaine des plantes, des animaux terrestres et aquatiques importés et leurs produits dérivés, ainsi que la mise en quarantaine et l’inspection de la qualité des aliments pour animaux et pour aquaculture importés à base d’animaux. Tous les aliments transformés importés doivent être enregistrés (autodéclarés) avant de pouvoir circuler au Vietnam, et les additifs et compléments alimentaires doivent être conformes aux réglementations techniques nationales. Enfin, il est recommandé aux entreprises canadiennes de consulter les bureaux juridiques locaux pour obtenir la liste complète des lois et règlements qui peuvent s’appliquer aux produits agricoles et agroalimentaires avant d’exporter ces produits au Vietnam.

Après avoir obtenu des commandes, selon le modèle commercial, les exportateurs peuvent prendre des dispositions pour l’expédition et envisager de faire appel à des transitaires et à des courtiers en douane pour les aider, le cas échéant. L’expédition par voie maritime est la méthode d’expédition la plus courante pour les produits qui ne nécessitent pas une livraison rapide, car elle est la plus économique. Si le vendeur vend ses produits par l’intermédiaire d’un distributeur ou d’un importateur au Vietnam, les incoterms dépendront de l’accord entre les deux Parties. Pour les exportateurs canadiens novices sur le marché, la voie recommandée est celle du FOB (franco bord), où l’acheteur (le distributeur local dans ce cas) prend en charge tous les coûts et risques ultérieurs une fois que les marchandises sont à bord dans le pays d’origine. En ce qui concerne les paiements, il existe plusieurs techniques courantes pour payer les factures dans le cadre du commerce international : avances de fonds, lettre de crédit, crédit documentaire, recouvrement d’effets et compte ouvert.

Les exportateurs doivent également se tenir au courant des dernières tendances du marché vietnamien et il leur est conseillé de s’adresser à d’autres exportateurs canadiens qui ont réussi à pénétrer ce marché. Les exportateurs canadiens peuvent demander l’aide d’organismes appropriés, tels que le Service des délégués commerciaux du Canada (SDC), pour réaliser des études de marché, établir un plan d’entrée sur le marché et trouver des distributeurs et des clients potentiels.